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vorable fait aux travaux de M. Vauvillé par les savants les plus compétents.

M. Vauvillé fait remarquer qu'aucun objet gaulois n'a jamais été trouvé à Soissons et qu'il a été fait des confusions entre trois différentes localités nommées Noviodunum.

M. Choron insiste sur l'importance des travaux de défense signalés par César.

M. Vauvillé donne de nouveaux détails sur les murailles dont il a retrouvé les vestiges et sur la largeur des fossés, qui variait de 17 à 20 mètres.

M. Ledain s'étonne qu'il n'ait pas été trouvé dans les fouilles des fiches en fer comme celles de Morcenx.

Les communications étant épuisées, le président prend la parole pour adresser ses remerciements: aux collectionneurs qui ont bien voulu prêter des objets pour l'exposition si intéressante et si rapidement organisée; à l'administration et aux membres du conseil municipal, qui ont offert l'Hôtel-de-Ville pour les réunions du Congrès; à la Société Archéologique et aux habitants, qui ont accueilli les membres étrangers à Soissons avec tant de courtoisie; à Mgr l'Évêque, qui a honoré de sa présence la séance d'inauguration et voulu recevoir lui-même le Congrès dans l'établissement diocésain de Saint-Médard; enfin à toutes les autorités civiles et religieuses qui ont concouru à la bonne réussite du Congrès.

Le président annonce ensuite que le comité administratif de la Société française d'Archéologie a tenu à ne pas quitter la ville de Soissons sans délibérer sur les médailles à décerner aux membres ayant pris part à la première partie du Congrès. En conséquence des

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décisions prises, M. Travers proclame, ainsi qu'il suit, les lauréats :

Rappel de grande médaille de vermeil: M. Frédéric MOREAU père, pour ses fouilles et ses publications de Caranda.

Grande médaille de vermeil: M. l'abbé PECHEUR, pour ses publications sur le diocèse de Soissons. Médailles d'argent: M. LEFEVRE-PONTALIS.

MM. BRUNEHANT, à Pommiers, pour ses découvertes archéologiques;

Eugène LEFEVRE-PONTALIS, pour la restauration de l'église de Courmelles;

Alex. MICHAUX, à Soissons, pour ses publications historiques sur le Soissonnais.

La séance est levée à 5 heures 1/2.

Le Secrétaire,

Léon GERMAIN.

BANQUET DU 26 JUIN 1887.

A 6 heures 1/2, un banquet était servi dans le grand salon du restaurant Delaborde, et environ 80 convives y prenaient place.

Au dessert, plusieurs toasts ont été portés.

M. le comte de Marsy, président, remercie la municipalité, la Société archéologique de Soissons, Mgr l'Évêque, les membres présents, les dames qui ont bien voulu par leur gracieuse présence rendre la réunion plus agréable, les lauréats du jour, les organisateurs du Congrès et de l'exposition locale, et surtout M. Collet, qui s'est donné la plus large part du travail et de la peine et auquel certainement on doit la réussite de cette exhibition improvisée.

Il donne ensuite lecture de la lettre suivante de S. G. Mgr Thibaudier, qui est, à de fréquentes reprises, interrompue par d'unanimes applaudissements:

Monsieur le Président,

Ne pouvant assister au banquet qui termine ce soir la station du Congrès archéologique de France à Soissons, je désire au moins vous adresser, ainsi qu'à Messieurs vos savants et très honorables collègues, un faible témoignage de ma vive sympathie : je le fais en vous envoyant, avec ces lignes, quelques fleurs de mon jardin, qui pourront, je l'espère, trouver place sur votre table.

L'archéologie locale, Monsieur le Président, est, ce me semble, la plus gracieuse et l'une des plus utiles des sciences qui s'occupent du passé. La géologie scrute l'enveloppe du

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globe terrestre, et demande à ses couches successives le secret de bien des origines. Mais si elle n'est pas muette sur l'histoire et la nature de l'homme, elle a peu de chose à nous en dire, et ce qu'elle nous en dit reste, en grande partie, fort problématique. La philologie, cette histoire. naturelle et cette géologie du langage, exhume, recouverts de l'enveloppe conservatrice des vieux idiomes, les éléments de notre nature intellectuelle et morale, identiques partout, et néanmoins divers chez les différentes races humaines. La science archéologique exploite un sol moins profond et composé de moins de débris; mais combien elle en retire d'objets qui nous appartiennent mieux, et dans lesquels nous trouvons des émotions comme des leçons plus humaines, parce qu'ils sont les œuvres, et comptent entre les œuvres exquises de l'humanité! Il n'est pas jusqu'aux textes historiques, supérieurs à tout en précision, qui ne cèdent quelque chose aux monuments artistiques. Les textes traduisent surtout l'idée, les œuvres d'art surtout le sentiment: or le sentiment tient plus de place que l'idée abstraite dans l'ensemble de notre vie.

Les textes et les monuments s'associent d'ailleurs à merveille dans le grand travail de l'histoire : ils s'éclairent, se contrôlent et se complètent mutuellement. L'habile usage que vous faites des premiers, vous et Messieurs vos confrères, montre assez du reste le prix que vous y attachez; je n'éprouve donc aucun embarras à dire ici que les textes sont de beaucoup la principale des sources historiques.

Mais les textes ne se rencontrent pas partout, et souvent ils sont rares là où les monuments abondent à l'archéologie alors de commencer la recherche ou de commenter une écriture avare; à elle le rôle important.

D'autres fois des textes, même nombreux, sont loin de donner une idée assez ample, une idée juste, de la société qui nous les a laissés. Connaîtrions-nous bien le moyen âge sans ses cathédrales? Sans Notre-Dame de Paris et ses

sœurs, ne méconnaîtrions-nous pas nos ancêtres, dussent nos bibliothèques regorger de tous leurs manuscrits perdus? Nous avons commencé, en tout cas, à revenir de nos préventions plusieurs fois séculaires contre eux, quand d'éminents esprits nous ont ramenés à l'estime de leurs arts. Il manquerait énormément même à la connaissance que nous avons de l'esprit grec, sans l'architecture et la sculpture de la Grèce. Un simple tronçon de colonne, apporté de Milet au Louvre, et devant lequel je me suis arrêté plus d'une fois, révélerait au besoin la grandeur et la délicatesse de la civilisation ionienne.

L'archéologie est donc, Monsieur le Président, comme une évocation partielle de la vie des sociétés éteintes et ordinairement de la meilleure portion de leur vie.

N'était-il pas naturel que, sur une terre chrétienne depuis tant de siècles, l'évêque vît avec joie et respect arriver des savants qui travaillent avec sagacité à remettre au jour, à signaler, à recommander, à marquer de leur date, à replacer dans leur milieu, à interpréter les ouvrages plastiques où tant de générations ont imprimé plus ou moins leur caractère intellectuel, moral et religieux? Le chrétien a confiance dans la vérité; il se souvient que le divin Maître a dit: Veritas liberabit vos, et même: Ego sum veritas. Il a, par conséquent, confiance aux résultats de la vérité totale et ne demande pas mieux que la plus grande abondance possible de lumière. L'Evangile n'a qu'à gagner, selon nous, à ce qu'on explore complètement un sol qu'il a si longtemps pénétré.

Voilà pourquoi, entre autres motifs, Monsieur le Président, j'ai l'honneur de vous offrir, et je vous prie de vouloir bien transmettre à Messieurs vos doctes confrères, l'assurance de ma haute considération et de ma religieuse reconnaissance.

M. Fossé d'Arcosse père, l'un des fondateurs de la Société Archéologique, en l'absence de M. Choron,

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