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3o Moyen âge. Il existe des buttes assez nombreuses qui datent de cette époque dans les communes de Linards, Saint-Méard, la Croisille et Saint-Gilles. On remarque aussi près du bourg de Saint-Méard la tour carrée d'Echizadour.

Ce canton se compose des communes de Châteauneuf, la Croisille, Saint-Gilles-les-Forêts, Linards, Masléon, Saint-Méard, Neuvic-Entier, Roziers-Saint-Georges, Surdoux et Sussac. Il a une étendue de 23,093 hectares; il est peuplé de 11,517 habitants.

Châteauneuf.

Le château qui a donné son nom à cette commune n'existe plus depuis quelques années. Ses tours furent abattues pendant la révolution, en même temps que celles du château de Linards. Il fut honoré de la visite de saint Antoine de Padoue pendant le séjour que ce saint fit à Limoges, où il fut gardien du couvent des Cordeliers (1226). On assure que ce château soutint un siége fort long contre les Anglais; mais l'époque n'est pas exactement connue. Il était situé dans le bourg, près de la Combade, qui lui servait de fossé. Au xrve siècle, il passa dans la maison de Pierre-Buffière; plus tard, il appartint à M. de la Bachellerie, puis à M. Joseph Limousin, et enfin à M. Raymond.

La richesse, l'ancienneté, la noblesse de la maison de Châteauneuf, étaient proverbiales. On connaît le dicton populaire :

Les Cars, richesse;

Lastours, noblesse ;

Châteauneuf n'est pas neuf,

et le suivant, qui complète le premier :

Ventadour vante;

Pompadour pompe;
Turenne règne,

Et Châteauneuf

Ne les craint pas d'un œuf.

Gaucelin de Châteauneuf, chevalier, était seigneur dudit lieu. Son sceau, qui était à l'évêché de Limoges, portait une croix losangée.

P. de Châteauneuf, chevalier, seigneur de Saint-Germain, fut enterré à l'Artige, où il avait fondé une vicairie.

Jean de Châteauneuf, chanoine de Saint-Junien en Limousin, fit construire, à ses frais, la grande infirmerie du monastère des Dominicains de Limoges. Il fit aussi bâtir la chapelle de cette infirmerie, et la pourvut d'ornements. C'est dans cette chapelle, dite de Saint-Jean, qu'il fut inhumé le 28 février 1259.

Mathe Ire Brune, fille de Pierre de Châteauneuf, chevalier, seigneur de Saint-Germain, qui, le 1er mars 1184, lui assigna une rente sur sa dîme et terre de la Croisille et sur le mas de Chassanhas, paroisse de Saint-Vitte, fut la cinquième abbesse de Bonnesaigue. Le 25 juillet 1236, elle transigea pour les églises de Veyriéras et de Muratech (1). Elle mourut le 8 mai, jour où sa mort est indiquée dans un nécrologe.

Mathe II de Châteauneuf, fille de noble Pierre de Châ

(1) Nous ne pouvons désigner exactement ces deux localités. Il faut peut-être y voir Veyriéras, commune de Neuvic ci-après, et Muratel, commune de Beauregard, près Condat-sur-Vézère (Dordogne). On nous signale des ruines assez considérables dans ce dernier lieu.

teauneuf, seigneur de Saint-Germain, et de Burgundia de Ventadour, était la onzième abbesse de Bonnesaigue. Elle siégeait en 1276 et le 12 novembre 1286. Elle mourut le 3 août.

Dès 1304, nous voyons le nom de Pierre-Buffière uni à celui de Châteauneuf pour ne plus s'en séparer de longtemps. En effet, à cette époque, Pierre, seigneur de Pierre-Buffière et de Châteauneuf, était encore mineur. Il testa le jeudi après la Nativité de saint Jean (1319). Anne de Pierre-Buffière-Châteauneuf épousait, en 1310, Antoine de Rochefort de la Queille, en Auvergne.

Goscelin, seigneur de Pierre-Buffière et de Châteauneuf, fils de Pierre ci-dessus, testa en 1342.

Jean de Pierre-Buffière, gouverneur du Limousin, avait épousé Anne de Châteauneuf c'est peut-être par ce mariage que la terre de Châteauneuf entra dans la maison de Pierre-Buffière. Nous en ignorons la date précise; mais leur fille, Ayde de Pierre-Buffière, s'étant mariée deux fois, et, la seconde, à Aymeric de Rochechouart, qui mourut en 1356, ce pourrait être un peu avant 1300.

