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On était alors au temps de la Pentecôte 1090. Les intrigues que le roi d'Angleterre entretenait de l'autre côté de la Manche étaient loin d'avoir cessé. Son argent, ses promesses continuaient à soutenir tous les mécontents (1). Il avait réussi à trouver de nombreux complices parmi la haute et turbulente noblesse qui cherchait dans son appui un moyen de s'affranchir de toute autorité; il parvint même à faire éclore une dangereuse conspiration parmi les plus riches bourgeois de Rouen, gagnés à force d'argent et de promesses (2).

Un certain Conan, fils de Gilbert Pilate, et l'un des plus importants de la ville, s'engagea à en livrer les portes aux sujets du roi d'Angleterre. Après s'être entendu avec une partie de ses concitoyens, espérant venir à bout par la surprise et la force, de ceux qui restaient fidèles à leur prince légitime, il fixa le jour où il accomplirait sa trahison et ouvrirait les portes de la capitale Normande aux troupes ennemies. Ce fut le 3 novembre qu'il choisit. Pour ce jour-là, Guillaume le Roux avait augmenté ses envois de troupes, et ses excitations à ses partisans. Ils se réunirent à Gournay, et de là marchèrent sur Rouen.

Le duc Robert, bien qu'instruit tardivement du complot, avait eu le temps de faire appel à ses seigneurs. Le comte d'Évreux, Guillaume de Breteuil, Robert de Bellême, Gilbert de Laigle répondirent à

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ses ordres. Henri Beauclerc, son frère, brouillé depuis quelque temps avec Guillaume le Roux, accourut lui-même, et l'un des premiers, si l'on en croit son panégyriste Orderic.

Le 3 novembre 1090, Conan et les conjurés qu'il avait avertis prenaient les armes, et allaient recevoir à la porte de Caux Renaud de Varennes à la tête de trois cents chevaliers. Mais au même moment, Gilbert de Laigle entrait par une porte du Nord avec des troupes fidèles.

Suivant Orderic, ce serait son héros, le futur roi Henri, qui, sortant du palais ducal avec son frère, aurait par sa vaillance réprimé la sédition, tandis que le duc Robert se serait lâchement enfui par le faubourg de Malpalu, où, malgré le bon accueil que lui firent les habitants, il n'osa s'arrêter. Se jetant dans une barque sur la Seine, il se serait échappé jusqu'à Emendreville, où le moine Guillaume d'Arques, un de ses habituels conseillers, lui offrit un refuge dans l'église du prieuré de Notre-Damedu-Pré pour attendre en sûreté la fin de la lutte (1).

Mais il ne faut pas oublier que c'est Orderic qui raconte ce trait de lâcheté, et que le misérable à qui il l'impute fut avec Godefroy de Bouillon le plus intrépide héros de la Croisade (2); et il faut toute l'aveugle servilité de l'auteur pour avoir osé seulement indiquer une comparaison entre la bravoure et les qualités militaires des deux frères.

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