Page images
PDF
EPUB
[graphic]

architecte, qui, sous la haute direction de M. Boeswillwald, l'éminent inspecteur des monuments historiques, conduit habilement les travaux de restauration de ce grandiose édifice. La discussion et même le simple résumé des diverses opinions soulevées au sujet de l'époque de la construction de la cathédrale, exigerait de trop longs développements, alors surtout que l'on s'accorde aujourd'hui pour attribuer ce monumentau moins dans son ensemble à la fin du XIIe ou au commencement du XIIIe siècle. Tout d'abord, frappés de l'aspect imposant de ce vaste édifice dont la sobriété architecturale n'exclut pas une élégance dûe à l'harmonie des lignes et à l'exactitude des proportions, les membres du Congrès en examinèrent avec soin les différentes parties. Ils remarquèrent l'étendue inusitée du chœur par rapport à la nef, son chevet carré, les tribunes, le clerestory, les colonnes tantôt isolées, tantôt réunies en faisceaux. Leur attention se porta ensuite sur les clôtures de pierre ajourées des chapelles avec leurs fines colonnettes et leurs gracieux motifs de sculpture où le ciseau de la Renaissance se révèle dans des arabesques d'une délicatesse et d'une variété remarquables, les pierres tombales relevées dans ces chapelles et qui ont été dessinées, avec tant de fidélité et de talent, par M. Midoux, le fac-simile de la pierre tombale de l'évêque Barthélemy de Vir, don de M. le comte de Mérode et la Sainte Face» cette peinture si connue de la tête du Christ, envoyée en 1249 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Laon, à Sybille, abbesse du monastère de Montreuil-en-Thiérache, et

Antiquités du dépt. de l'Aisne, 3 partie, p. 153 et suiv. (Paris, Menu, 1879).

qui a échappé presque miraculeusement à tant de causes de destruction.

Les verrières, dont une rose et trois lancettes consacrées à la gloire de la Mère de Dieu et une autre rose à la représentation des Arts libéraux, arrêtèrent aussi quelques instants les visiteurs impressionnés par leurs effets de lumière, leur brillante coloration et l'heureux agencement des sujets. On sait que la conservation de ces vitraux du XIIIe siècle est due à M. Midoux, qui en a recueilli les morceaux épars après l'explosion de la poudrière de la citadelle en 1870, et par ses dessins et ses conseils, a si grandement aidé à leur restauration et à leur replacement.

Les chapiteaux, dont plusieurs vraisemblablement transposés accusent l'époque romane, furent tour à tour examinés et les derniers instants furent donnés à la chapelle du Chapitre, ornée de deux tableaux de Berthélemy, peintre laonnois, et aux restes imposants encore de l'ancien cloître avec sa frise feuillagée, à l'angle duquel un ange placé sous un dais tient un cadran solaire, gracieux motif de sculpture, dessiné par Viollet-le-Duc, qui a enrichi son Dictionnaire d'architecture de tant d'incomparables dessins des types de l'art gothique à Laon.

S'arrachant à regret à ce vaste champ d'études, les congressistes se dirigèrent vers le palais de justice, autrefois demeure de l'évêque. Si court qu'était le trajet, il n'en offrait pas moins aux regards plusieurs constructions intéressantes. C'était, tout d'abord, dans l'étroite rue Pourrier, anciennement ruelle à la Vaûte, un vieux pignon avec sa corniche décorée de corbeaux et surmonté de deux cheminées du XIIe siècle, rondes, en pierre et ayant la forme de colonnes. Quelques pas

[graphic]

plus loin, dans la rue du Cloitre, on s'arrêtait devant le premier Hôtel-Dieu de Laon, du XIIIe siècle, aujourd'hui chambre des notaires, et on descendait dans son ancienne chapelle basse dont les trois nefs ont leurs voûtes soutenues par des colonnes aux chapiteaux sculptés. On revoyait, en sortant, le grand portail de la cathédrale avec ses trois frontons dont les voussures et les tympans reproduisent des scènes de l'ancien et du nouveau Testament, ses tourillons, sa rose, ses deux grandes fenêtres ogivales avec leurs curieuses sculptures, les tours surmontées des statues colossales. des bœufs légendaires et dont celle de droite était surmontée d'une flèche démolie en 1794. A gauche était l'église de Saint-Martin-au-Paryis, dont on aperçoit encore la frise ornée de modillons.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il n'y avait plus que quelques pas à faire pour entrer dans l'ancien palais épiscopal. L'assemblage des bâtiments de l'évêché, dit Viollet-le-Duc, est des plus intéressants à étudier. Ce fut la pensée de ses visiteurs qui y remarquèrent d'abord, à gauche en entrant, la grande salle du XIIIe siècle, avec son portique soutenu par des colonnes aux chapiteaux feuillagés et pénétrèrent ensuite dans les deux chapelles superposées dont l'une, appropriée aussi bien que possible à cette destination, par les soins de M. Combier, président du tribunal, est un heureux essai de musée lapidaire, appelé à s'accroître rapidement et qui fait d'autant plus vivement désirer l'achèvement de la restauration des chapelles, si regrettablement interrompue.

Mais le programme de la journée n'était pas encore épuisé. Il restait à voir la chapelle des Templiers, comprise dans l'école communale, dont le porche, la

[graphic][merged small][merged small]
« PreviousContinue »