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travailler à l'affaire de mon salut et de celui de ma famille.

€ 3 raison. - C'est pour tâcher d'amasser quelque bien par les voies les plus légitimes afin de faire subsister ma famille. pour instruire mes enfants en la vertu, la vie civile et les sciences nécessaires à l'état où Dieu les appellera et ensuite les pourvoir chacun dans sa condition.

« 4° raison. — C'est qu'il me semble que j'auray plus de moyen de faire du bien au prochain et d'assister les pauvres que dans le poste où je suis, où mes revenus ne suffisent pas pour faire ce que je voudrais, ayant d'ailleurs une grande famille.

Peut-être dans la suite, me trouverai-je en état d'exécuter les sentiments que Dieu me donne conformément à ce que j'ai vu pratiquer à un grand homme de bien. »

Sur la seigneurie de Boucherville s'éleva un petit bourg qui à la fin du XVII siècle comptait trenteneuf familles.

Aujourd'hui la petite ville de Boucherville a une population de deux mille habitants.

P. C.

BIBLIOGRAPHIE ET NOUVELLES DIVERSES

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BIBLIOGRAPHIE. La Confrérie de Saint-Nicolas à l'église de Notre-Dame d'Alençon; - Essai historique sur le cidre et le poiré, par M. Louis Duval, archiviste de l'Orne. Le traité du vin et du cidre, de Julien de Paulmier, traduit par Jacques de Cahaignes, édité pour la Société des Bibliophiles normands, avec une introduction, par M. Émile Travers.

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Le patois normand. Introduction à l'étude des parlers de Normandie, par M. Charles Guerlin de Guer.

Les études sur l'histoire du théâtre, toujours en grand honneur, se multiplient en ce moment de tous. les côtés. Déjà, nous avons eu l'occasion de signaler l'intéressant volume de M. Paul de Longuemare sur le Théâtre à Caen. D'un caractère un peu plus général, les notes de M. Lumière sur le Théâtre pendant la Révolution auraient pu être rappelées à cette occasion. Voici, maintenant, que M. Louis Duval fait paraitre La Confrérie de Saint-Nicolas ou les origines du théâtre à Alençon. Ce titre n'est pas absolument exact et le volume nous donne plus que cette énonciation ne promet. Le savant travail de notre confrère s'applique non seulement aux origines du théâtre à Alençon, mais aussi et par extension à Falaise, à Sées et

à Caen. Est-il utile d'ajouter que cette abondance d'informations ne fait qu'ajouter à l'intérêt de la publication. L'auteur nous apprend qu'il existait, en l'église Notre-Dame d'Alençon, une Confrérie de SaintNicolas, ancienne et puissante. Elle n'avait pas moins de sept chapelains. Elle ne s'occupait pas de marier les demoiselles, comme eût dû l'y inviter cette pieuse invocation à l'adresse de son patron :

Grand saint Nicolas,

Qui mariez les filles,
Grand saint Nicolas,

Ah! Ne m'oubliez pas!!!

Mais si, sur ce point, d'autres Confréries se montrerent plus préoccupées du sort du sexe faible en allouant aux pères et mères des subsides pour les aider à établir leurs filles, elle ne négligeait rien, tout au moins, pour honorer convenablement le saint évêque de Myre, dont Wace avait rimé l'histoire, et qui était dans le pays en très grande vénération. La Saint-Nicolas y était célébrée avec éclat et donnait lieu à une cérémonie extra-liturgique dans le genre de celles qui se sont perpétuées fort longtemps à l'abbaye de la Trinité à Caen et à la cathédrale de Bayeux le jour des SaintsInnocents. A Bayeux, on intronisait un petit évéque; à Caen, une petite abbesse. A Alençon, le jour de la Saint-Nicolas, les écoliers élisaient un roi que l'on s'empressait d'habiller en évèque.

L'abbé Belard, curé de Notre-Dame d'Alençon, mort en 1729, dans son Inventaire des titres et papiers concernant la cure, n'a eu garde d'oublier ce détail,

(

Comme saint Nicholas, écrit-il, est le patron des « écoliers, anciennement il y avoit un roi parmi les « écoliers, qui étoit un enfant qualifié de la ville, qu'on habilloit en évêque; on a continué cet usage d'avoir un roi qui donne un pain bénit, mais on ne l'habille plus en évêque ».

S'appuyant sur un ensemble de faits ingénieusement groupės, M. Louis Duval présume que la Confrérie de Saint-Nicolas dut se livrer à quelques essais dramatiques, mystères et moralités, dans l'église ou dans ses dépendances. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce fut un chapelain de la Confrérie, nommé Richard Auvray, qui donna le jeu d'un mystère, le premier en date, sur un théâtre dressé par ses soins près la porte de Sais, sur une place publique d'Alençon. Le mystère nous racontait le commencement du monde. La chose se passait en 1520, l'année même où les Caennais avaient eu le régal de la représentation du mystère d'Abraham et Isaac.

On trouvera, dans la brochure de M. Louis Duval, beaucoup d'autres détails non moins piquants sur quelques autres dramaturges sacrés. C'est d'abord Thomas Lecoq, auteur d'une tragédie représentant « l'odieux et sanglant meurtre commis par le maudit Cain à l'encontre de son frère Abel, extrait du chapitre 4 de la Genèse ». Thomas Lecoq fut successivement curé de Sainte-Trinité de Falaise et de NotreDame de Guibray. Puis viennent Nicolas Chrétien, sieur des Croix, d'Argentan, qui composa Amnon et Thamar, et Me Cosnard, de Sées, qui donna au public les Chastes Martyrs, écrivains singuliers dont MM. Gus

tave Le Vavasseur et de la Sicotière nous ont laissé la très amusante biographie.

Il y a encore, dans la brochure, un ensemble de renseignements sur lesquels nous aimerions à nous arrêter. Ils ont trait aux cérémonies extra-liturgiques qui, quelquefois, se produisaient à l'occasion de la Fête-Dieu. Citons les fêtes de la Convention ou de la Frarie des Prêtres d'Argentan, qui rappelait le grand Sacre de Villedieu, dont la physionomie était la même et qui n'eut guère moins de réputation. C'est là tout un coin qu'il y aurait encore, après M. Duval, profit et plaisir à explorer.

En même temps qu'il s'occupait de recherches sur les origines du théâtre en Basse-Normandie, M. Duval mettait la dernière main à un travail sur le cidre et le poiré. Le traité, tout à la fois historique et économique, s'adresse aux érudits et aux agronomes; il

convient tout aussi bien aux membres de l'Association Normande qu'à ceux des Antiquaires de Normandie. Indépendamment d'une introduction et d'un épilogue, le volume, édité par Doin, à Paris, comprend dix chapitres :

1° Origine du pommier et du poirier.

2o Le cidre ou pommé, le poiré et le cormé dans l'antiquité.

3o Le cidre en Gaule depuis l'époque romaine jusqu'à la fin du XIIe siècle.

4° Le cidre en Normandie du XIIe au XVe siècle. 5o Le cidre en Normandie au XVI° siècle.

6o Le cidre en Normandie au XVIIe et au XVIIIe siècle.

7 Le cidre à Paris et à Versailles. Impôts divers dont il était frappé.

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