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Musée d'antiquités. Depuis 10 ans le musée a reçu quel ques nouveaux objets, moins pourtant qu'on ne serait autorisé à le supposer, en considérant les fouilles faites dans le théâtre et près des arênes.

Un des derniers objets transportés au musée est un sarcophage en marbre blanc, couvert de personnages, trouvé cet hiver avec beaucoup d'autres au nord de l'église St.Honorat, dans les terres que l'on a déblayées : ce sarcophage a été soigneusement dessiné par M. Huard, conservateur du musée, bien connu des archéologues par ses travaux et ses beaux dessins des monuments d'Arles.

On a trouvé également une table de marbre, longue de 4 pieds et large de 1 pied 4 pouces, qui a dû servir à couvrir un autre tombeau et qui porte l'inscription suivante.

HIC IN

PACE R
EQUIIS
CIT BONE
MEMORI
AE EUSTA
SIA QVAE
VIXIT AN
XXXVI OB
IIT III NONAS
SEPTEMBR

IS AVIENO
CONS.

Enfin à l'extrémité d'un des sarcophages de grande dimension, et en pierre du pays, dégagé cette année, on a trouvé une inscription très-curieuse gravée sur une table en marbre blanc, qui a été déposée au musée; il y manque quelques mots dans les premières lignes, parce que la table de marbre a été brisée.

La voici telle que je l'ai obtenue au moyen d'un estampage

à la brosse fait par M. Huard:

AELIAE AELIA . . . .

LITTERA QVINOSTI. LEGE CASVM ET D.....
MVLTI SARCOPHAGVM DICVNT QVOD CONS....
SET CONCLVSA DECENS. APIBVS DOMVS. IST.

O NEFAS INDIGNVM. IACET HIC PRAECLA.....
HOC. PIVS. QVAM. DOLOR. EST RAPTA. EST S.....
PERVIXIT. VIRGO VBI. IAM NATVRA PLACEBAT
NVPTIAS. INDIXIT. GAVDEBANT VOTA PARENTES

VIXIT. ENIM. ANN. XVII. ET MENSES VIII DIESQVE XVIII
0. FELICE. PATREM QVI NON VIDIT TALE DOLOREM

HERET. ET. IN. FIXO. PECTORE. VOLNVS. DIONYSYADI. MATRI
ET. IVNCTAM. SECVM GERON PATER TENET IPSE PVELLAM

On voit que cette inscription est fort curieuse par les détails qu'elle donne, par ses fautes de latin et l'expression un peu emphatique des regrets de la mère de la jeune fille défunte

Les caractères en sont beaux, il est très-difficile d'indiquer l'époque précise à laquelle il faut la faire remonter, je voudrais avant de me prononcer consulter quelques inembres de l'Académie des inscriptions. L'estampage que j'en possède est de la plus belle venue, et les caractères en sont aussi nets que ceux du marbre lui-même; les points sont triangulaires comme dans beaucoup d'inscriptions galloromaines.

Le cercueil qui portait cette inscription est toujours aux Aliscamps. Il est en pierre du pays, et sur le couvercle on a figuré des tuiles imbriquées comme elles l'étaient dans les maisons du temps. J'ai trouvé en Italie plusieurs cercueils semblables: il y en a à Naples dans lesquels on a même figuré une porte à l'un des bouts pour leur donner tout-à-fait

l'aspect d'une demeure: Conclusa decens domus apibus, comme le dit l'inscription.

Deux cercueils de plomb, renfermant chacun un squelette, ont été trouvés dans le sarcophage d'Arles: ces deux squelettes déposés dans le sanctuaire de l'église de St.-Honoratdes-Aliscamps sont la preuve du fait indiqué dans le dernier vers de l'inscription: Et junctam secum Geron Pater tenet ipse puellam.

Le musée d'Arles renferme un certain nombre de chapiteaux composites des derniers temps, je crois, de l'ère galloromaine, qu'il serait bon de mouler; il y aurait d'ailleurs des déductions intéressantes pour l'histoire de l'art à tirer de la comparaison de tous ces objets; on doit désirer avant tout que M. Huard fasse paraître le plus tôt possible le catalogue qu'il a rédigé.

