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des vieux siècles. Que de richesses enfouies, ignorées, eût exhumé l'archéologue, si les divers gouvernements qui régissent l'ancienne province Belgique, lui eussent permis d'interroger le sol! On peut en juger par les trouvailles faites sur une superficie de moins de cinq lieues, et cependant nous ne les avons pas toutes signalées. Ainsi, le château de Burgesch (voir le plan) repose sur des constructions romaines; on a découvert une salle de bains dans le bois communal de Flasdorff; on a recueilli à Hemersdorff et à Valdweistroff, de beaux fragments d'architecture; on a reconnu à Kalembourg (Calemburgum), paroisse de Laumesfeld, canton de Sierck, les vestiges d'un castrum qui paraît dater du règne d'Antonin-le-Pieux, car un grand bronze de ce prince a été trouvé, dans les fondations, sous une large pierre de taille. Ce castrum formait un parallelogramme de 140 pieds de long sur 136 de large, flanqué d'une tour ronde à chaque angle; il était construit sur un tertre élevé à mains d'homme et défendu sur trois côtés par un fossé, un épaulement et un étang de 80 jours de Lorraine (16 hectares), le quatrième côté était armé d'une demi-lune de 320 pieds de développement. Les débris de Castrum-Calemburgum ont servi à bâtir le village de Kalembourg et l'église de Laumesfeld, dont les murailles sont incrustées de fragments de bas-reliefs et d'inscriptions romaines. Nous avons remarqué entr'autres une colonne portant les lettres: P. A. G. O. Elle était, dit-on, placée au centre du castrum.

On ne doit point s'étonner des nombreuses traces du séjour du peuple-roi que renferme la Belgique-Germanique; les empereurs y distribuaient des terres aux légionnaires vétérans, chargés de la garde des frontières, leur permirent de fortifier leurs demeures, et plus tard étendirent cette concession à tous les citoyens possesseurs de domaines ; c'était multiplier les moyens de défense contre les invasions des barbares du

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Nord. Le pays de la Sarre (pagus Saravi), où les armées romaines avaient leurs principales fabriques d'armes et de draps, dut nécessairement se couvrir de forts que la conquête transforma en résidences franques, puis féodales. En cette contrée aucune fouille n'est infructueuse et ne trompe l'attente de l'archéologue, toujours sûr d'une bonne moisson dans la vaste enceinte du camp stationnaire de Castel-sur-la-Sarre.

M. le V. Th. Du Moncel entretient l'assemblée de plusieurs sculptures intéressantes dessinées par lui pendant son récent voyage en Grèce et en Orient. La première de ces sculptures trouvée récemment à Marathon et conservée aujourd'hui au petit musée du temple de Thésée, à Athènes, représente un guerrier revêtu de l'armure du temps et porte le nom du sculpteur Aristoclès Epyov Apestózλeos en caractères très-anciens. Pausanias cite trois sculpteurs de ce nom : le premier et le plus ancien était de Cydon et vivait antérieurement à l'année 497 avant J.-C., sans que l'on puisse déterminer exactement l'époque de son existence. L'abbé Barthélemy, qui a fait de grandes recherches pour son Voyage du jeune Anacharsis, place cet Aristoclès dans le VIII. siècle avant J.-C. O Muller le place à la 50°. olympiade, c'est-à-dire 580 ans avant J.-C. Le second Aristoclès était fils de Cleotas; le troisième, né à Sicyone et frère de Canachus, florissait pendant la guerre du Péloponèse (431 à 404 avant J.-C.), époque florissante des arts en Grèce. Le style hiératique de cette figure doit la faire rapporter au plus ancien des trois Aristoclès. Quoi qu'il en soit, le guerrier de Marathon appartient à un art intermédiaire entre les lions de Mycènes et l'école éginétique; ses proportions y sont assez bien observées et les muscles bien indiqués; cette sculpture porte encore des traces de peinture, les plus anciennes que l'on connaisse dans la

peinture grecque. La seconde sculpture, découverte récemment sur l'acropole d'Athènes et mutilée, représente une femme assise, probablement une Minerve, à en juger d'après une espèce de plaque placée sur la poitrine; cette figure est sans proportions et dans toute la rudesse de l'art. - M. Du Moncel signale encore une statue de grande proportion et dont les jambes se terminent, au-dessous des genoux, en forme de serpent et se redressent, derrière la figure, jusqu'à la hauteur du col. Cette statue représente, sans aucun doute, Cecrops ou Erechthée, que la fable et Apollodore lui-même représentent avec des jambes en forme de serpents; elle se trouve dans une cour particulière, vis-à-vis du temple de Thésée. - Près de ce même temple, se trouve une autre statue, aussi de grande proportion, découverte, il y a quelque temps, dans un étang voisin de Mégare, où elle a dû séjourner fort long-temps; elle est remarquable par ses belles draperies et par le mouvement du corps, qui semble indiquer une danseuse; malheureusement la tête et les bras n'existent plus.

Après cette communication, M. Du Moncel met sous les yeux de l'assemblée, un riche porte-feuille de dessins qu'il a rapportés de son voyage en Grèce; ils sont examinés avec un vif intérêt.

M. Lajard revient sur le résultat des fouilles exécutées par M. Botta, consul de France à Massoul, sur l'emplacement du village de Khorsabad, fouilles dont il avait déjà entretenu la Société dans la dernière séance tenue à Paris, mais dont on ne pouvait alors apprécier l'importance, faute de documents.-On sait maintenant, par la correspondance de M. Botta et les porte-feuilles de M. Flandin, que les ruines découvertes à Khorsabad sont celles d'un palais bâti par un des anciens rois d'Assyrie, sinon à Ninive même, au moins très-près de cette ville; car on sait que les villes

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