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comment cette image, peinte à la cire, a été envoyée aux religieuses de Montreuil-en-Thiérache et, par suite de quelles vicissitudes, elle appartient aujourd'hui à la cathédrale de Laon où elle est l'objet de la vénération des fidèles. M. l'abbé Lecomte complète sa notice par quelques indications nouvelles.

M. le Président lui soumet plusieurs observations et lui demande notamment si cette figure du Christ ne serait pas une reproduction de celle qui existe à Gênes et qui, elle aussi, a une grande notoriété.

Pour M. l'abbé Lecomte, la Sainte Face de Laon a une origine byzantine et il insiste, à cet égard, sur les caractères slaves de la légende qui l'accompagne. Tout porte à croire qu'elle a été exécutée par un de ces artistes du Bas Empire qui avaient, en Italie, en quelque sorte le monopole de la peinture avant la formation des grandes écoles de la Péninsule. Nous ajouterons que M. l'abbé Lequeux (1) considérait cette image comme un fac-simile d'une tête du Christ qui, dit-il, « se conserve à Rome dans l'église de la Scala Sancta, près l'église de Saint-Jean de Latran, chapelle papale au XIIIe siècle, dont Jacques Pantaléon ou de Troyes avait la garde. Mais, d'après le même auteur, il n'y avait rien de commun entre cette image et celle dite La Véronique-rappelant une des scènes de la Passion-et conservée à Saint-Pierre du Vatican.

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M. l'abbé Thiercelin fait un exposé détaillé des signes distinctifs d'un certain nombre de monnaies galloromaines et mérovingiennes. Il fait passer sous les

(1) Antiquités religieuses du diocèse de Soissons et Laon, t. I, p. 298 et suiv., et la note de la page 300 (Paris, Parmentier, 1859).

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yeux des membres du Congrès beaucoup de reproductions dont les agrandissements font facilement saisir ses explications.

Le savant numismate attribue aux Meldes un certain nombre de monnaies gauloises qui, jusque-là, avaient été signalées par plusieurs auteurs comme spéciales à la région qui forme aujourd'hui le département de l'Aisne (1).

M. l'abbé Baton, s'autorisant des propres paroles de M. le Président, et sans contester autrement les assertions de M. l'abbé Thiercelin, fait observer qu'il est difficile de formuler, à cet égard, des règles bien certaines, le hasard pouvant, d'un jour à l'autre, faire découvrir des monnaies semblables dans des localités où on ne les avait pas encore trouvées.

M. de Villefosse émet le vœu que l'enseignement de la numismatique soit institué tout au moins dans l'École. des hautes études, dans l'École des Chartes ou au Collège de France. C'est sur les monnaies, dit-il, que l'on retrouve les désignations anciennes des personnes et des villes, c'est par elles que l'on peut le plus sûrement étudier l'histoire.

M. le Président se joint à lui dans l'expression du même vou.

La séance est levée à onze heures.

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(1) Nous devons rappeler ici les regrets déjà exprimés dans le Bulletin monumental, au sujet de la mort de M. l'abbé Thiercelin, aumônier de l'hospice de Meaux et inspecteur de la Société dans la Seine-et-Marne.

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Visite des monuments de Laon.

Dans la matinée de mardi, le Congrès achève de visiter les monuments de la ville de Laon.

Il s'arrête devant la maison de la rue Saint-Martin, appelée le « refuge de Saint-Vincent », où les moines. de cette abbaye venaient chercher un asile plus sûr que leur monastère non compris dans l'enceinte fortifiée de la ville et mal défendu contre les incursions des bandes armées. Des appropriations modernes ont, en partie, enlevé à cette habitation son caractère ancien, mais ses tourelles en encorbellement sur la rue, la tour qui renferme un vieil escalier de pierre en spirale et le corps de bâtiment en retour d'équerre sur la cour et qui porte si visiblement l'empreinte de la Renaissance, ne permettent pas de passer indifférent devant cette construction du XVIe siècle.

L'église de Saint-Martin retient plus longtemps l'attention des congressistes, qui y sont reçus par M. le curé Hamet. Ses tours, dépouillées de leurs flèches, contre lesquelles semblèrent s'acharner les éléments, son portail aux statues mutilées, les deux clochetons. qui le surmontent, les belles boiseries du chœur, quelques pierres funéraires remarquables, principalement les belles proportions et le caractère sévère et quelque peu monastique de cette église remaniée, mais dont l'ensemble accuse l'époque de transition, tout cela excite et justifie la curiosité des visiteurs. Autrefois dépendance de l'abbaye de Saint-Martin de l'observance Norbertine, cette église communiquait directe

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ment avec les bâtiments claustraux transformés aujourd'hui en Hôtel-Dieu.

Les membres du Congrès ne peuvent se défendre, en admirant les belles statues couchées à l'entrée de l'église-celle en marbre représente Jeanne de Flandre, femme d'Enguerrand IV, sire de Coucy, abbesse du Sauvoir-sous-Laon, où elle mourut en 1334 (1), et l'autre en pierre noire de Belgique que l'on croit figurer un membre de la famille de Coucy (2)-de la crainte qu'elles ne soient involontairement endommagées lors de l'ouverture ou de la fermeture des vantaux de la grande porte occidentale.

Nous ne pouvons passer sous silence la chapelle de Saint-Éloi, autrefois paroisse, quand l'église était la propriété de l'abbaye et que ce quartier de la ville était peu habité. Elle est fermée d'une balustrade en pierre dont l'entablement, soutenu des deux côtés par les têtes des apôtres représentés avec leurs attributs caractéristiques-supporte un édicule sous lequel est placé Jésus-Christ tenant à la main le globe du monde.

De l'ancienne église abbatiale, on passe dans l'HôtelDieu, dont les cloîtres, une partie des bâtiments et le magnifique escalier de pierre, reproduction de celui de Prémontré, dû aux conceptions hardies autant qu'élégantes d'un architecte inconnu, appartiennent au XVIIIe siècle, qui fut, pour cet ordre, dans le Laonnois, une époque de grandes bâtisses.

Il restait, pour finir l'exploration de cette partie de la ville à visiter, l'ancienne porte de Saint-Martin, massive construction militaire du XIIIe siècle. Cette porte, surmontée d'une niche qui devait renfermer une

(1 et 2). Melleville, loc. cit., t. I, p. 148 et 149.

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statuette pieuse, est flanquée de deux grosses tours. Très apparente est encore la rainure de la herse qui

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se manœuvrait de la salle située directement au-dessus du passage. Un escalier à vis monte du rez-de-chaussée aux salles du premier étage, qui n'étaient autres qu'un corps-de-garde, et se continue jusqu'à la naissance du second étage, aujourd'hui détruit. Dans la salle de droite se trouve une grande cheminée avec contrecœur en encorbellement. Les voûtes sont supportées par des arcs, doubleaux et ogives aux arêtes très saillantes reposant sur des piliers, n'ayant du chapiteau qu'un tailloir rudimentaire, et formés de colonnettes octogonales engagées dans la maçonnerie. Les retombées de quelques nervures portent sur des modillons

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