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de Bouteville, en faisant faire des travaux importants de restauration à son église paroissiale.

L'Exploration archéologique, que Lièvre projetait d'étendre à tout le département, et qui est malheureusement restée limitée aux cantons de Saint-Amant-de-Boixe. Aigre et Mansle, était un des meilleurs types de ce genre de travaux, qui groupent renseignements et documents historiques et archéologiques, pour diverses périodes, autour d'un nom de lieu ou de monument (1).

Plus spéciales et plus précises deviennent les observations suggérées à M. Berthelé par l'examen de l'église de Courcôme et de ses éléments d'âge différent (2): la description, véritable document de statistique monumentale », que donnent de l'église Saint-Pierre de La Rochefoucauld, avant sa démolition partielle, MM. George et Guérin-Boutaud (3). Mù par la même pensée de conserver au moins le souvenir d'un des monuments les plus curieux et les plus rares. menacé d'une destruction rapide par l'action des éléments extérieurs. M. le Dr Gaillardon a consacré à l'Église souterraine d'Aubeterre (4) une description minutieuse et précise. et cherché à établir, sans essayer de dissimuler les parties de ses conclusions sujettes à revision, l'âge de cet étrange monument et celui de l'édicule placé dans l'abside.

Nous ne saurions terminer sans citer l'effort louable de M. l'abbé Martin, curé-doyen de Châteauneuf. qui, dans ses Annales paroissiales, a consacré maintes pages aux églises de son doyenné et essayé d'attirer sur elles Fattention des archéologues.

Certaines études de détails méritent une mention parti

(1) Bull. Soc. Arch. Charente. 1878-79. 1881 et 1883. Tir. à part, Ang., in-8, 262 p.; pl.

(2) Bull. Soc. des Antiq, de France, 1886

(3) Bull. Soc. Arch. Charente. 1901.

(4) Ibid.. 1911.

culière. La question des statues équestres qui ornent les façades des églises romanes et de leur symbolisme a été posée à maintes reprises dans les discussions de la Société: liée à celle des cavaliers des fresques du Temple de Blanzac, elle a donné lieu à d'intéressantes observations, en dernier lieu de la part de MM. Biais et de La Martinière 1. Les sujets iconographiques de la façade de la cathedrale ont été examinés aussi avec profit par M. George, ceux du basrelief de l'église de Ruffec présentent une énigme à la solution de laquelle M. Chauvet s'est attaché (2).

Des restes de peintures murales ont été signalées à bon droit par M. Biais, à Bouteville et à Torsac (3). M. Dumuys avait, à Anais, découvert et relevé la litre funèbre de François VI de La Rochefoucauld 4). M. l'abbé Denise a décrit un tombeau décoré du XIIIe siècle découvert à SaintMédard-d'Auge (5. M. l'abbé Fourgeaud a étudié le tombeau d'Ansac et, plus heureux, pénétré le secret de ses gisants défigurés 6 .

Mais c'est surtout l'étude du mobilier ecclésiastique qui a profité de bonnes fortunes et d'études comparatives.

Des circonstances fortuites mettaient au jour, en 1896. dans un pré de la commune de Cherves, un trésor liturgique et archéologique constitué de tout un lot de pièces d'orfèvrerie formant la parure d'un autel de la grande époque limousine. La Société archéologique de la Charente fut heureuse de pouvoir insérer dans ses mémoires un travail descriptif, accompagné d'un album de planches, de ces pièces précieuses, dont voulut bien se charger un éminent spécia

(1) Bull. Soc. Arch. Charente, 1878-79, p. 323; 1900, p. CLV1; 1904-05, p. cm.

(2) Ibid., 1900, p. xxxv; 1904-1905, p. xxvm; 1910, p. cm.

(3) Réunion des Soc. des Beaux-Arts, 1911, p. 143.

(4) Bull. Soc. Arch. Charente, 1887. p. 3.

(5) Ibid. 1889, p. LXII

(6) Ibid., 1898, p. 261.

liste, M. Barbier de Montault (1). Auteur déjà d'une étude sur les fers à hosties de l'arrondissement de Confolens 2), M. Barbier de Montault a encore enrichi les bulletins de la Société d'une étude sur Les crosses limousines de l'évêche d'Angoulême, découvertes dans les tombeaux de la cathédrale et aujourd'hui déposées au Musée de la Ville 3). L'étude des cloches trouverait beaucoup d'éléments épars dans le Pouillé historique du diocèse d'Angoulême, de M. l'abbé Nanglard. qui a relevé, dans sa description des paroisses, les dates, inscriptions, marchés, et qui prépare d'ailleurs un travail d'ensemble sur ce sujet. Tout récemment. M. Touzaud a pu examiner et décrire dans les meilleures conditions Deux cloches gothiques exhumées d'une cachette à Ébréon (4).

