Page images
PDF
EPUB

par lui dans les fouilles de Néris, qu'il avait dirigées pendant cinquante ans, et il en publiait le résumé. M. FlécheyCousin, architecte à Troyes, était aussi un de ces archéologues patients qui savent mettre à profit les moindres circonstances. C'est ainsi qu'on lui a dû la découverte d'importantes constructions romaines dans la ville de Troyes. M. de Lobit de Monval avait été le fondateur et le président de la Société de Borda, cette association si active avec laquelle j'espère qu'il vous sera donné prochainement de faire plus intimement connaissance. M. Louis de Bonnefoy, de Castelnaudary, s'était consacré à l'épigraphie des Pyrénées; je voudrais vous parler avec détails de ce savant chrétien, mais je manquerais à ses volontés en rendant un juste hommage à sa mémoire. M. l'abbé Cérès a laissé d'importantes recherches archéologiques sur l'Aveyron, et c'est à son zèle que Rodez doit la création de son important musée. D'abord explorateur et compagnon de Dumont d'Urville, M. le docteur Jacquinot s'était occupé d'ethnographie et avait été amené ainsi à consacrer ses loisirs à l'archéologie préhistorique. C'est dans ces recherches qu'il trouvait un adoucissement aux cruels chagrins qui étaient venus atteindre ses dernières années. M. le duc de LévisMirepoix conservait avec un soin pieux les monuments qui rappellent les souvenirs d'une des plus illustres maisons du midi de la France et ouvrait libéralement aux chercheurs ses archives privées. M. Brouchoud, avocat à Lyon, a pris part plus d'une fois à nos réunions et a laissé d'importants travaux topographiques sur le Lyonnais; c'est à son initiative que l'on doit la reproduction du plan scénographique de Lyon au XVIe siècle.

« A ces noms, j'ajouterai ceux de MM. Delaunay, architecte à Bayeux; Saint-Jean, ancien conseiller général du Calvados; Lallier, président honoraire à Sens; Tissot, bibliothécaire à Lisieux; Moulin, ancien maire de Mortain; Henri de Vigan, à La Lande de Cerqueux; Brianchon,

[graphic]

secrétaire-adjoint de la Commission des Antiquités départementales, à Rouen; Tonnellier, à Sens; l'abbé Templier, à Gap; ainsi que celui de Mme du Burguet, née Vallier, femme d'un esprit supérieur, et qui portait à nos études un vif intérêt.

<< M. l'abbé Robert Charles, par lequel je clos cette liste funèbre, avait à peine quarante ans et, bien que d'une santé délicate, rien ne pouvait faire prévoir sa fin prématurée. Fils d'un archéologue et d'un artiste, l'abbé Charles avait puisé à bonne source, et, dans le dernier adieu qu'il lui adressait, Dom Piolin montrait la large place qui lui était déjà assurée parmi les historiens du Maine.

<< Un de nos membres étrangers manque aussi à l'appel, Don Serafino Balestra, chanoine de Côme, archéologue érudit, philanthrope éclairé, qui consacrait depuis plusieurs années sa vie à l'instruction des sourds-muets et qu'une mort inopinée est venue atteindre à Buenos-Ayres, au milieu de son apostolat.

<< Il est encore d'autres noms, Messieurs, que je me reprocherais de ne pas citer, bien que ceux qui les portaient aient cessé d'appartenir à notre société ou ne s'y soient trouvés associés que d'une manière temporaire M. le baron de Wismes, dont plusieurs d'entre vous pouvaient encore, l'an dernier, apprécier à Nantes l'esprit si ingénieux dans des causeries où ils allaient chercher à le consoler de ses deuils. Archéologue, historien, graveur, le baron de Wismes a tenu une place importante parmi les auteurs bretons. M. de Linas, qu'une mort foudroyante venait frapper il y a deux mois, s'était fait une spécialité de l'étude des tissus, de l'orfévrerie et de l'émaillerie du moyen âge. La liste de ses travaux, de ses dissertations, serait longue à donner, long aussi l'exposé des idées nouvelles mises en circulation par lui. M. de Linas avait, à diverses reprises, pris part à nos réunions, et vous vous rappelez encore sa présence au Congrès d'Arras. M. le docteur Galy, dont le nom est inséparable du souvenir de la fondation des

[graphic]

Musées de la Dordogne, avait aussi été notre confrère pendant longtemps. M. Alfred Ramé, enfin, fut le collaborateur assidu du Bulletin monumental et trouvait, au milieu de ses hautes fonctions judiciaires, le temps de rédiger des études critiques qui lui avaient valu une juste réputation.

