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bras du chevalier qui le portait. Le vide existant entre les deux hémicycles, laisse voir le bois de cette rondache qui dans cette partie, paraît avoir été garni d'une couche épaisse de coton recouverte de velours, dont il existe encore quelques vestiges.

J'ai cru devoir donner ici la coupe de cette rondache, parce qu'elle fait voir que pour en diminuer la courbe et pour en augmenter la force de résistance on avait laissé au bois une épaisseur de 4 centimètres réduite à 112 décimètre sur les bords; ce qui, avec la ouate dont il était garni, le rendait beaucoup plus facile à porter.

Aucun indice n'a pu me permettre de fixer une date certaine à cette rondache. Suivant une tradition de famille elle aurait appartenu au connétable Bertrand Du Guesclin qui l'aurait apporté d'Espagne après avoir chassé du royaume de Castille Pierre Le Cruel, et avoir fait couronner à sa place Henri de Transtamare, frère bâtard du roi (1366). Il est évident cependant que ce bouclier d'une si faible défense ne pouvait appartenir au XIV. siècle et que les sujets qu'il porte annoncent le XVI. Je serais disposé à croire qu'il fut porté par un Longaunay, qui aurait suivi le roi François au camp du Drap-d'Or (1520); ou même que ce seigneur s'en serait fait honneur aux joûtes et tournois qui furent si fréquents sous le règne de Henri II, qui, ainsi que nous l'avons dit plus haut, donna à ce même Longaunay ou à son fils une pièce de canon espagnole encore existante à Dampierre. Au surplus, l'absence de date ne peut en aucune manière diminuer le mérite de l'ouvrier qui a exécuté les médaillons et les ornements de ce joli bouclier, dont je présente une réduction si imparfaite.

CHRONIQUE.

Séance administrative tenue à Paris, le 20 mars 1845.Le conseil administratif de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques s'est réuni à Paris, le 20 mars, à 2 heures 112 de relevée, sous la présidence de M. de Caumont; les membres présents étaient M. le Vte. de Cussy, M. le C. de Cossette, M. Arthur Martin, M. de Lavillegille, M. de Soultrait, membres du conseil administratif, et M. Arth, inspecteur du BasRhin. —La réunion avait pour sujet la fixation de l'ordre du jour de la séance générale du mois de mai, le choix de la ville où devra se réunir le Congrès archéologique de 1846 et l'admission de plusieurs membres nouveaux.

Après avoir entretenu le conseil de l'intérêt et des heureux résultats que promet le prochain Congrès de Lille, où doivent se rendre les députations d'un grand nombre de sociétés savantes et pendant lequel la Société doit faire une excursion archéologique à Tournai, M. le Directeur propose, comme lieu de réunion du congrès archéologique de 1846, la ville de Metz, où toutes les branches de la science archéologique sont étudiées et dans laquelle la Société compte plusieurs membres aussi instruits que zélés. Cette proposition obtient l'approbation unanime du Conseil; toutefois il ne sera pris de détermination définitive, à cet égard, que pendant la session du mois de juin prochain.

M. le Vie. de Cussy annonce que M. Danjoi, architecte, déjà avantageusement connu par des travaux antérieurs, vient d'être chargé par le gouvernement de la direction des travaux de restauration de la cathédrale de Metz; les autels qui déparent ce monument doivent disparaître et être rem

placés par d'autres plus conformes au style de l'édifice; la chapelle de N.-D.-la-Ronde sera entièrement restaurée ; l'hémicycle établi, au siècle dernier, sous la travée centrale, sera supprimé, etc., etc.

M. l'abbé Arthur Martin entretient le conseil de son récent voyage sur les bords du Rhin et en Bavière. — Dans ce voyage, M. Martin s'est principalement occupé des miniatures des anciens manuscrits: à Munich, il a dessiné avec le plus grand soin celles du grand livre de Charles-le-Chauve, exécuté par deux moines de St.-Denis et enlevé à la France par l'empereur Arnould. Ce manuscrit précieux lui a été communiqué par une faveur toute spéciale. - A Ratisbonne, M. Martin s'est surtout occupé d'un manuscrit de l'abbaye de Nidermunster (aujourd'hui l'évêché), dont les miniatures, comparées à celles du fameux Hortus Deliciarum d'Herrade de Landsberg, semblent indiquer par leur style le XII. siècle; cependant M. Martin n'ose pas trop insister sur cette date, attendu que le manuscrit en question porte le nom d'une abbesse Utta. Or, ce nom ne se retrouve pas sur la liste des abbesses postérieurement au XI. siècle.-A Bamberg, les recherches de M. A. Martin ont surtout eu pour objet l'ancien trésor, si riche en ivoires, en émaux et en objets d'art de tout genre, mais qui a été détruit sous l'Empire.-M. l'abbé Martin a remarqué à la cathédrale des corniches, des chapiteaux et des statues tout-à-fait dans le style de la cathédrale de Chartres. Cet édifice renferme aussi deux tombeaux très-remarquables: le premier est celui d'un ancien évêque de Bamberg, élu pape sous le nom de Clément II (1046-1047) et mort peu de temps après son arrivée à Rome : ce tombeau, en inarbre blanc, d'un fort beau style qui semble indiquer des artistes italiens, est orné de figures allégoriques représentant les vertus; parmi ces figures, celle de la Tempérance mérite surtout de fixer

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l'attention par son originalité : cette vertu se trouve représentée par un fleuve sur l'invitation duquel une autre figure, placée devant la première, puise de l'eau dans un vase pour la verser ensuite dans un autre vase renfermant du vin, selon toute apparence. Le second tombeau, érigé au XV. siècle en l'honneur d'un évêque du nom de Gontier (Gontarius), mort au retour d'une mission à Rome, est également en marbre blanc, d'un style très-avancé et présente, dans son ornementation, un symbolisme tout-à-fait inconnu en France: ce sont des paons au milieu de roses. Il y a environ cinq ans, on a retiré de ce tombeau une draperie, dans le goût byzantin, extrêmement riche, dont les couleurs sont encore très-vives, et dont la bordure présente plusieurs rangées de rosaces à cinq lobes. M. Martin présente un facsimile de cette draperie qu'il ne croit pas du temps de Gontier, mais plutôt de l'époque du tombeau. — M. l'abbé Martin termine cette communication si intéressante, par des considérations sur les vitraux de l'Allemagne comparés à ceux de l'Alsace, sur l'état des études archéologiques, de la peinture murale et sur verre en Allemagne et en France; et enfin par des détails curieux sur les nombreux travaux d'art exécutés à Munich par le roi Louis de Bavière.

M. de Caumont engage vivement M. l'abbé Martin à vouloir bien préparer une relation succincte de son voyage pour la réunion du mois de mai, ou au moins à rédiger quelques notes dans le cas où il ne pourrait pas assister à la séance.

M. de Lavillegille communique les dessins d'un tombeau découvert récemmment à Neuvy (Indre) et sur lequel il donne les détails suivants :

Le hasard a fait découvrir ce tombeau, dit-il, dans un champ voisin de la route de Châteauroux à Issoudun et à environ 10 kilomètres de cette dernière ville. Il consistait en une sorte de chambre souterraine de forme carrée, ayant 5

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