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elle est presque de grandeur naturelle, et les draperies

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sont mieux traitées que dans beaucoup de statues de l'époque: on lit au pied de cette statue l'inscription suivante, en caractères du temps:

IN GREMIO MATRIS RESIDET SAPIENTIA PATRIS.

Elle était dans l'origine au-dessus de la porte de l'église N.-D. A droite, on y avait représenté, d'après M. Blaud, l'avertissement donné par un ange à St.-Joseph, de mener l'enfant Jésus et la Vierge en Egypte, avec cette inscription:

DUCIT IN EGYPTUM JOSEPH CUM VIRGINE CHRISTUM.

A gauche se trouvait l'adoration des mages avec ce vers:

NUTU DIVINO, DANT TRES, TRIA MUNERA TRINO. Les églises de Beaucaire n'offrent guère d'intérêt, et je ne m'arrête point à les décrire.

Château. Le château de Beaucaire assis sur un rocher qui

domine le cours du Rhône, offre des remparts considérables et assez bien conservés. De l'esplanade la vue s'étend au loin sur le cours du fleuve, et l'on jouit d'un magnifique spectacle quand un beau soleil couchant se réflétant dans les ondes, donne une teinte cuivrée aux écailles scintillantes de ce serpent gigantesque sur lequel glissent perpétuellement les navires; il n'est pas jusqu'à la fumée noire des paquebots qui ne produise son effet par le voile qu'elle jette çà et là sur les détails de cet imposant paysage.

Après avoir franchi la porte par laquelle on entre dans la seconde enceinte, on trouve une chapelle romane, surmontée d'un clocher carré : une croix grecque

occupe le centre du tympan de la
porte d'entrée, les sculptures de l'ar-
chivolte sont assez élégantes, je les ai
dessinées. La partie du château qui
avoisine cette chapelle paraît plus an-
cienne que le reste: on y voit l'appareil
en bossage. La tour triangulaire, à ma-
chicoulis, qui domine l'un des points
les plus escarpés du rocher vers le-
Rhône, et dont voici un croquis, peut
dater du XIV. siècle : les crénaux
couronnant les murs suivent les pentes

en s'élevant parfois comme les marches d'un escalier.
Les crénaux sont
eux-mêmes échan-
crés ou taillés en

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croix.

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Il y aurait beaucoup d'études à faire sur la distribution. du château pris dans son ensemble, mais il faudrait pour cela un plan que je n'ai point, et je me borne à recommander l'étude de ce monument militaire à ceux qui pourront le visiter.

Tarascon. Le château du roi René, bàti sur la rive gauche du Rhône, invite le voyageur à passer de Beaucaire à Tarascon un beau pont en fil de fer réunit ces deux villes, et le trajet est des plus faciles.

Le château de Tarascon, construit avec beaucoup de soin et en très-belles pierres, est couronné de machicoulis trèsallongés; les tours en sont la plupart carrées, quelquesunes rondes: il renferme une jolie chapelle. On peut dire que dans le Midi de la France l'architecture militaire avait pris un développement remarquable. Un grand nombre de châteaux de cette contrée se distinguent par la beauté de leur appareil et l'ampleur de leur masse Le château de Tarascon confirme cette observation: elle n'aura pas échappé aux voyageurs qui ont parcouru les diverses provinces de la France.

Eglise Sainte-Marthe. L'église de Ste.-Marthe à Tarascon, sans contredit l'une des plus intéressantes du Midi de la France, fut achevée en 1197, et consacrée par Imbert d'Aiguères, archevêque d'Arles, assisté de Rostang de Marguerie, évêque d'Avignon, le dimanche 1. jour du mois de juin. Une inscription du temps, surmontée de trois petits bas-reliefs, le tout gravé sur une table de marbre incrustée dans le mur du portail, atteste ce fait. Le fac-simile de cette inscription que je pré

DIGITI NOVIES SEPT CU MILLE RE
LAPSISANO POSTREMO NOBIS: PA
GET OSPITA:XPIMILLE:DUCET IS
GRASACGIS MINUS: AT TRIBUSAN
NIS:IMBERGUS:PRESI L:ROSTAG
NO: PRESISLE SECUM:INPRIMA
IUNII:CONSECRAG: ECCLESIAM

sente a été fait d'après l'estampage que j'ai pris moi-même : on peut facilement y lire ce qui suit:

VIGENTI NOVIES SEPTEM; CUM MILLE ; RE
LAPSIS ANNO POSTREMO NOBIS PA
TET OSPITA CHRISTI MILLE DUCENTIS
TRANSACTIS NIMUS ET TRIBUS AN

NIS IMBERTUS PRESUL ROSTAG
NO PRESULE SECUM IN PRIMA

JUNII: CONSECRAT

ECCLESIAM

C'est-à-dire Neuf vingt ans sept avec mille s'étant écoulés (année 1187) vers la fin de cette année nous est manifesté (le corps de S.-Marthe) hotesse de J.-C. mille deux cents moins trois ans s'étant écoulés (depuis l'incarnation) le prélat Imbert accompagné du prélat Rostang, consacre l'église le 1. juin.

Les bas-reliefs dont je viens de parler se rapportent aux faits consignés dans cette inscription.

Une légende, respectable sans doute, mais qui aurait besoin de preuves historiques, rapporte que sainte Marthe vint prêcher l'évangile à Tarascon, et qu'elle y fut inhumée. Or, d'après l'opinion commune, les restes de sainte Marthe avaient été enfouis profondément dans l'église basse, pour les soustraire aux profanations des Sarrazins qui, dès le VIII. siècle, inondèrent plusieurs fois la Provence: ces reliques demeurèrent dans le même lieu jusqu'en 1187 qu'on en fit l'élévation solennelle (1). Imbert d'Aiguerres, archevêque d'Arles, se transporta à Tarascon pour faire l'examen des reliques, comme le prouve l'inscription que je viens de pré

senter.

Le premier bas-relief représente cette cérémonie on y voit le corps de sainte Marthe couché sur un sarcophage ou sur

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une table à deux supports; l'archevêque tient d'une main la crosse, de l'autre, la tablette de marbre trouvée avec les reliques et attestant leur identité. Deux figures sont placées à droite et à gauche. L'auteur de la Notice sur l'église Ste.Marthe, notice d'ailleurs fort intéressante, pense que ce sont les ecclésiastiques de l'église qui invitent le prélat à faire

(1) Notice sur l'église Ste.-Marthe de Tarascon, par M. F***.

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