<< Après avoir payé le tribut de nos regrets à ceux qui ne sont plus et nous être associés à la douleur de leurs proches, vous voudrez aussi prendre part aux évènements heureux qui arrivent à nos confrères, aux honneurs qu'ils reçoivent, aux distinctions dont ils sont l'objet. C'est ainsi que vous féliciterez M. le chanoine Dehaisnes, dont l'Histoire de l'Art en Flandre et en Artois vient d'être couronnée par l'Académie des Inscriptions et a remporté l'une des plus hautes récompenses académiques, le prix Gobert. M. Gaston Le Breton, le savant et actif directeur du Musée céramique de Rouen, a été l'objet d'une distinction aussi rare qu'enviée. L'Académie des Beaux-Arts se l'est associé comme correspondant libre.

<< Les décorations, les distinctions académiques ont ré compensé les services et les travaux d'un certain nombre de nos confrères :

<< MM. Chabrières-Arlès et le Dr Étoc-Demazy ont été promus officiers de la Légion d'honneur. M. Émile Caron, que vous avez entendu l'an dernier vous décrire les mosaïques de Constantinople, a été nommé chevalier.

<< Lors de la dernière réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne, quatre de nos confrères ont été nommés officiers de l'Instruction publique, il ne m'est permis d'en citer que trois : MM. Bélisaire Ledain, Alfred Richard et Mgr le chanoine Barbier de Montault. M. Eug. LefèvrePontalis recevait en même temps les palmes d'officier d'Académie. Dans le courant de l'année, MM. le conseiller Hardouin et Blanchetière avaient déjà été l'objet de distinctions analogues.

<< Permettez-moi d'ajouter que ce n'est pas seulement en

[graphic]

France que nos confrères ont obtenu des marques d'estime venant attester la valeur et l'importance de leur travaux. S. S. le Pape Léon XIII, qui donnait l'an dernier une distinction si justement méritée à notre secrétaire général, M. Jules de Laurière, a conféré des décorations à nos confrères MM. Charles de Robillard de Beaurepaire, Paul de Fontenilles, Arthur de La Borderie, le comte de Charencey et Gustave Julliot.

<< Sur la présentation de l'Académie royale de l'Histoire de Madrid, S. M. la Reine régente d'Espagne récompensait tout dernièrement les travaux exécutés à la demande de ce corps savant par notre confrère, M. Émile Travers, en lui décernant la commanderie d'Isabelle-la-Catholique.

<< Vous n'avez pas attendu mes paroles pour féliciter un de nos confrères étrangers toujours fidèle à nos réunions, M. Francart, de la récompense par laquelle son souverain a reconnu les mérites du jurisconsulte distingué.

<< Je dois encore saisir, Messieurs, la circonstance qui m'est offerte de témoigner publiquement à S. M. le Roi des Belges, dont le nom figure en tête de la liste de nos membres étrangers depuis plus de trente ans, de la respectueuse gratitude du Directeur de la Société, pour la haute distinction dont il a été l'objet.

aux

<< J'ai été bien long, et cependant il me reste encore un devoir à remplir: je ne puis tarder plus longtemps. d'adresser mes remerciments à nos hôtes d'abord, membres de la Société archéologique, à la Municipalité de Soissons, qui nous donne l'hospitalité, au Conseil municipal, qui a voté un important subside pour notre réunion, et aux autorités qui, par leur présence, veulent bien concourir au succès de ce Congrès, à nos confrères, aux archéologues français et étrangers qui viennent prendre part à cette session.

<< Ne devrais-je pas vous les nommer et remplir à leur 'égard le rôle du héraut qui, dans les tournois du XIIIe siècle, annonçait les combattants province par province?

<«<La liste en serait longue, Messieurs, des Normands, aux Brabançons et aux Hennuyers, des Berrichons et des Lorrains aux Anglais, des Flamands et des Artésiens aux Castillans et aux Poitevins. Leurs noms et leurs travaux vous sont connus comme l'étaient, au moment de la joûte, les armes et les exploits des preux combattants, et je crois que la présentation est déjà faite.

<< Comme l'an passé, Messieurs, un jeton frappé à l'effigie de notre fondateur rappellera notre réunion, et j'ai, en ce moment, l'honneur d'en remettre un exemplaire entre les mains de M. le Maire de Soissons, en le priant de vouloir bien l'ajouter aux collections numismatiques du musée, à titre de souvenir du 54o Congrès de la Société française d'Archéologie. »

La séance a été levée ensuite, et les membres du Congrès ont visité d'abord l'Exposition rétrospective, organisée dans l'une des salles de l'Hôtel-de-Ville, grâce à une généreuse allocation du Conseil municipal, et ensuite le Musée, la Cathédrale et Saint-Jean-desVignes.

« PreviousContinue »