Antérieurement, M. de Fleury avait utilisé des documents très précis sur Les anciennes orgues de la cathédrale d'Angoulême (5).

Les études (6) que M. Biais a consacrées aux stalles de l'abbaye de Bassac. à la chapelle Saint-Gelais et à la colonne d'Épernon de la cathédrale nous amènent à une période moderne et nous font pénétrer dans le domaine de l'art, qui lui a fourni d'intéressants sujets de communications.

L'architecture civile et militaire n'est guère représentée dans cette énumération. Les fortifications d'Angoulème ont fait l'objet d'une étude très serrée de M. George dans la

(1) Bull. Soc. Arch. Charente, 1897, p. 81-256: Le trésor liturgique de Cherves.

(2) Ibid.. 1895, p. 177.

(3) Ibid., 1901, p. 1-21.

(4) Ibid., 1911.

(5) Ibid., 1889, p. 215.

(6) Réunion des Soc. des Beaux-Arts, 1891, 1893, 1895.

Topographie historique 1 de cette ville. La mise à jour. postérieurement. de quelques restes anciens, le désir de reproduire les pans de murailles, les tours et inscriptions les plus intéressants et d'utiliser les quelques découvertes récentes en cette matière nous ont valu sur ce sujet un chapitre nouveau dans l'Inventaire archéologique d'Angoulème 2.

Ce dernier ouvrage. qui présente. sous une forme agréable. heureusement groupés et encadrés d'un texte sobre et précis. tous les restes d'objets et de constructions intéressants qui n'exigent pas une monographie spéciale. fait souhaiter que le plan en puisse être étendu sur un rayon plus vaste par une collaboration plus large.

Les Monuments angoumoisins de la Renaissance, les Tapisseries de la Licorne et divers Portraits du château de Verteuil ont fait l'objet de notices savantes de M. Biajs 3).

Il faut se contenter de signaler les études consacrées par MM. Lafitte. Guérin-Boutaud. Henri Martin, à un genre de constructions qu'il est difficile de reporter à une époque et même à un usage déterminés, les souterrains-refuges, ou cluseaux, qu'on rencontre disséminés dans toute la région. La sigillographie de l'Angoumois a été étudiée et décrite par MM. Mallat et Bosredon 4.

Enfin, il faut au moins citer les recueils de textes. tels que celui de M. de Fleury « pour servir à l'histoire des arts en Angoumois » au XVIIe siècle 5, et les inventaires de meubles des châteaux de Jarnac, de Verteuil, La Rochefoucauld et la Terne, publiés par MM. Biais et de Fleury (6.

(1) Bull. Soc. Arch, Charente, 1898. p. 1-130.

(2) Ibid., 1906-07, p. 293-398.

(3) Reunion des Soe, des Beaux-Arts, 1895, 1902, 1905.

(4) Périgueux, 1892, in-4°.

(5) Bull. Soe. Arch Charente, 1881, p 111-169.

(6) Ibid., 1886 et 1889.

Si ce tableau d'ensemble a dû laisser dans l'ombre maint détail curieux, mainte personnalité intéressante, il suffit, du moins, pour montrer que chaque grande période et presque chaque branche de l'archéologie nationale a été, en Charente. honorablement représentée et que l'activité scientifique ne s'est pas ralentie.

Si, par une anomalie singulière au premier abord. l'épo que romane. qui a laissé dans les campagnes une vraie parure monumentale, a paru trop négligée, il est permis, dès maintenant, pour combler cette lacune, d'annoncer l'apparition prochaine des études patiemment et méthodiquement préparées de MM. George et Guérin-Boutaud sur les Eglises romanes de l'ancien diocèse d'Angoulême, qui seront un guide précieux pour de nouvelles études.

Au moment où la Société archéologique de la Charente, ayant obtenu sa reconnaissance comme établissement d'utilité publique, s'apprête à réorganiser son musée dans des locaux plus vastes, le Congrès d'Angoulême est bien venu à l'heure propice aux espoirs de ceux qui veulent développer encore le goût et l'étude des antiquités et des richesses d'art locales.

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