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<< Nos confrères de Soissons, qui veulent bien nous en faire les honneurs, leur ont, depuis longtemps, consacré leurs veilles, et peu de pays possèdent aujourd'hui une bibliographie aussi étendue que celle du département de l'Aisne.

«En dernier lieu, tous les souvenirs archéologiques, tous les monuments du département, ont été décrits et dessinés dans cette remarquable publication d'Édouard Fleury, restée malheureusement inachevée et à laquelle, il Ꭹ a dix ans, la Société française d'Archéologie décernait une de ses grandes médailles, en même temps qu'elle couronnait les recherches de M. Frédéric Moreau, alors au début d'une campagne qui dure depuis plus de quinze ans, et dont le vénérable archéologue doit, pour cette réunion, vous montrer les résultats dans une suite de tableaux synoptiques.

<< La Société française d'Archéologie a tenu, il y a trentecinq ans déjà, une courte session à Laon; mais c'est la première fois qu'elle vient à Soissons, guidée par les membres de la Société archéologique. Je me fais un devoir de remercier à l'avance, au nom du Congrès, cette Compagnie savante qui continue si dignement les travaux et les traditions de l'ancienne Académie de Soissons, fondée en 1674.

<< En venant ici, Messieurs, nous sommes heureux de trouver sur les listes de votre Société archéologique quelques-uns de ceux qui sont aussi nos doyens M. de La Prairie, votre vénérable Président honoraire, et M. Williot, qui tous les deux prenaient part à la rédaction de vos statuts, le 10 février 1847; MM. Fossé d'Arcosse, Choron, Laurent, Alexandre Michaux, M. l'abbé Pêcheur enfin, qui achève ses Annales du Diocèse de Soissons, œuvre à laquelle il se consacre depuis plus de vingt ans.

<< Il est d'autres noms, Messieurs, qui ne doivent pas être oubliés dans cette enceinte et que nous devons rappeler à côté de celui d'Édouard Fleury, ce sont ceux de

Charles Périn, l'érudit bibliophile qui a enrichi la ville de Soissons d'une collection inestimable, et d'Amédée Piette, qui possédait une si complète connaissance des antiquités de tout le département.

<< La première séance de nos Congrès annuels est en quelque sorte une fête de famille où nous nous retrouvons, venant chacun de notre province apporter le résultat de nos recherches, et les soumettre à la critique. Mais, ce n'est pas tout, les mêmes études nous lient et, à côté de cet échange d'idées, il est une communauté de sentiments qui fait que nous nous inquiétons avant tout les uns des autres, que nous nous intéressons aux joies comme aux tristesses de nos confrères, laissez-moi dire de nos amis.

<< C'est donc une revue sommaire de ce qui s'est passé depuis notre réunion de Nantes, des évènements qui constituent en quelque sorte notre existence sociale que je vous demande la permission de faire avec vous. Ce n'est point de l'archéologie, le cadre serait trop vaste, mais seulement de la Société française d'Archéologie que je désire vous entretenir en inaugurant cette session.

<< Je vous annonçais l'an dernier la prochaine discussion de la loi sur la conservation des Monuments historiques. Les membres de la Chambre des Députés l'ont votée à l'unanimité et elle a été promulguée le 30 mars 1887. Ses bons effets ne tarderont pas à se faire sentir et mettront fin à une rage de démolition qui semblait s'acharner contre un certain nombre de nos plus intéressants édifices.

<< Bien que nous ne puissions intervenir qu'à titre officieux, pour la conservation de nos Monuments nationaux, la nouvelle loi nous crée des devoirs auxquels je sais que vous ne manquerez pas, elle nous impose aussi l'obligation de maintenir toujours au complet les cadres de la Société dans les départements. D'assez nombreuses vacances s'étant produites depuis quelques années, le Comité permanent a cherché à les combler en faisant appel au dévouement d'archéologues éclairés. C'est ainsi que

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vous verrez la liste de nos inspecteurs complétée, pour le département de l'Aisne, par M. de Florival; pour le Cher, par M. Albert des Méloizes; pour la Mayenne, par M. Paul de Farcy; pour Meurthe et Moselle, par M. Léon Germain, et pour l'Yonne, par M. Julliot.

<< Je ne voudrais pas abuser de votre temps, mais vous me permettrez de vous donner quelques exemples de l'activité de nos confrères dans leurs travaux sur l'archéologie française: Je vous citerai notamment la splendidemonographie du Château de La Bâtie, de MM. Félix Thiollier et de Soultrait; la grande et magistrale Histoire des Arts au moyen âge en Artois, en Flandre et dans le Hainaut, de M. le chanoine Dehaisnes; les Mélanges d'Archéologie, de MM. Palustre et Barbier de Montault; la Monographie de l'église Saint-Clément de Tours, de MM. Palustre et Nodet; les travaux de M. Louis Texier sur l'église de Saint-Maximin; les recherches sur Mahaud d'Artois, de M. Jules-Marie Richard, la suite des Monuments de la Saintonge, de M. l'abbé Julien-Laferrière, etc.

