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semble bizarre, est cependant toute naturelle. Les seigneurs de Lastours et ceux des Cars avaient, dans le voisinage même de Nexon, leurs châteaux de famille, vraies forteresses, dont il reste encore d'indestructibles et importants débris. Les vicomtes de Limoges, en outre de bien d'autres places-fortes, possédaient Châlucet qui n'est pas non plus très éloigné de Nexon et Châlus qui n'en est qu'à quelques lieues. Il était donc inutile pour ces grands seigneurs de fortifier Nexon., il se contentaient vraisemblablement d'y avoir quelque logis, quelque repaire noble comme on disait alors; toujours est-il, qu'indépendamment du château actuel, qui est du xvu siècle, et du petit castel du xve, dont nous parlions au début de cette notice, il ne reste rien.

Un très grand personnage mourut à Nexon le 18 juin 1569, sans qu'on puisse dire dans quelle maison. Le duc des Deux-Ponts, Wolfang de Bavière, qui avait conduit son armée au secours des protestants, y rendit le dernier soupir six jours avant la bataille de la Roche-l'Abeille et ses entrailles y furent inhumées. Une pierre de granit, percée de façon à figurer deux arches de pont et placée verticalement dans la terre, qui se voyait au bord de la place publique il y a cinquante ans et y est peut-être encore, passait pour être le lieu de cette inhumation; mais ce n'est qu'une supposition que rien ne prouve. Bien que ce prince allemand fut mort simplement de maladie et tout à fait par hasard à Nexon, cela n'en donnait pas moins un certain relief à la localité et, à la suite de tous les historiens, j'ai dû mentionner cet événement, bien oublié aujourd'hui, mais qui jadis donnait un peu d'orgueil aux habitants.

Baron de VErneilh.

LA BIBLIOTHÈQUE

DE M. TANDEAU DE MARSAC

M. Tandeau de Marsac était un ami des livres, un bibliophile éclairé, qui employa les rares loisirs que lui laissait sa profession à former une bibliothèque considérable. A ce titre, il mérite de prendre place à côté des bibliophiles dont le Limousin s'honore, parmi lesquels il convient de citer, dans l'ordre chronologique, le chanoine Jean Decordes, Etienne Baluze, le cardinal Dubois, le chancelier d'Aguesseau, l'abbé Texier, Mgr Berteaud, Auguste Bosvieux, etc.

La Bibliothèque de M. Tandeau de Marsac se composait de près de 12,000 volumes, dans tous les genres; elle s'est vendue 218,000 fr. environ, en y comprenant les ouvrages adjugés à Limoges en novembre 1896.

La formation d'une bibliothèque est une œuvre longue et difficile, qui exige des études complètes sur chacune des branches des connaissances humaines la théologie, les sciences, l'histoire et les belles-lettres. On comprend que l'homme qui s'est attaché à l'une de ces divisions arrive plus facilement à former sa collection que celui qui les embrasse toutes, ce qui était le cas pour M. Tandeau de Marsac.

Il n'était pas seul, du reste, à constituer sa bibliothèque; son frère, M. le chanoine Tandeau de Marsac, dont les goûts littéraires sont connus, l'y avait aidé; il lui avait procuré beaucoup d'ouvrages de théologie et d'histoire, et, en mourant, il lui légua

sa bibliothèque personnelle, dans laquelle se trouvait une foule de raretés locales (1).

On aurait pu se rendre mieux compte des efforts tentés par M. Tandeau de Marsac, en vue de former sa bibliothèque, si tous les catalogues avaient été disposés d'une façon méthodique. Malheureusement, sur les cinq catalogues publiés, le premier seul est méthodique; les autres sont alphabétiques et encore n'en a-t-on pas fait pour les ouvrages vendus à Limoges. Nous avons dit ailleurs combien nous regrettions cette lacune (2).

M. Charles Porquet, libraire-expert chargé de la vente, avait fait six lots de la bibliothèque de M. Tandeau de Marsac. Le premier lot comprenait les ouvrages qui se trouvaient en grande partie au château de Brignac, près Saint-Léonard (Haute-Vienne). C'est celui qui n'a pas eu les honneurs d'un catalogue. M. Letarouilly, commissaire-priseur à Limoges, s'est borné à lancer le prospectus suivant :

<<< Vente aux enchères publiques après décès de M. T. de M., par suite d'acceptation bénéficiaire, en vertu d'une ordonnance, de 5,000 volumes anciens et modernes en parfaite condition archéologie, beaux-arts, littérature, histoire, histoire du Limousin, les jeudi 12, vendredi 13 et samedi 14 novembre 1896, à deux heures très précises, en la Salle des Ventes, rue Neuve-de-Paris, 12, Limoges.

>> Désignation sommaire Bibliothèque elzévirienne, publiée par JANNET le Bibliophile français;

;

G. DORÉ ;

Journal de Henri III et Henri - MONTALEMBERT, Moines d'Occident; LON, OEuvres ;

DUPANLOUP, OEuvres ;

ouvrages illustrés par IV; — GuIZOT, Mémoires BOSSUET, MASSILLON, FÉNE

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NICOLAS, Etudes sur le

Christianisme; - OEuvres de Xavier DE MAISTRE;

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toire de la Révolution, du Consulat et de l'Empire; - Mémoires de SAINT-SIMON; les OEuvres de Louis VEUILLOT; Mémoires du roi JOSEPH ; Documents historiques sur l'histoire de France ; Histoire littéraire de la France; le Dictionnaire des Dictionnaires; Dictionnaire de LITTRÉ ; Dictionnaire de TRÉVOUx et

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-

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DESOR

TOPFER, Voyages en Revue des questions

de MORÉRI; Art de vérifier les dates, 3 vol. in-fol.; MAUX, Histoire de la Maison de Bourbon; Zigzags; - Histoire générale de Paris; historiques; BUFFON, OEuvres ; - FÉTIS, Histoire des musiciens

(1) M. le chanoine Tandeau de Marsac a donné aussi une partie de ses ouvrages à la bibliothèque du Grand Séminaire de Limoges, notamment sa collection de journaux limousins, que son frère possédait déjà.

