Robert de Normandie, et son cousin, Robert de Flandre, lui gardèrent toujours la plus noble fidélité.

Cependant il semble que les Croisés aient voulu reconnaître les vaillants et généreux services de notre Duc; quand il fallut élire un patriarche pour la Ville Sainte, ce fut le chapelain du duc de Normandie qui réunit les suffrages.

C'était un Flamand d'origine, le pieux et savant (1) Arnoul de Rohes ou de Roeuls, qui avait jadis professé à Caen avec distinction, et que la princesse Cécile, abbesse de la Trinité, avait donné à son frère Robert au moment de son départ. C'était à lui qu'Odon de Bayeux, mourant à Palerme, avait laissé son riche mobilier; et le premier primat de la Croisade, Adhémar, l'évêque du Puy, lui avait légué son autorité apostolique de Légat (2).

Ce choix, honorable pour le duc Robert, déplut aux Méridionaux, qui reprochaient à Arnoul de n'avoir point cru à l'authenticité de la Sainte-Lance trouvée à Antioche; et un an après son élévation, Arnoul abandonna son siége patriarcal à Daymbert, évêque de Pise.

Cependant, déjà le duc Robert et plusieurs des Croisés voyant leur œuvre accomplie, se préparaient à repartir pour l'Europe, quand le danger vint menacer leur conquête.