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réunit tous en un seul jour. Ils débutèrent par une chasse ; après que les animaux eurent été tués, il fit spontanément introduire les eaux pour représenter un combat naval, après lequel, l'eau étant de nouveau expulsée, on vit un combat de gladiateurs qui furent eux-mêmes engloutis par les eaux au moment où le combat était le plus vivement engagé (1). Cette fête se termina par un somptueux banquet offert à la population entière.

• Doit-on s'étonner maintenant que des spectacles si variés, si merveilleux, si féconds en sensations différentes, eussent tant de charmes pour les peuples de l'antiquité ? Et saint Augustin n'est-il pas fondé à dire que (2), si de pareils jeux excitaient l'admiration de ceux qui y assistaient, ils seraient regardés comme fabuleux par les peuples à venir (3) ?

L'usage des vastes souterrains de l'amphithéâtre campanien nous semble suffisamment expliqué parce que nous venons de décrire; les décorations, les machines, les apparitions subites que nécessitaient tant de jeux divers, la grande quantité d'hommes commis au service de pareilles ma

Non credis? Spectes, dum laxent æquora Martem
Parva mora est; dices: Hic modo pontus erat.

(Martial; De spect., ep. 24.)

(1) Aliquando belluis intersectis et venatione exhibita subito aquam in amphitheatrum induxit, et navale certamen ostendit, rursumque ea educta, gladiatores in loco præbuit: denique inducta iterum, magni sumptum publicum epulum. (Dion.)

Sénéque dit aussi : Qui euripos aquarum impetu implent aut siccant. (Ep. 91.)

(2) Saint Augustin; De civit., lib. xxiv, cap.

(3) Hic licet annumeres machinatores, qui pegmata ex sé surgentia excogitant, et tabulata tacite sublime crescentia, et alias inopinato varietates: aut dehiscentibus quæ cohærebant; aut quæ distabant, sua sponte cohærentibus; aut iis quæ eminebant paulatim in se residentibus. (Sénèque; ep. .)

nœuvres, exigeaient un local en harmonie avec leur importance; le grand canal du centre et la galerie circulaire avec laquelle il communique, nous paraissent destinés aux exercices nautiques; de grands mâts, dans quelques-unes des trappes, pouvaient facilement seconder les enlèvements dans les airs, et des rochers, artistement arrangés, transformer les autres en grottes ou cavernes, desquelles on faisait sortir à volonté toutes sortes d'animaux préalablement amenés du vivarium (1) dans ces souterrains. Les grands canaux intermédiaires devaient servir à la manœuvre des machines plus considérables, et à seconder surtout ces bouleversements de terrain dont parle Calpurnius. »

J'ai cru devoir vous citer ce passage d'un mémoire trèscurieux de M. Pelet. Je m'empresse de reprendre mon rapport.

Eglise St.-Paul. Comme beaucoup d'autres villes de la France méridionale, Nîmes a dans son architecture, dans le goût qui domine partout, et jusqu'à un certain point dans les mœurs de ses habitants bien des traits d'affinité avec l'Italie. En ce moment même on termine une église assez grande, l'église St.-Paul, dans le style roman italien, et comme calquée sur certaines églises romanes de la HauteItalie, de Gênes et de Toscane. J'ai visité avec intérêt cette

(1) Des fouilles opérées dans la direction de la grande galerie souterraine du côté du midi, ont prouvé qu'elle se prolongeait à plus de 1,000 mètres au-delà de l'amphithéâtre, dans la direction de l'église Sainte-Marie-de-la-Grâce, bâtie sur un ancien édifice qu'on appelle encore aujourd'hui Il Catavolo. - Mazocchi (De Amph., cap. 4) dit que Catabolum ou Fivarium était l'endroit où l'on conservait les animaux destinés à l'amphithéâtre. (Procop., De bell. Goth., lib. 1.) D'où il résultait que, à celui de Capoue, les animaux, au lieu d'être amenés dans des cages, comme cela se pratiquait ordinairement, étaient conduits du Catabolum dans l'arène par un souterrain de communication entre ces deux édifices.