Plusieurs de ces chapiteaux m'ont rappelé un de ceux de l'église souterraine de Jouarre que j'ai publiés dans le 6. volume de mon Cours d'antiquités, et que voici :

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l'étude de l'art dans les bas temps me paraît infiniment curieuse et importante, et j'ai prié instamment M. Huard de dessiner ces chapiteaux ils sont placés du côté droit du musée avec d'autres fragments présumés de la même époque.

Arles est à la veille de grands travaux qui amèneront probablement de nouvelles découvertes, le chemin de fer de Marseille à Avignon sera terminé d'ici à deux ans ; il est question de construire un quai le long du Rhône et d'abattre à cet effet une grande partie des maisons qui bordent le fleuve au-dessous du palais de la Trouille on trouvera certainement des substructions romaines et peut-être des objets précieux.

Cimetière des Aliscamps. C'est avec un vif intérêt que j'ai revu le cimetière des Aliscamps, dont j'ai parlé dans un précédent rapport et dans le 6. volume de mon Cours d'antiquités.

On a récemment rangé sur deux lignes les cercueils restés sur place, et formé à ce moyen une allée qui se prolonge jusqu'à l'église St.-Honorat. Malheureusement le chemin de fer a rogné le cimetière, des magasins doivent en encombrer une partie, et ce champ de repos si vénéré au moyen-âge sera défiguré par des établissements de tout genre. C'est en vain que les hommes aux pieux souvenirs élèvent la voix dans notre siècle positif et industriel. Les ossements de nos ancêtres n'ont de refuge assuré nulle part; rien n'arrête les spéculateurs et les industriels, et tout cède à cette réponse : Il faut employer les moyens les plus rapides et les plus puissants de locomotion, pour doubler le temps si court de la vie humaine.

Un des sarcophages chrétiens mis à nu dans les dernières fouilles, non loin de l'église St.-Honorat, présente, d'un côté, des roues que l'on trouve sur bien d'autres cercueils chrétiens (1) et qui étaient dans la 1. période romane un

(1) Notamment sur les grands cercueils déposés à St.-Gilles autour du sanctuaire de l'église, transformé en musée d'antiquités. (V. Bulletin monumental, t. X, p. 671).

ornement assez ordinaire; sur l'autre face on remarque des moulures parmi lesquelles on distingue des niveaux : cette figure est évidemment symbolique, car elle existe aussi sur les sarcophages de St.-Gilles et sur plusieurs autres. Auraiton voulu indiquer par là que la mort est le niveau qui rend tous les hommes égaux? Cette interprétation, si elle n'est pas la bonne, est au moins assez naturelle.

Eglise St.-Honorat. L'église St.-Honorat offre bien peu d'intérêt par son architecture, puisqu'elle a été refaite dans beaucoup de ses parties, soit au XV. siècle, soit à diverses époques plus récentes, comme le prouve l'inscription suivante placée sur un des piliers:

HONORATUS DE AQUERIA D. DE MEJANES HOC TEMPLUM
ELEGANTI SOLO COHONESTAVIT AN. D. M DC XV

Les parties les plus anciennes ne m'ont rien offert qui annonce une époque antérieure au XI. siècle. Dernièrement on a trouvé, du côté du nord, une arcade ornée de peintures à fresque qui avait été bouchée et masquée par un mur cette peinture représente, comme beaucoup d'autres, des détails d'architecture et de chaque côté du cintre, un ange debout. M. Huard en a fait une copie qui a été adressée au Ministre de l'Intérieur.

Montmajor. Je suis retourné à Montmajor, accompagné de M. de Lambron, membre de la Société française à Tours. Je n'en dirai qu'un mot, car cette ancienne abbaye a été décrite avec soin par M. Mérimée dans son rapport sur les départements du Midi de la France. Je partage d'ailleurs son opinion sur l'appréciation des diverses constructions groupées sur cet îlot de roches calcaires.

Je signalerai dans la vaste crypte qui règne sous l'église plusieurs autels anciens, portés sur un massif de maçonnerie,

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