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sion non interrompue; mais chaque siècle a diminué le dépôt précieux, et c'est à peine si l'on en peut deviner la richesse originelle lorsqu'on voit la misère des derniers légataires.

Voici quelques-uns des sujets peints dans le vestibule par lequel on entre sous la tour qui occupe le centre de la façade occidentale de l'église.

OUVERTURE DU PUITS DE L'ABIME. Apoc. IX, 1-10.

Les compositions de l'Apocalypse peintes dans le vestibule se suivent dans l'ordre suivant: 1° paroi nord (à gauche en entrant dans l'église), compartiment supérieur; 2o paroi sud, compartiment supérieur; 3° paroi nord, compartiment inférieur; 4° paroi sud, compartiment inférieur.

1. « Et quintus angelus tuba cecinit, et vidi stellam de cœlo «< cecidisse in terram, et data est ei clavis putei abyssi. »

2. «< Et aperuit puteum abyssi, et ascendit fumus putei « sicut fumus fornacis magnæ; et obscuratus est sol et aer de « fumo putei. »

3. « Et de fumo putei exierunt locustæ in terram, et data « est illis potestas sicut habent potestatem scorpiones terræ. » 7. Et similitudines locustarum similes equis paratis in prælium; et super capita earum tanquam comæ similes « auro, et facies earum tanquam facies hominum. »

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8. « Et habebant capillos sicut capillos mulierum ; et dentes << earum sicut dentes leonum erant. »

9. Et habebant loricas sicut loricas ferreas; et vox alarum <«<earum erat sicut vox curruum equorum multorum curren«tium in bellum. »

10. « Et habebant caudas similes scorpionum, et aculei <«<erant in caudis earum ; et potestas earum nocere hominibus « mensibus quinque. »

Le peintre s'est conformé fort exactement à la description

du puits de l'abîme. Leurs cuirasses sont à écailles : il me.

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semble qu'un peintre du Nord, au XI. ou XII. siècle, leur aurait donné une armure de mailles. Ces écailles, à mon avis, sont encore un souvenir antique. La sortie impétueuse de ces monstres, et la confusion de la foule qu'ils renversent sous leurs pieds, sont exprimées avec énergie. Je ne puis m'empêcher de remarquer que le peintre évite le laid. Assurément, au XIIe siècle, un artiste de notre pays aurait donné à ces fantômes les têtes les plus hideuses que son imagination eût pu lui suggérer; ici, au contraire, ils ne sont que terribles. N'y a-t-il pas là encore quelques traces de cet art grec si amoureux du beau, qu'il représentait Méduse même comme une vierge d'une noblesse idéale?

L'ange qui ouvre le puits de l'abîme tient de la main droite un objet qu'il n'est pas facile de déterminer : cela ressemble à une scie ou à une palme: je voudrais y voir un oliphant ou une trompette. Peut-être quelque ornement peint sur l'oliphant lui donne-t-il cette apparence dentelée qui, autrement, me semble inexplicable.

Le couvercle du puits, appuyé sur sa margelle, ressemble parfaitement à un bouclier, tel que celui qu'on verra tout à l'heure dans le combat de saint Michel et du dragon. La forme en serait singulière pour couvrir un puits. Peut-être, dans l'idée de l'artiste, dans la tradition populaire, le puits de l'abîme était-il fermé par un bouclier, ou bien encore est-ce un effet de perspective que le peintre aurait voulu rendre, fort malheureusement sans doute.

DÉLIVRANCE DES QUATRE ANGES LIÉS DANS L'EUPHRATE. Apoc. IX, 14-17.

Je présente ici l'explication qui me paraît la plus naturelle; l'état déplorable de cette fresque permet peut-être d'autres interprétations je les indiquerai plus bas.

14. ... «<

Audivi vocem dicentem sexto angelo qui habebat

<< tubam: Solve quatuor angelos qui alligati sunt in flumine « magno Euphrate.

15. « Et soluti sunt quatuor angeli qui parati erant in << horam et diem, et mensem et annum, ut occiderent ter«tiam partem hominum. »>

16. Et numerus equestris exercitus vicies millies dena << millia. Et audivi numerum eorum. »

17. « Et ita vidi equos in visione: et qui sedebant super « eos habebant loricas igneas et hyacinthinas et sulphureas: et capita equorum erant tanquam capita leonum; et de ore eorum procedit ignis et fumus et sulphur. >>

On remarquera que les anges paraissent être dans une rivière, au moins leurs pieds sont sur un fond d'une autre couleur que le fond général du tableau. Leur mouvement conviendrait assez à celui de captifs qu'on va délier, mais aujourd'hui les chaînes sont devenues invisibles. Cependant M. Denuelle, qui a dessiné cette composition par un très-beau jour, avait cru voir des chaînes attachées à leurs mains. Cette fresque est si altérée, que tous les dessins qu'on en ferait présenteraient des variantes de détail. Il faut non-seulement voir, mais interpréter ce qu'on voit, pour le rendre intelligible dans une copie. L'heure du jour, du soleil, ou un temps couvert, changent complètement l'apparence de quelques détails importants pour l'intelligence du sujet.

Au-dessus des cavaliers, dans une gloire, paraît une espèce d'autel, et tout près quelque chose de rouge, qui probablement est une figure placée sous l'autel. Plusieurs personnes, qui ont vu cette fresque à une époque où elle était moins endommagée, m'ont assuré qu'elles avaient reconnu une figure de saint, nimbée, sortant à mi-corps de sous l'autel. Peut-être alors se rapporterait-elle aux versets 9 et 10 du chapitre vi de l'Apocalypse:

9. Et cum aperuisset sigillum quintum, vidi subtus altare

timonium quod habebant. »

⚫ animas interfectorum propter verbum Dei, et propter tes

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