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malléable, et le fer au contraire beaucoup plus dur. Leurs potiers, s'ils ne se servaient pas encore du tour, étaient doués d'une précision, d'une habileté de main qui en auraient fait d'excellents ouvriers, même dans nos ateliers actuels. Ils savaient donner à leurs produits une couverte décorative; et faut-il ajouter que, chose bizarre ! ils ont pu fixer sur l'un des deux vases dont j'ai parlé des dessins très-probablement à base d'alumine, alors qu'aujourd'hui même cette fixation solide de l'alumine est l'un des desiderata de notre céramique.

Armes et parures, tels sont les premiers besoins matériels de toute société naissante: aussi rencontrons-nous dans ce tumulus l'épée ou la lance à côté du bracelet. Mais, si les armes, métal et caillou, ont été portées par un homme, l'ornement d'airain ne peut, vu ses dimensions, avoir paré qu'un bras d'enfant ou mieux de femme. Or la position respective où ils nous sont apparus ensemble ne pourrait-elle pas indiquer que, aux côtés de l'époux, enseveli avec ses armes, s'est couchée, vivante peut-être, ou sacrifiée aux mânes du défunt, l'épouse préférée, qui vient avec lui dormir le dernier sommeil, afin que leurs mânes, réunis pour toujours, chassent ensemble ou guerroient éternellement dans le monde des esprits; car, il n'y a pas à s'y tromper, ceux qui ont dressé ces tombeaux croyaient à la vie future, et par conséquent à l'immortalité de l'âme. En est-il besoin d'autres preuves que ce respect pour les morts dont témoignent les immenses tumuli qu'on élevait; les armes ainsi que les ustensiles que l'on y déposait, et dont quelques-uns, notamment les vases dont je donne la reproduction, ne pouvaient être destinés qu'à contenir des aliments, et étaient placés dans la couche définitive avec la nourriture con

sacrée au grand voyage? A quoi bon ces préparatifs coûteux et caractéristiques, si rien n'avait dû survivre au dernier souffle?

A une époque si reculée qu'aucune chronologie profane ne peut lui assigner une date, nous nous trouvons donc déjà en présence d'une certaine civilisation, en face de croyances respectables au plus haut point, et dont la persistance, éclairée et sanctifiée par la vraie religion, est le soutien en même temps que l'honneur de l'humanité.

J'ai parlé du respect pour les morts: certes il est grand encore chez les modernes ; mais quel spectacle grandiose c'était de voir une peuplade entière rendre à un des siens les derniers honneurs! Le chef, car pour les chefs seuls ou les personnages importants on peut admettre un tel luxe de funérailles, le chef vient de mourir sur son lit de peaux et de mousse, ou plutôt frappé dans le combat corps à corps soutenu contre un clan ennemi; et, avant de quitter pour toujours le théâtre de cet évènement funeste, pour chercher, avec des pâturages plus féconds, des voisins moins redoutables, la tribu, selon l'usage de ses pères, tient à laisser un monument qui atteste aux âges futurs son passage sur cette contrée et l'hommage rendu au guerrier défunt. Aussi, les efforts de tous étant nécessaires, les voici sans exception, hommes et femmes, grands et petits, qui, avec leurs outils impuissants, s'acharnent à accumuler les terres, à amonceler des pierres, afin d'élever le terme sacré sous lequel sont étendus, armés et munis d'objets précieux et de provisions, les vaillants en l'honneur de qui on travaille. Et, pendant ce temps, d'autres, des soldats éprouvés ceux-ci, car ils vont au loin, et tout pays inconnu est un danger, s'en iront, avec les chars attelés de buffles, de chevaux, de rennes,

chercher les lourds blocs qui manquent ici, et qui doivent former la charpente osseuse de cette tombe, dans laquelle nous viendrons, après des siècles, puiser et lire les témoignages irrécusables de l'antiquité et de la noblesse de notre race.

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.

SÉANCE DU 28 JANVIER 1873.

Présidence de M. DUBÉDAT, Président.

Sont présents: MM. Dubédat, Astaix, Le Sage, Sengensse, Chapoulaud, Charles Henry, Debord, A. Blanc, Tandeau de Marsac, Vergnes, Godefroy, Faure, Ducourtieux, de Resbecq, Henri Ardant, Lemas, Mougenc de Saint-Avid, C. Jouhanneaud, Nivet-Fontaubert, Grange, Lansade, Goursolle, Hervy, Decoux-Lagoutte et Guibert, ce dernier remplissant, sur l'invitation de M. le Président, les fonctions de secrétaire, en l'absence de M. GarrigouLagrange, secrétaire général, et de M. Guillemot, secrétaire archiviste.

M. Tournois, sous-intendant militaire, est élu membre de la Société à l'unanimité des voix, ainsi que M. FizotLavergne, membre rentrant.

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M. le Président donne communication d'une circulaire du Ministre de l'instruction publique, relative à une réunion des délégués des Sociétés savantes qui aura lieu, à la Sorbonne, au mois d'avril prochain. Il donne lecture de deux lettres, l'une de M. Clément Simon, avocat général à Pau, ayant trait au congrès scientifique qui se

tiendra dans cette ville, et annonçant l'envoi, par son auteur, de documents relatifs à l'histoire du Limousin; l'autre, de M. Fage, de Tulle, qui promet à la Société des renseignements sur une chapelle souterraine dépendant de l'église des Dominicains, et qui vient d'être rendue au culte.

M. l'abbé Arbellot annonce, par une lettre, une lecture pour la prochaine séance, qui est fixée au vendredi 28 février.

On tire au sort les noms des deux membres du Comité de publication dont les fonctions doivent expirer. Le sort désigne MM. A. Chapoulaud et Hervy. MM. Henri Ardant et Louis Guibert sont élus pour les remplacer.

Le Comité de publication se trouve, par suite, composé de MM. Guillemot, Grange, Ardant et Guibert, auxquels sont adjoints, pour former la Commission chargée de décerner les prix, MM. Nivet-Fontaubert et Tandeau de Marsac. MM. Dubédat et Grange ne pouvant faire partie de cette Commission, parce qu'ils comptent prendre part au concours, MM. Aubépin et Lemas sont élus au scrutin secret, pour siéger à leur place.

M. Boulanger et M. Eugène Vandermarcq demandent à être admis. Il sera statué sur cette demande à la prochaine séance.

Après avoir entendu une communication de M. Tandeau de Marsac touchant les archives du séminaire de Limoges, la Société décide que MM. Tandeau de Marsac et Guibert seront chargés de voir M. le Supérieur du séminaire, afin de lui demander l'autorisation d'étudier, et, s'il y a lieu, de publier les plus intéressants des documents qui peuvent exister dans cette collection. Ces messieurs devront fournir

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