Le Nobiliaire du Limousin (t. III, p. 332) donne la suite des seigneurs de Pierre-Buffière et de Châteauneuf, parmi lesquels le baron de Châteauneuf, gouverneur de Limoges en 1599.

Ce fut vers 1565 que le baron de Châteauneuf parvint à faire descendre le bois de ses forêts par la Vienne jusqu'au Naveix de Limoges. Ce bois de flottage, où le hêtre domine, alimenta la ville, et fut la source d'un commerce qui, depuis l'établissement des fours à porcelaine, a pris une grande importance.

La note suivante prise dans les registres de Guy, notaire et procureur à Limoges, nous fait connaître la date exacte

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de l'érection de cette vicomté en marquisat : « Le jeudi 24 septembre 1615, j'ai signé l'acte de la publication des criées de chartre et arrêt de la cour du parlement de Bordeaux pour le seigneur de Châteauneuf, contenant l'érection de ladite vicomté et places y jointes pour être nommées en titre et autorité de marquisat tant que seront tenus par masles et non par femelles. Et Pinchaud reçut ledit acte. »>

Plus tard, nous voyons à Châteauneuf la maison de Miomandre. Marie-Anne de Miomandre, paroisse de SainteMarie-la-Claire de Châteauneuf, épousa, en 1768, Martial de la Bachellerie, écuyer, capitaine de cavalerie, mousquetaire de la garde du roi, de la ville d'Aimoutiers.

Miomandre de Sainte-Marie, garde du corps, fut tué dans le château de Versailles, en défendant la reine, le 6 octobre 1789: c'est au moins ce qu'ont publié la plupart des historiens. Mais le passage suivant de la Vie de Mme Elisabeth (par M. DE BEAUCHESNE, I, 319) rétablira les faits, et montrera qu'il fut seulement laissé pour mort: << MM. Miomandre et Bernard, tous deux anciens gardes du corps, blessés le 6 octobre, le premier à la porte de la reine, le second dans une autre partie du château, après avoir été soignés ensemble et guéris à l'infirmerie de Versailles, se trouvaient à Paris, où ils avaient été reconnus et insultés. Leur séjour dans la capitale mettait leur vie en péril, car la fidélité et le dévouement étaient devenus un titre de proscription. « La reine, raconte Mme Cam» pan, me dit d'écrire à M. Miomandre de Sainte-Marie » de se rendre chez moi à huit heures du soir, et de lui >> communiquer le désir qu'elle avait de le voir en sûreté, » et m'ordonna, quand il serait décidé à partir, de lui ou» vrir sa cassette, et de lui dire, en son nom, que l'or

» ne payait point un service tel que celui qu'il avait rendu ; » qu'elle espérait bien être assez heureuse un jour pour » l'en récompenser comme elle le devait; mais qu'une >> sœur offrait de l'argent à un frère qui se trouvait dans » la situation où il était dans ce moment, et qu'elle le » priait de prendre tout ce qui était nécessaire pour ac>> quitter ses dettes à Paris et payer les frais de son voyage. >> Elle me dit aussi de lui mander d'amener avec lui son » ami Bernard, et de lui faire la même offre qu'à M. Mio» mandre. Les deux gardes arrivèrent à l'heure prescrite, » et acceptèrent chacun cent ou deux cents louis. Un » moment après, la reine ouvrit ma porte: elle était ac» compagnée du roi et de Mme Elisabeth. Le roi se tint » debout, le dos contre la cheminée; la reine s'assit dans » une bergère, Mme Elisabeth assez près d'elle; je me » plaçai derrière la reine, et les deux gardes restèrent en » face du roi. La reine leur dit que le roi avait voulu voir, » avant leur départ, les deux braves qui lui avaient donné » les deux plus grandes preuves de courage et d'attache>> ment. Miomandre prit la parole, et dit tout ce que ces >> mots touchants et honorables pour les gardes devaient » lui inspirer. Madame Elisabeth parla de la sensibilité » du roi ; la reine reprit de nouveau la parole pour in>> sister sur la nécessité de leur prompt départ. Le roi » garda le silence: son émotion pourtant était visible, et » des larmes d'attendrissement remplissaient ses yeux. » La reine se leva; le roi sortit; Mme Elisabeth le suivit. » La reine avait ralenti sa marche, et, dans l'embrasure » d'une fenêtre, elle me dit : « Si le roi eût dit à ces braves » gens le quart de ce qu'il pense de bien d'eux, ils au>> raient été ravis; mais il ne peut vaincre sa timidité. »

La famille Limousin posséda ensuite Châteauneuf. Nous

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