<< Chaque année, depuis vingt-six ans, le Gouvernement, s'appropriant une création d'Arcisse de Caumont, convoque, dans des assises annuelles, à Paris, les délégués des Sociétés savantes. Il ne m'appartient pas de vous donner un aperçu des discussions qui ont eu lieu dans les sections d'histoire, d'archéologie et dé géographie du Congrès de la Sorbonne et des lectures faites au même moment à la Réunion des Sociétés des Beaux-Arts qui, chaque année, vient doubler en quelque sorte la section d'archéologie, mais il me sera permis de rappeler, cependant, que les membres de la Société française n'ont pas cessé d'y prendre une part active.

<< A la section d'archéologie, dont le bureau était composé de membres de notre Association et présidé par M. Edmond Le Blant, l'époque préhistorique a été l'objet des communications de MM. Buhot de Kersers, le baron de Baye et Pitre de Lisle; M. Bouchard a présenté les der

niers dessins de M. Esmonnot sur les découvertes faites aux Martres-de-Veyres, M. l'abbé Arbellot a parlé de Chassenon, M. l'abbé Dehaisnes, des camps d'Avenelles et d'Etrungt, M. Leroy, des forges de Ferrières, M. Chaillou avait envoyé le résumé des découvertes des Cléons, dont vous aviez eu l'an dernier la primeur, M. Blancard a cherché à fixer la valeur de la livre de Charlemagne, M. Albert des Méloizes a apporté les beaux dessins des vitraux des chapelles de Bourges, MM. Demaison et Gosset ont discuté les transformations de l'église de Saint-Remi de Reims, que nous verrons dans l'excursion qui doit terminer le Congrès, MM. Cau-Durban et Pasquier ont décrit le château de Caumont en Couserans, MM. Forestié et de L'Estourbeillon nous ont fait connaître de curieuses particularités sur les costumes du moyen âge.

<< A la section des Beaux-Arts, la part de nos confrères n'est pas moins considérable : M. Giron a continué ses études sur les peintures murales de la Haute-Loire, M. de Grandmaison a communiqué de nouveaux renseignements sur Michel Colomb; M. Castan a retracé la vie du sculpteur Monnot, M. Léon Germain s'est occupé de Jean Richier, M. Henri Stein, des peintres de Grenoble. Enfin un vœu de M. le vicomte Hervé de Rougé, pour la conservation de l'Hôtel Salé, ancienne école centrale, et pour son appropriation comme Musée des Arts décoratifs, a obtenu l'assentiment unanime de la section.

<< Permettez-moi de vous rappeler à cette occasion que le Comité des Sociétés des Beaux-Arts, réorganisé il y a peu de mois, a été complété par la nomination de membres non résidants, et de correspondants, dans laquelle une large part a été faite aux membres de la Société française d'Archéologie.

<< L'enseignement de l'archéologie dans les séminaires, cette œuvre de prédilection de notre fondateur et qui existe depuis longtemps dans le diocèse de Soissons et Laon, a reçu de nouveaux développements et je suis heu

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reux de signaler les cours créés à Albi et à Poitiers et les conférences instituées dans le diocèse d'Aire.

<< Parmi les symptômes qui témoignent de la faveur accordée en ce moment à nos études, qu'il me soit permis de citer le grand nombre de dessins d'archéologie monumentale qui figurent cette année à l'Exposition des BeauxArts. Les architectes sentent de plus en plus l'importance de l'étude des édifices du moyen âge et de la Renaissance, et je suis heureux de pouvoir nommer, parmi ces habiles restaurateurs, nos confrères, MM. Rapine, Lafollye et Nodet. Je mentionnerai aussi les relevés très consciencieux de l'abbaye de Longpont que vous verrez demain, relevés dus à M. Richardière.

<< Quelques-uns d'entre nous manquent parfois au rendez-vous, et, depuis deux ans, vous avez bien voulu me permettre, reprenant l'usage de la plupart de nos compagnies savantes, de leur dire un dernier adieu, de rappeler encore une fois leurs noms ici.

<< La Société a été cruellement frappée depuis notre dernier Congrès. Plusieurs de nos confrères, comme M. l'abbé Charles, semblaient avoir encore de longs jours devant eux, d'autres avaient atteint un âge avancé. C'est par ces derniers que vous me permettrez de commencer : M. le colonel Gazan est mort à Antibes, son pays natal, dans sa 95e année. Il était notre doyen d'âge, et l'an dernier il nous envoyait une dissertation qui montrait avec quelle lucidité il savait encore conduire un raisonnement, avec quelle fermeté sa main continuait à manier le compas. et le crayon.

<< M. le baron de Fontette, ancien député du Calvados, était un des membres les plus assidus de notre Comité permanent, et s'il n'était pas des fondateurs de la Société, il n'avait pas tardé à s'y intéresser activement, de concert avec Arcisse de Caumont, dont il était l'ami. M. Esmonnot, architecte à Moulins, disposait, l'an dernier, en faveur du musée de cette ville, d'un certain nombre d'objets recueillis

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