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par un espace de même largeur. Ces trous qui traversent le mur dans toute son épaisseur ne sont établis que du côté du penchant de la colline, c'est-à-dire à l'ouest et sud-ouest, direction où se trouvait précisément la ville antique. Ces ouvertures se dégageaient deux à deux dans des canaux séparés, de sorte que l'eau du bassin pouvait être distribuée par dixième sur les divers points où aboutissaient les canaux, ce que les fouilles n'ont pas encore fait connaître. Il existe dans un de ces trous, un tuyau de 0m. 96c. de circonférence et de 0m. 8. d'épaisseur, formé par le dépôt successif des eaux qui ont coulé dans cette partie.

Sur le sol du bassin et à 33. de sa circonférence, il existe, toujours du même côté, trois ouvertures semblables n'ayant que 10. d'intervalle les unes des autres, débouchant dans un même aqueduc établi au-dessous des précédents, se dirigeant aussi du côté de la ville ces trois ouvertures étaient fermées par des grilles en fer, dont il existe encore une partie; une rainure ménagée au-dessus de ces grilles servait à les boucher hermétiquement lorsque l'eau ne devait s'écouler que par les ouvertures horisontales. Il est possible que l'aqueduc principal qui continuait sa direction jusqu'à la fontaine fût alimenté par ces trois bouches ou qu'elles servissent à conduire les eaux dans l'amphithéâtre lorsque des jeux nautiques devaient avoir lieu.

C'est du côté N.-E. que l'aqueduc d'Uzès ou du pont du Gard arrivait dans le château d'Eau par une large ouverture de 1". 20o. de largeur sur 1m. 25. de hauteur (V. la figure, p. 73), établie à 3. du dernier trou existant sur la circonférence de ce même côté. On remarque à cette ouverture les trous d'une fermeture dont le mécanisme sera facile à déterminer.

Les parois latérales de cet aqueduc et les dalles qui recouvrent sa partie inférieure, sont revêtues de cette incrustation calcaire de 15o. d'épaisseur, qu'on rencontre dans toutes

les parties de ce canal qui sont soumises au contact de l'atmosphère et au moyen de laquelle il ne serait, peut-être, pas impossible de déterminer le temps pendant lequel les fontaines d'Eure et d'Airon ont accordé leur faveur aux habitants de Nimes.

Musée d'antiquités de la Maison Carrée. Le musée de la Maison Carrée a fait diverses acquisitions depuis 1834, je les ai vues avec intérêt. Comme un catalogue descriptif, trèsbien fait, de tous les objets déposés au musée vient d'être publié (en 1844) par M. Pelet, je n'entrerai point dans l'examen de ces objets, je voudrais seulement dire un mot d'un énorme vase en terre cuite, de fabrique gallo-romaine très-bien conservé, et le plus colossal, je crois, de ceux qui ont été trouvés entiers en France.

Ce magnifique vase trouvé il y a 25 ans, à 500 mètres environ au N.-O. du pont de Lunel, a été donné tout récemment au musée par M. Cauzid, avocat. Il était couché à 50 c. au-dessous du sol; il a de hauteur 1m. 90, 4m. 43 de circonférence dans son plus grand diamètre, et seulement 2. 20 à sa base: son épaisseur est de 20 c., et son ouverture supérieure de 65 c. Il peut contenir plus de 800 litres.

On a peine à comprendre comment les potiers pouvaient travailler des pièces d'un si grand volume, leur conserver une épaisseur égale et un fini si parfait, tant intérieurement qu'extérieurement.

On se servait de ces grands vases pour renfermer des liquides celui-ci était probablement destiné à contenir du vin, ceux dans lesquels on mettait de l'huile étaient généralement moins grands et d'une terre plus fine. Nous aurons bientôt occasion de revenir sur cette terre, en parlant de fragments considérables de vases semblables qui existent au musée d'Avignon.

Cabinet de M. Pelet. J'ai revu la belle collection de M. Pelet que je décrivis dans mon rapport de 1834; elle a subi de grands changements depuis cette époque, puisque, vous le savez, le gouvernement a acheté, d'après le vœu de tous les archéologues, les modèles en liége si exactement copiés des monuments romains du midi de la France. C'est à Paris, au palais des Beaux-Arts, que se trouvent aujourd'hui ces modèles.

Mais d'autres édifices sont venus remplacer ceux qui ornent aujourd'hui la collection du palais des Beaux-Arts; M. Pelet a entrepris il y a quelques années de reproduire en liége, sur une même échelle, tous les grands monuments romains de l'Italie on voit dans son cabinet ce que Rome et les autres villes renferment de ruines les plus intéres

santes.

