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Souvent aussi, elles ont, en outre de la boucle et de ses plaques, toujours à la ceinture et du côté gauche, une plaque ajourée, en bronze étamé, destinée à soutenir la trousse composée de clefs, couteau, forces, poinçon, etc., que l'on trouve alors à la hauteur des genoux. Elles ont aussi aux pieds des garnitures de chaussures composées de boucles, plaques et contreplaques d'un style analogue à celui de la boucle de ceinture, mais de très petites dimensions. Leurs bagues sont simples, quelquefois ornées de lentilles, de verre bleu ou verdâtre, ou de cabochons. Leurs fibules sont presque toujours discoïdes, simulant un petit umbo de bouclier en bronze plein, ou circulaires, composées de deux plaques de laiton entre lesquelles se trouve une sorte de mastic. Sur la plaque supérieure, sont figurées ou repoussées, les imitations grossières de bates circulaires ou rectangulaires, mélangées de vermiculures rappelant les filigranes d'autrefois.

Les colliers sont formés de très grosses perles carrées, oblongues, cylindriques, en pâtes de verre grisâtre, décorées de filons d'émail jaune, blanc, bleu et rouge, incorporé au moment de la fusion. On y a joint des amulettes formées d'un disque, sur la tranche duquel sont représentées des yeux. C'est assurément un préservatif contre le mauvais œil. L'ambre y est encore

assez commun.

La parure se complète d'une grosse épingle, presque toujours de bronze, rarement d'argent ou d'or, munie au tiers de la hauteur d'une protubérance cubique, et, à la tête, d'une petite spatule. C'est cette épingle que l'on a longtemps prise pour un style comme si les femmes mérovingiennes avaient jamais pu faire un usage journalier de cet instrument?

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Ce n'est pas sans mal que l'on obtint des archéologues de lui rendre sa véritable destination. Comme on la trouve toujours vers le haut de la poitrine, j'ai exprimé l'opinion qu'elle devait servir à attacher autour du cou une sorte de fichu ou de capuchon destiné à couvrir la tête et les épaules, et, à cause de sa forme particulière, nous l'avons nommée épingle styliforme.

Avec cette nouvelle série d'objets, le verre disparaît complètement. On ne trouve plus que des vases en terre noirâtre, dont la panse n'est plus qu'exceptionnellement décorée d'ornements en creux.

Comme on le voit, ces deux époques possèdent des caractères si tranchés, qu'il n'est pas possible de les confondre.

Je ne crois pas cependant inutile de donner quelques preuves à l'appui de mes assertions.

Selon que l'origine des groupes de population, dont la réunion a formé des villages, remonte aux V, VI, VII et VIIIe siècles, leurs cimetières prennent des dispositions toutes particulières.

Dans ceux qui datent de l'invasion, on remarque, tantôt les sépultures, toujours disposées en rangées régulières, se succédant en s'avançant vers un point déterminé, tantôt, au contraire, l'accroissement s'est fait des deux côtés à la fois. Dans le premier cas, les plus anciennes sépultures se trouvent à l'une des extrémités; dans le second, elles sont au milieu.

Il serait donc facile de distinguer, en très peu de temps, les plus anciennes tombes des plus récentes, si les cendres des morts avaient toujours été respectées; mais c'est l'exception. Malgré les défenses de violer les sépultures, on ne se faisait aucun scrupule d'ouvrir les cercueils de pierre, d'en ôter les corps qu'ils contenaient

pour faire de nouvelles inhumations. Quelquefois, on remettait pieusement, dans le coffre, les ossements du premier propriétaire, avec les objets qui l'avaient accompagné; mais, le plus souvent, ces restes étaient jetés pêle mêle dans les remblais de la fosse. Cette violation se répétait jusqu'à quatre et cinq fois. J'ai trouvé, dans un cercueil de pierre, avec un mort en place, quatre têtes placées aux pieds.

M. Frédéric Moreau a fait plusieurs fois la même constatation.

Le même fait s'accomplissait pour les sépultures en pleine terre, quand surtout le terrain était rocheux. Les fossoyeurs, pour éviter de creuser de nouvelles fosses, se bornaient à déblayer les anciennes.

On concevra, sans peine, combien d'erreurs d'attributions un semblable mélange a pu déterminer.

Ce n'est que par l'examen d'un grand nombre de faits, que la vérité a pu se dévoiler. C'est grâce surtout à ce que certaines nécropoles ne prenaient leur origine qu'aux VII et VIIIe siècles, que les caractères que j'ai indiqués plus haut ont pu être bien constatés.

Je n'entreprendrai pas de donner ici l'historique des cimetières mixtes du département, tant le nombre en est grand, mais je citerai seulement ceux qui ont présenté les particularités dont j'ai parlé, de n'avoir donné que deux grandes plaques et des scramasaxes. Et, comme ils étaient moins anciens, ils avaient été moins bouleversés que les autres, ce qui facilitait les recherches et l'attribution. Ce sont ceux de Vaudesson (canton de Vailly), Chaillevet (canton d'Anizy-le-Château), Villeret (canton du Catelet), et Seraucourt-le-Grand (canton de Saint-Simon).

Cette rareté, relative d'établissements postérieurs à

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la conquête des Francs, est intéressante à signaler. Elle donne la mesure de l'importance que les envahisseurs avaient attaché à multiplier les points d'occupation. Chaque soldat avait, pour ainsi dire, été pourvu d'un territoire.

Plus tard, il y eut quelques essaims probablement déterminés par la nécessité d'être plus à portée des travaux de la culture, des terres défrichées et mises en valeur, ou bien par suite de la division des domaines. Ici encore, l'archéologie vient confirmer les faits donnés par l'histoire.

Ce fut vraisemblablement vers les XIe et XIIe siècles, c'est-à-dire, lorsque les craintes que les populations avaient éprouvées au sujet de l'an 1000, furent dissipées, et, qu'avec une ardeur nouvelle, elles entreprirent de bâtir des églises au milieu de chaque village, que les cimetières en plein champ furent délaissés. Les fidèles voulurent être enterrés autour du saint lieu, et, au bout de quelques siècles, les anciennes nécropoles que rien ne distinguait plus des champs voisins, furent remises en culture. Cependant, certains indices en indiquent encore la situation. A Vaudesson, à Trefçon, elles appartiennent encore aux communes. Souvent, le calvaire qui avait été érigé au milieu ou à proximité du champ mortuaire, existe encore. Quelquefois, le lieudit cadastral rappelle encore le souvenir de la destination ancienne du terrain.-Voici quelques-unes de ces appellations, que j'ai relevées sur les plans cadastraux de l'arrondissement de Saint-Quentin : Champs Dolents.

des Morts.

des Mourdris ou Murdris.

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