(2) Bibliophile limousin d'octobre 1596, p. 133, et de janvier 1897,

P. 11.

célèbres ;

Biographie universelle de HOEFER; les Arts somptuaires; le Moyen Age et la Renaissance; -- Bibliothèque de

l'enseignement des beaux-arts; Révolution française, etc., etc.

ouvrages et brochures sur la

>> Ouvrages sur le Limousin: Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin; - Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de Brive; Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Tulle; - Bulletin de la Société d'agriculture, Sciences et Arts de la Haute-Vienne; - Semaine religieuse de Limoges, depuis l'origine; Annuaires de la Haute-Vienne et Almanachs limousins, depuis l'origine; - Annuaires de la Creuse et de la Corrèze; nombreuses brochures limousines des plus

rares.

>> Mémoire des titres et papiers du monastère des Ternes, manuscrit in folio.

» Mémoire, état, inventaire et réglement des droits dans la famille de feu sieur EVRARD JABACH et de dame Anne-Marie Wroot, sa veuve, du 17 juillet 1696, manuscrit in-folio. »>

Le libraire vendeur a pensé que les livres mis en vente à Limoges étaient suffisamment connus sans qu'il fût utile d'en dresser le catalogue. Nous croyons néanmoins qu'un catalogue aurait attiré dans notre ville un plus grand nombre d'amateurs, et que, par suite, les prix se seraient élevés en proportion.

Dès l'ouverture des portes, de la salle des ventes de la rue Neuve-de-Paris, la plus grande partie des amateurs de Limoges, du département et des départements voisins; des ecclésiastiques et des membres de nos sociétés savantes se trouvaient réunis. Aux libraires de Limoges étaient venus se joindre quelques libraires de Paris.

La vente débutait par des lots de brochures limousines, modernes pour la plupart, auxquelles succédaient des ouvrages de littérature ou d'histoire générale.

Les livres à gravures se vendaient d'une façon convenable, un Béranger in-32, avec gravures sur acier, 35 fr.; une édition des Fables de la Fontaine, 51 fr.; Clarisse Harlowe, de Prévost, 45 fr.; Le Diable à Paris, 55 fr. Les autres ouvrages étaient donnés à des prix couvrant à peine les frais de reliure. Ces dernières sont du reste très belles. Les reliures d'amateur dominent; elles sont dans un état de fraîcheur remarquable.

Parmi les ouvrages locaux, le Bulletin de la Société archéologique du Limousin, dans une fort belle demi-reliure, s'est vendu 275 fr. à

M. Lespinat. Le Bulletin de la Société d'Agriculture a été racheté par cette société, dont les archives, situées rue Banc-Léger, s'étaient brûlées il y a une trentaine d'années.

Le lendemain le nombre des amateurs était encore plus grand que la veille; c'est qu'on devait vendre les manuscrits et les corps de bibliothèque.

Le manuscrit ayant pour titre : « Mémoire, état, inventaire et réglement des droits dans la famille de feu sieur Evrard Jabach et de dame Marie Wroot, sa veuve, du 17 juillet 1696 », a été adjugé pour 55 fr. à M. Louvrier de Lajolais, directeur de l'Ecole nationale d'art décoratif. Il a été acquis plus tard par la Bibliothèque communale de Limoges,

On sait que Jabach, directeur de la Compagnie des Indes, avait été directeur de la Manufacture royale de tapisseries d'Aubusson. Son immense fortune lui avait permis d'acquérir une quantité d'objets d'art, des gravures notamment. Il possédait aussi des émaux limousins de la bonne époque, estimés très bon marché dans son inventaire, et qui par la suite ont atteint des prix fantastiques.

Le « Mémoire des titres et papiers du monastère des Ternes >>> a été acquis par M. Albert Gérardin, propriétaire de l'emplacement de l'ancien monastère des Célestins des Ternes, situé à un kilomètre de Pionnat (Creuse). Fondé vers 1329 par l'évêque Roger le Fort, qui était né aux Ternes, ce monastère a subsisté jusqu'en 1777.

Un manuscrit intitulé: Rhetorica tradita de facundissimo oratore Patre Orsauve, Societatis Jesu, Rhetorica professore in Collegio Lemovicensi, anno domini 1666, me audiente Joanne Chavepeyre, a été acheté 8 fr. par M. Lespinat.

Un « Pouillé de Monseigneur d'Argentré » a été acheté 7 fr. par M. Thézard, notaire à Limoges.

D'autres manuscrits sans grand intérêt se sont vendus très bon marché.

La Bibliothèque Elzévirienne de Jannet, 130 volumes, a été achetée 235 fr. par M. Gougy.

La Collection des Documents sur l'histoire de France, formant 186 volumes in-4°, s'est donnée à 275 fr. à M. Lechanteux, libraire à Paris. La Collection de Documents sur l'histoire de Paris, 34 volumes in-4° environ avec cartes, plans et chromo-lithographies, s'est donnée à 175 fr. à M. Gougy.

Les corps de bibliothèque ont été achetés par MM. Louis Guibert, Lemaître, Fray-Fournier, etc.

La vente s'est élevée à une dizaine de mille francs, environ.

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