ment éclairé par les meurtrières, à la salle des gardes dont les pendentifs des clés de voûte ont disparu et, semble-t-il, assez récemment? Là encore, se retrouve l'un des caractères propres au style gothique. Dans cette salle des gardes, sorte de cul de basse-fosse, les corbeaux qui reçoivent les retombées des arcs sont ornés de sculptures variées, comme si l'artiste avait. voulu égayer la tristesse de ce sombre réduit.

L'église de Coucy-le-Château a été également l'objet de la visite des membres du Congrès, qui ont admiré son beau portail du XIIe siècle, et qui ont eu aussi un regard pour ses très remarquables fonts baptismaux.

Plusieurs sociétaires ont tenu à voir la chambre historique où est né César, duc de Vendôme, fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées. Elle est ornée d'une cheminée du XVIe siècle, qui porte une inscription rappelant cette naissance princière.

Visite du Musée, de la Bibliothèque

et de l'Ecole normale.

Le jeudi matin, on se rend au musée, qui s'enorgueillit, à bon droit, de la magnifique mosaïque de Blanzy (Orphée tenant les animaux sous le charme de sa lyre), et où l'on remarque le bas-relief en marbre blanc provenant du tombeau de Gabrielle d'Estrées. un grand tableau de Berthélemy « le siège de Calais » et un certain nombre d'objets de l'époque galloromaine, entre autres, une très curieuse statuette en bronze de Mercure avec son piédestal trouvé, il y a quelques années, à la Neuville-sous-Laon.

M. Mahon, conservateur de la bibliothèque, a obligeamment communiqué les richesses dont il a la garde. On sait quelle noble rivalité existait entre les abbayes de Cuissy et Vauclerc, toutes deux du diocèse de Laon, dont les moines, ces habiles miniaturistes, out largement contribué, dans cette région, à la renaissance artistique si marquée au XIIe siècle. Leur pinceau exercé, et doublé d'une patience infinie, a couvert le parchemin des missels et des évangéliaires de petits chefs-d'œuvre, de scènes charmantes de grâce et de naïveté, aux couleurs harmonieuses, bien fondues, et dont les procédés d'application sont si parfaits que les siècles n'en ont pas amorti l'éclat. Les vicissitudes des choses humaines ou les hasards des révolutions, ont fait entrer à la bibliothèque de Laon bon nombre de ces précieux manuscrits catalogués par M. Ravaisson et décrits par M. Ed. Fleury.

Après le musée, on visite l'école normale, où les congressistes sont reçus par M. Zeller, inspecteur d'Académie, M. Vaillant, directeur, et M. Midoux, qui avait disposé, avec beaucoup de méthode, un grand nombre de dessins et d'estampages, oeuvres de ses élèves, qu'il a su pénétrer de l'importance de ces relevés au double point de vue de la science épigraphique et du patriotisme local. Cette exposition com. prenait un très grand nombre de calques de cloches, pierres tombales, carreaux émaillés, inscriptions de

toutes sortes.

Ainsi que le disait très justement le « Courrier de l'Aisne, dans son numéro du 1er juillet 1887,

(( si

pareille chose avait été faite partout en France, << nous posséderions l'histoire du monument du cos

tume, de l'art et de la langue. M. Midoux a fait cette «histoire pour le département de l'Aisne; il l'a « retracée en des dessins d'un style précis, d'une correction incomparable, qui sont en même temps « des œuvres d'art du plus haut goût.

M. le Président du Congrès a adressé toutes ses félicitations à M. Midoux, et, en présence de ses collègues et de ses élèves, lui a annoncé que la Société, dont il est le directeur, lui décernait une de ses grandes. médailles de vermeil pour ses nombreux travaux archéologiques et pour son enseignement si remarquable et accordait une médaille d'argent à l'école normale et une de bronze à l'élève-maître, M. Durin, qui avait apporté le plus de zèle et d'intelligence dans les relevés graphiques.

L'annonce de ces distinctions a été vivement applaudie.

En sortant de l'école normale, plusieurs sociétaires

se sont rendus aux archives départementales, où ils ont été reçus par M. Matton, le savant conservateur. qui leur a fait voir plusieurs documents intéressants et le petit musée départemental dont il est l'organi

La séance est ouverte à deux heures. MM. Combier, Cortilliot, l'abbé Baton, le général Wilson, Choron et Janvier sont invités à prendre place au bureau.

M. Baudemant lit une notice de M. le docteur Leroux, de Corbeny, sur une intéressante collection d'armes et instruments en silex trouvés dans cette localité.

Ces silex sont présentés aux membres du Congrès, qui remarquent tout spécialement des flèches barbelées et pédonculées.

M. Travers donne communication d'un mémoire de M. le baron de Baye, sur une siste trouvée dans une sépulture de Castelletto-Ticino. Une reproduction photographique permet de juger de l'exactitude de sa description.

M. le Président communique une photographie de tous les membres du Congrès qui se sont rendus à Coucy. Cette épreuve a été prise dans la cour même du château, avec une instantanéité surprenante, par M. Thiollier, qui a, du reste, depuis longtemps habitué ses collègues à ses tours de force. Par suite de l'autorisation qu'il a bien voulu donner de faire usage de son cliché, un certain nombre d'épreuves pourront être distribuées aux membres du Congrès.

D'unanimes remercîments sont adressés à M. Thiol

lier.