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le premier, Fleury, et le second, frère François Romain.

Fleury n'est pas connu; il semblait exercer en même temps les fonctions d'ingénieur et habiter Avaux (1). M. l'abbé Tourneur, dans les Ardennes illustrées (2), le désigne comme l'architecte de l'église d'Asfeld, mais nous croyons que le véritable architecte dut être le frère François Romain.

Celui-ci, né à Gand en 1646, et mort à Paris en 1735, appartenait à l'Ordre de Saint-Dominique. Il devint architecte du roi et dirigea en 1685, avec Mansart, les travaux du Pont-Royal. C'est lui qui traça les plans de l'église de Traisnel (Aube), et ceux de la réparation du pont et du moulin de Brienon (Yonne) (3).

La vue, deux plans et la coupe longitudinale de l'église d'Asfeld ont été exécutés par M. Jules Alard, élève-architecte à Reims, et ces dessins, reproduits ici, nous dispensent d'insister sur le caractère général de son architecture. Il nous a paru suffisant d'accompagner ces consciencieuses études de tous les renseignements historiques que nous avons pu recueillir, et d'y joindre une description sommaire du monument lui-même et de son mobilier.

(1) Dans un acte passé également devant le notaire d'Avaux, le 17 septembre 1682, on le voit figurer pour le rétablissement de la chaussée du pont de pierre, comme « architecque estant à Avaux. D

(2) In-fol., 1868, tome II, p. 109. Le nom de ce Fleury ne figure pas dans le Dictionnaire des Architectes français, de Bauchal, mais on y trouve deux architectes du même nom, dont l'un, René, était, en 1645, général des bâtiments de Sa Majesté et Ponts-et-Chaussées de France.

(3) Bauchal, Op. cit.

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I.

RENSEIGNEMENTS HISTORIQUES.

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Après avoir porté de temps immémorial le nom d'Écry, la localité qui nous occupe était devenue, en 1670, le domaine principal de la célèbre famille de Mesmes, dont les membres sont restés si célèbres, sous le titre de comtes d'Avaux, dans notre histoire parlementaire et diplomatique. Écry s'appela donc Avauxla-Ville, de 1670 à 1730, époque où il devint Asfeld, du nom de Claude-François Bidal, marquis d'Asfeld, maréchal de France (1).

La famille de Mesmes, transplantée du Béarn en Champagne, fournit six comtes d'Avaux. L'un d'eux, Jean-Jacques de Mesmes, vicomte de Neufchâtel, seigneur de Cramaiel, conseiller d'État, président à mortier au Parlement, manifesta en 1680 l'intention de démolir l'église paroissiale placée dans l'enceinte du château et tombant en ruines, afin de la reconstruire sur une place publique créée à ses dépens (2).

(1) Cfr. une Notice sur le maréchal d'Asfeld et sur la terre de ce nom, dans la Revue de Champagne et de Brie, 1880, p. 353.

(2) Le 21 juin 1663, cet édifice était ainsi noté par le doyen Taillet L'église est entièrement défectueuse et menace ruine; nous avons fait dresser en nostre présence un procèsverbal des ruines par les charpentiers du lieu... elle est scize dans l'enclos des fossez du chasteau, et le seigneur a fait bastir tout joignant la porte une escurie. » Le 12 juin 1675, l'archevêque Maurice Le Tellier constatait une restauration, mais il ajoutait « M. de Mesmes m'a promis de bien rétablir cette église. » Visite des doyennés, registre ms. de la Bibl. de Reims, page 87.

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A cet effet, une transaction intervint entre lui, les habitants d'Avaux et les administrateurs de l'HôtelDieu de Reims, qui étaient co-décimateurs sur la paroisse. Il fut convenu, à la date du 19 juin 1680, que les habitants, chargés de la reconstruction de la nef et du clocher, payeraient six mille livres, dont le seigneur obtiendrait du roi la remise sur leurs tailles, et que les décimateurs, obligés à rétablir le chœur et les cancels, verseraient trois mille livres seulement. La dépense était donc primitivement fixée à neuf mille livres, sans compter la valeur des matériaux de l'ancienne église, qui furent employés aux fondations de la nouvelle. Mais des agrandissements et des embellissements vinrent accroître le projet, sur les ordres du comte d'Avaux, car, au jour de la visite et de la réception des travaux, le 15 juin 1685, sa part de contribution, qui avait été d'abord fixée à deux mille livres, se trouvait augmentée, de son plein gré, de quatorze à quinze mille livres (1). On dépensa donc, durant l'espace de cinq ans, un chiffre total de vingt-quatre mille livres pour mener à terme cette entreprise, dont Jean-Jacques de Mesmes avait voulu faire l'oeuvre principale et comme la marque glorieuse de son passage au comté d'Avaux. Sa création subsiste depuis deux siècles, malgré les révolutions et les bouleversements, tandis que le château non moins remarquable, construit en 1730 près de l'église par le marquis d'Asfeld,

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(1) Le comte d'Avaux possédait les deux tiers des dîmes du lieu, comme les ayant acquis de l'abbaye de Saint-Denis-enFrance, et l'autre tiers appartenait à l'Hôtel-Dieu de Reims, qui a gardé les pièces relatives à cette reconstruction dans ses Archives, B. 40.

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