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Roux conclut, avec le frère qu'il travaillait depuis si longtemps à dépouiller, un traité d'alliance dont les conditions n'indiquent pas qu'il ait le moins du monde réussi à se rendre le maître de la situation.

Ce traité fut conclu à Caen en présence des principaux seigneurs d'Angleterre et de Normandie (1). Il portait en substance:

Que le Duc céderait au Roi le comté d'Eu, l'abbaye de Fécamp, Cherboug, le Mont-St-Michel et les châteaux qui s'étaient donnés à lui. Mais en échange, le Roi promit au Duc une partie des places et des châteaux forts que leur père avait conservés pour lui-même en Angleterre (2);

2o Que le Roi s'engageait à aider en bon allié le Duc son frère à maintenir ou à rétablir la paix, tant dans le Maine que dans la Normandie;

3o Que le Roi rendrait à tous les barons du parti de son frère les domaines qu'ils avaient en Angleterre, et qu'il avait confisqués;

4° Qu'il donnerait au Duc lui-même les domaines qu'il lui avait promis antérieurement;

5o Que le survivant des deux frères hériterait des états de l'autre (3).

Telles furent les conditions du traité de Caen qu'Orderic n'ose donner, car elles contiennent dans leur dernière clause une affirmation nouvelle des droits de celui qu'Henri Ier dépouilla si odieusement, et

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cependant Orderic semble reprocher ce traité à Robert comme un acte de faiblesse et de lâcheté (1). Les deux princes choisirent chacun douze de leurs barons pour témoins des engagements qu'ils prenaient, et pour arbitres des difficultés qu'en pourrait soulever l'exécution. Aussi ces seigneurs, constitués en une sorte de tribunal d'honneur international, jurèrent-ils solennellemeut toutes les pactions cidessus au nom de leurs maîtres (2).

Après ce traité, dont les conditions ressemblent si peu à celles que Guillaume le Roux eût imposées s'il eût été vainqueur, l'exécution en fut immédiatement commencée, et les deux princes se préparèrent à aller mettre ordre aux affaires du Maine, où Hugues d'Est était venu, et d'où il venait de repartir pour l'Italie, en vendant tous ses droits sur le comté à Hélie de La Flèche, son cousin, comme lui descendant par les femmes des vieux comtes Manceaux (3).

Mais le troisième fils de Guillaume le Conquérant, Henri Beauclerc, n'avait pas été compris dans la réconciliation de ses deux aînés, et continuait à ravager une partie de la Basse-Normandie. Ses deux frères durent s'occuper d'abord de lui (4)..

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