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d'une rente hypothécaire de 221. 10 s. sur la succession de défunt Gédéon Bellier, son oncle par alliance, et vraisemblablement son parrain, à en juger par l'identité de leurs noms de baptême.

On voit, par ces actes, que Nicolas Gravier était décédé antérieurement au 11 décembre 1671, qu'il n'avait laissé pour enfant qu'un fils, Gédéon, issu de son mariage avec Marie Huard, laquelle lui avait survécu.

Les noms et les qualités des témoins qui avaient signé à son contrat de mariage nous autorisent à penser qu'il n'était pas sans jouir d'une certaine considération dans la ville où il était venu s'établir.

Le seul tableau de lui que nous connaissions, précieux pour nous principalement comme document historique, paraît avoir été fait sur commande de l'évêque d'Avranches, Roger d'Aumont, et pour servir à la décoration d'une des salles de l'évêché. Aussi le peintre s'était-il préoccupé de représenter à peu près uniquement la cathédrale et l'hôtel épiscopal avec ses jardins, bornés par la place Baudange, nommée, aujourd'hui, place Littré, au grand regret de ceux qui, sans méconnaître les titres des hommes marquants à la gratitude de leurs concitoyens, attachent quelque prix à des désignations que leur longue durée a rendues respectables. La vue avait été prise d'un des jardins situés au-dessus de la rue Sauguière (encore un

nom mal à propos sacrifié), entre la rue des Courtils et le boulevard de l'Ouest (ancienne rue des Capucins), au lieu dit Holbiche, surtout connu parce que ce fut de là que le duc de Montpensier, gouverneur de la Normandie, fit, en 1591, tirer le canon sur la cathédrale, afin de venir à bout de la résistance de l'évêque Péricard, l'un des plus chauds partisans de la Ligue contre Henri IV. Il est aisé de vérifier que, pour tout ce qui est de l'évêché et de ses dépendances, le tableau de Gravier est d'une exactitude parfaite.

On remarque, sur le premier plan, une maison dont une partie subsiste encore sur la rue Sauguière et se trouve comprise dans la propriété de M. Jourdan, ancien notaire.

Mention en est faite incidemment, dans un contrat du 18 décembre 1628, par lequel l'évêque d'Avranches, François Péricard, fieffe à rente et pour y bâtir, à Julien Guérin, sieur de la Costardière, avocat du Roi au bailliage d'Avranches, 12 à 13 pieds de terre en carré à prendre au jardin du Vieil Evêché, proche et joignant la maison dudit Guérin et celle du secrétaire dudit sieur. Cette désignation de Vieil Evêché n'est pas indifférente (1). Elle permet de conjecturer qu'antérieurement à la donation faite par saint Louis à l'évêque d'Avranches des fossés de la ville pour en faire des jardins, nos

(1) Tabellionnage d'Avranches.

évèques possédaient, le long de la rue Sauguière, un manoir plus agréable que ne devait l'être l'hôtel épiscopal, resserré, comme on sait, entre la cathédrale et les remparts dont il faisait en quelque sorte partie.

On distingue encore, dans le tableau de Gravier, deux tourelles qui accompagnent le toit assez élancé de l'hôtel épiscopal du côté des jardins. Ces tourelles ont disparu, et le toit qui se présente de nos jours n'a plus son élévation primitive, ce qui est assez dire qu'il a beaucoup perdu de son élégance. Ce changement, nécessité sans doute par le mauvais état de la construction, doit être rapporté à l'épiscopat de Mgr de Malide. Je trouve, en effet, que ce prélat se fit autoriser, par lettres-patentes du 24 mars 1768, vérifiées au mois de juin suivant, à faire démolir le toit, les trois tourelles de la maison de l'évèché, le château et autres bâtiments (1).

Je suppose que, par le château à démolir, il faut entendre les constructions qui s'appuyaient sur la haute muraille qui allait de la tour de l'évêché à la tour de la porte Baudange, muraille plus tard notablement abaissée, et au pied de laquelle on forma une allée de tilleuls qui subsiste encore.

Après la cathédrale, cette porte était l'édifice le plus connu de la ville, et il est à regretter qu'elle ne fût pas placée de manière à figurer dans le tableau

(1) Arch. de la Seine-Inférieure. F. du Parlement.

de Gravier. Des actes nombreux la signalent comme le point de départ de la rue qui conduisait au puits de Livet, d'une autre qui conduisait au carrefour de Saint-Saturnin, à Notre-Dame-des-Champs et au Palet, d'une troisième qui menait à Sauguière, d'une quatrième qui passait le long des fossés, se rendait au carrefour de la Pomme-d'Or et venait aboutir à la porte de Ponts (1).

L'espace vide que, dans les derniers temps, on désignait sous le nom de place Baudange, sorte de

rue ten

(1) Rue tendant de la porte Baudange au carrefour de Livet, 24 sept. 1616, 2 nov. 1631, 17 mai 1633; dant de la porte Baudange à Saint-Saturnin, 26 sept. 1614, 6 juin 1615; allant de devant la porte Baudange au Palet, 7 nov. 1621, 3 déc. 1629; à Notre-Dame-des-Champs, 26 janv. 1630, 12 déc. 1653; au Pot d'Estain, 29 juillet, 30 oct. 1617; de la porte Baudange au grand marché par la Pomme d'Or, 18 juillet 1628: au grand marché, 29 août 1636, 23 août 1651; d'au devant de la porte Baudenge au carrefour de la Pomme d'Or, 17 avril 1653, 29 mars 1656, 22 janvier 1657; à la porte de Ponts, 12 mars 1625, 16 avril 1626, 23 mars 1651, dernier août 1653, 29 mars 1656. Rue tendant de la porte Baudenge à Sauguere, 17 déc. 1579; chemin tendant de la porte Baudenge à Pont Gilbert, 20 déc. même année (Tabellion. d'Avranches).

• Pour avoir été quérir en la conciergerie du bailliage la personne de Jean Godard, l'avoir conduit et mené hors de la porte Baudenge et l'avoir lié et attaché au collier l'espace de 3 heures ». Compte du Domaine de la Vicomté d'Avranches, 1651 (Arch. de la Seine-Inférieure. F. de la Chambre des Comptes).

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