Les vestiges des arènes de Capoue, dans un état de destruction fort avancé, ont néanmoins excité particulièrement mon attention par la disposition qu'offre l'arène et les explications pleines d'intérêt données par M. Pelet sur cette disposition.

En effet, on y remarque au-dessous de l'arène, des souterrains considérables, et comme on avait, en 1812, trouvé une disposition semblable dans l'arène du Colysée quand le gouvernement français y fit faire des fouilles ; que quelques autres amphithéâtres ont aussi présenté la même particularité, M. Pelet en conclut quelle était motivée par la nature des jeux divers qui composaient les spectacles donnés au peuple dans les amphithéâtres, et dont plusieurs demandaient un mécanisme plus ou moins compliqué; mais laissons parler M. Pelet:

« Dans l'amphithéâtre de Capoue, dit le savant antiquaire, la surface des souterrains comprend tout le dessous de l'arène jusqu'à l'aplomb de son mur d'enceinte et à 5 mètres audessous de son niveau.

« Sur le petit axe de l'ellipse et à travers l'épaisseur des constructions, deux corridors voûtés, d'un mètre de largeur, s'élèvent en pente rapide et semblent d'abord avoir servi de communication entre ces souterrains et l'extérieur du monument vers lequel se dirige leur pente; mais l'irrégularité du roc qui forme le sol de ces corridors, annonce qu'ils ne servirent jamais de passage, mais plutôt d'écoulement aux eaux pluviales. Sur le grand axe, au contraire, ces souterrains se prolongent sur une largeur de 4 mètres jusqu'à un point encore indéterminé, mais fort au-delà de l'enceinte extérieure du monument, à en juger par les fouilles opérées sous la porte méridionale, où l'on a découvert, à droite et à gauche, un petit escalier pour descendre de cette entrée principale dans les souterrains.

128 arceaux, en grosses briques, basés sur une large assise de travertin, forment l'espèce de charpente qui soutient la vaste place de l'arène; ils sont établis de manière à opérer, par leur disposition, le tracé du plan que nous allons décrire.

« A 3. 47 en-dedans du mur d'enceinte et parallèlement à lui, se trouve une galerie circulaire, non voûtée, de 2TM. 35 de largeur; le terre-plein elliptique compris entre le mur du podium et cette galerie, est divisé au-dessous en 44 chambres voûtées, ouvertes sur la galerie circulaire par autant d'arcades, dont la grandeur varie entre 2 et 3 mètres d'ouverture, selon leur rapprochement ou leur éloignement du sommet de l'ellipse. Nous avons déjà parlé de la direction des 4 qui sont sur les axes; les 40 autres, fermées sur trois côtés, ont un banc adossé au mur du fond, et sur l'un des autres, indifféremment, est une console en saillie de 0". 4c. à 2 mètres de hauteur du sol.

« Une grande galerie de 4. 10 de largeur, également sans voûte, partage l'arène dans le sens de son grand axe,

pour se joindre, par ses extrémités, à la galerie circulaire, les deux demi-ellipses qu'elle laisse à droite et à gauche, se divisent chacune en 4 galeries de 2m. 45 de largeur, situées parallèlement à la grande et disposées des deux côtés, ainsi que nous allons l'indiquer pour un seul.

La première, en allant du centre à la circonférence, est couverte d'une voûte à plein-cintre percée de 15 trappes, espacées uniformément, ayant 1". 75 de longueur sur 1". 25 de largeur.

La seconde est sans couverture comme celle du milieu; mais elle ne vient pas, de la même manière, se joindre à sa surface avec la galerie circulaire; son ouverture forme audessus un rectangle de 42. 62 de longueur sur 2m. 40 de largeur.

«La troisième est voûtée et percée de 11 trappes symétriquement espacées.

La quatrième, enfin, est construite d'une manière semblable; mais elle n'a que 5 trappes, dont celle du millieu est plus grande que les autres.

« A l'aplomb de ces 62 trappes, on voit une grosse pierre fixée dans le sol des souterrains, portant au milieu un trou propre à établir un mât.

« Toutes les galeries découvertes, de même que les trappes, sont bordées, au niveau de l'arène, d'un cadre en grosses pierres de travertin portant une rainure de 0". 40 de profondeur, dans laquelle s'encastrait une forte couverture en bois, lorsque des combats de gladiateurs ou de tout autre genre demandaient que l'arène présentât une surface parfaitement unie.

« Les murs des souterrains, au lieu d'être pleins, sont disposés en arcades de 2m. 55 d'ouverture, dont les pieds-droits. ont 4. 15 de largeur sur 1". 12 d'épaisseur; chacun des côtés de la galerie centrale a 9 de ces arcades, et celles des

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