église qui construite sur les plans de M. Questel, architecte de Paris, est des plus importantes, sans contredit, que l'on ait élevées de nos jours dans le style du moyen-âge. La Société française dans la séance qu'elle a tenue à Nîmes le 4 septembre, a chargé MM. Renouvier, Ricard et Chaix de lui faire un rapport sur cet édifice qui mérite, à tous égards, de fixer l'attention. La dépense s'élèvera à plus de 600,000 fr., sans compter les vitraux et la décoration intérieure.

Etudes archéologiques. Mgr. l'évêque de Nîmes, prélat plein de mérite et d'instruction, a bien voulu me mettre en rapport, pendant mon séjour dans sa ville, avec MM. les professeurs du séminaire diocésain, et j'ai vu avec un vif plaisir que ces messieurs, très-versés dans l'étude de l'archéologie chrétienne, ont fait déjà depuis quelques temps des leçons d'architecture qui ont produit de bons résultats. Nous avons cru, M. le Cte. de Mérode et moi, devoir les en féliciter au nom de la Société française.

Je ne vous entretiendrai pas de quelques courses faites aux environs de la ville, soit seul, soit avec divers membres du congrès, parce qu'elles ont été plutôt agronomiques que ar-g chéologiques j'y ai pourtant id observé çà et là quelques monuments du moyen-âge, mais sans les dessiner ni les décrire: j'ai seulement pris un croquis de la tour qui défend la longue chaussée sur laquelle on traverse les marais qui précèdent Aigues-Mortes et qui avait déjà. été dessinée.

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Aigues-Mortes. Je suis resté un jour dans cette curieuse ville d'Aigues-Mortes, avec l'intention de dessiner en détail ses belles murailles, mais par une fatalité qui m'a vivement contrarié, une pluie battante n'a pas cessé d'inonder le pays pendant mon séjour; il a fallu renoncer à faire un dessin d'ensemble, et me borner à prendre des notes et quelques détails. Ces murailles connues d'un grand nombre de voyageurs n'ont point encore été dessinées avec l'exactitude que désirent les antiquaires; et M. le C. de Mérode m'avait, avec plusieurs autres archéologues, invité à en donner une vue dans le Bulletin. Il n'a pas tenu à moi que leur désir n'ait été satisfait.

Quoi qu'il en soit, l'enceinte murale d'Aigues-Mortes est, selon toute apparence, la plus complète et la plus entière qui reste, et c'est une place à visiter pour ceux qui étudient l'architecture militaire du moyen-âge: on sait que ces belles murailles furent élevées par Philippe-le-Hardi; elles portent bien le cachet du XIV. siècle, sauf les quelques reprises modernes qui ont eu lieu dans les parties supérieures.

Ces murs d'enceinte dont la hauteur excède 30 pieds ont conservé partout leur couronnement crénelé; seulement une ou deux assises supérieures ont été enlevées, de sorte que la crète du mur entre les crénaux présente une surface droite au lieu d'être taillée en biseau comme elle l'était d'abord, au moins je le suppose, ce qui nuit à la beauté du parapet vu de l'extérieur. Ce parapet est percé alternativement de crénaux et de meurtrières et, au-dessous des crénaux, d'un rang de trous carrés dont je ne m'explique pas bien l'usage. De place en place, à des distances égales, existent des niches en encorbellement qui ne peuvent avoir été que des latrines pour la garnison. Le chemin de ronde qui est couvert par le parapet est large et bien pavé; il fait tout le tour de la place.

Dans la partie inférieure de la muraille se trouvent régulièrement espacées des meurtrières correspondant avec des arcades ou embrasures assez larges ouvertes à l'intérieur des murs, et garnies de bancs de pierres pour asseoir les soldats qui veillaient à la défense: la plupart de ces ouvertures ne me paraissent point, comme d'autres l'ont pensé, postérieures à la muraille; je les crois au contraire du même temps, au moins pour la plupart.

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MURS D'AIGUES-MORTES.

Le parement extérieur des murs d'Aigues-Mortes est droit, avec un talus à la partie basse. Toutes ces pierres sont en

bossage, appareil qui ne se ren

contre pas dans le Nord à cette époque ces pierres fort bien

ajustées sont de grandeurs iné

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