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vertes très intéressantes et qui, après avoir été menacée de destruction, est heureusement sauvée aujourd'hui.

Il existait à Sallertaine au XIe siècle un prieuré, et par conséquent une église. L'ancienne église paroissiale étant du XIIe siècle, il y avait intérêt à rechercher s'il ne restait pas, dans la construction actuelle, les traces d'un édifice antérieur. Les fouilles de M. l'abbé Grelier ont répondu pleinement à cette question. Il a pu retrouver dans le mur nord de la nef des parties importantes d'un mur en petit appareil qu'il attribue au XIe siècle et qui a été utilisé au XIIe pour une église voûtée. L'établissement des voûtes a eu pour conséquence toute naturelle l'addition à l'intérieur des colonnes engagées pour recevoir les doubleaux, et à l'extérieur des contreforts destinés à opposer une résistance à la poussée de ces voûtes, mais il est surprenant que les contreforts et les colonnes engagées ne soient pas dans le mème axe. Il y a de plus mème distance entre les axes des colonnes engagées et les axes des contreforts, qui devraient leur correspondre exactement: ce qui amène à conclure que cette anomalie, non voulue, est due à une erreur de calcul.

M. l'abbé Grelier a terminé son exposé par la description des peintures qu'il a découvertes, parmi lesquelles il faut signaler une Crucifixion, et des nombreuses sépultures creusées dans le roc et qu'il a mises à jour.

M. E. Lefèvre-Pontalis félicite vivement M. l'abbé Grelier des résultats qu'il a obtenus grâce à ses fouilles méthodiques, ainsi que du zèle qu'il a apporté dans le sauvetage d'un des plus vieux sanctuaires vendéens. Il ajoute quelques observations et donne plusieurs exemples d'irrégularités de plantation dans les églises du moyen âge.

M. E. Lefèvre-Pontalis étudie l'église abbatiale de Sablonceaux, dont la nef était recouverte primitivement de trois coupoles sur pendentifs. Une seule de ces coupoles du XIe siècle a été conservée, elle est semblable à celle du carré du transept. Le chevet a été construit à trois époques

différentes au XIVe siècle. Les bâtiments romans de l'abbaye subsistent encore en partie. Ils ont été achetés par la Commission des Monuments historiques pour 10.000 francs.

M. R. Triger informe les membres du Congrès que la maison de la reine Bérengère au Mans est toujours menacée de destruction. Sur sa demande, la Société émet le vœu que la ville s'en rende acquéreur et en fasse un musée.

M. Imbert passe en revue les travaux parus dans la Charente sur l'archéologie préhistorique, l'archéologie galloromaine et l'archéologie du moyen âge. Il annonce qu'une étude complète sur l'architecture romane dans l'ancien diocèse d'Angoulême sera bientôt publiée par MM. George et Guérin-Boutaud.

Déjeuner du Jeudi 20 Juin à Saint-Émilion.

A l'hôtel de Plaisance, où les Congressistes ont déjeuné, avaient pris place à la table d'honneur les représentants de la Société archéologique et historique de Saint-Émilion. et ceux de la Société des viticulteurs de Saint-Émilion, qui avaient très aimablement offert les meilleurs vins de leur cru. Au dessert, des toasts ont été prononcés par MM. E. Lefèvre-Pontalis. Du Foussat, président de la Société archéologique et historique de Saint-Emilion, et M. le marquis de Fayolle.

Les membres du Congrès ont gardé le meilleur souvenir de l'accueil très cordial qu'ils reçurent dans la charmante cité de Saint-Emilion.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU JEUDI 20 JUIN

PRÉSIDENCE DE M. E. LEFEVRE-PONTALIS

Prennent place au bureau: MM. Deshoulières, directeur adjoint de la Société, Raymond Chevallier et Serbat, secré taires généraux. Banchereau, trésorier, Michel-Dansac, membre du Conseil.

La séance est ouverte à 9 heures 1,4.

L'assemblée ratifie à l'unanimité la nomination de trois nouveaux membres du Conseil administratif de la Société : MM. Jarry, Pierre Dubois et André Rhein, ce qui porte à 42 le nombre des membres du Conseil.

M. E. Lefèvre-Pontalis informe l'assemblée que MM. Maurice Barrès, de l'Académie française, et Maurice Prou, membre de l'Institut, ont été nommés membres du Comité d'honneur par le Conseil, ce qui porte à 14 au lieu de 12 le chiffre des membres de ce Comité.

Le Président souhaite la bienvenue au nouveau Directeur adjoint de la Société. M. Deshoulières, qui remercie la Société de son bienveillant accueil et s'exprime en ces

termes :

MES CHERS CONFRÈRES,

Je ne puis laisser passer les trop indulgentes paroles que notre Directeur vient de prononcer à mon sujet, sans lui exprimer toute ma gratitude et sans vous remercier des applaudissements par lesquels vous les avez saluées. Permettez-moi d'ajouter combien j'ai été touché des témoignages de sympathie que beaucoup d'entre vous m'ont adressés à l'occasion de ma nomination aux fonctions de Directeur adjoint de la Société française d'Archéologie.

Voilà de grands encouragements, et, certes, ils me sont précieux! Car, je suis le premier à l'avouer, ce ne sont pas mes

titres qui me désignaient à ce poste très lourd pour mes forces. Si cependant je l'ai accepté, c'est parce que j'ai compris que dans la direction de cette grande Société il y avait deux parts à délimiter l'une, toute intellectuelle et qui consiste à diriger la science archéologique dans cette voie du progrès où elle s'est engagée à grands pas depuis que son enseignement est confié à notre Directeur. C'est lui qui doit guider les études du monde savant en disséquant nos monuments du moyen âge, en expliquant les problèmes qui sont liés à leur construction et en en tirant les déductions qui feront connaître les règles de l'architecture médiévale. Rassurez-vous, mes chers Confrères, cette tache demeure tout entière celle de mon éminent ami LefèvrePontalis, et ni aujourd'hui, ni demain, je n'aurais la témérité de l'affronter.

Ma besogne demeure beaucoup plus modeste. Elle consistera uniquement à prendre pour moi les nombreux soucis matériels qui font la seconde partie des occupations du Directeur, et qui absorbent son temps au détriment de ses études.

Malgré cette simplification du travail, je n'aurais jamais consenti à entrer dans votre bureau, si je n'y avais été amicalement poussé par les encouragements de mon très sympathique prédécesseur, aujourd'hui notre Directeur honoraire, M. Émile Travers, qui, dans une lettre des plus affectueuses et des plus pressantes, après m'avoir expliqué comment sa santé l'obligeait à renoncer à toute collaboration effective, m'invitait à accepter sa succession.

Vous savez quel dévouement M. Émile Travers a consacré à votre Société depuis l'année 1867, où, jeune archiviste-paléographe, il y faisait ses débuts. Appelé en 1870 à siéger au Conseil de Préfecture de Caen, il se trouvait alors en Normandie sur le terrain de ses études les plus fructueuses, et vous vous souvenez avec quelle science, en 1908, il nous initiait au mystère des origines de la Tapisserie de Bayeux. Ce souvenir est pour nous rappeler les charmes de son commerce durant nos Congrès, dont il était l'hôte assidu, et où chacun appréciait la prudence de ses sages conseils et la délicatesse de son grand cœur. Il était un ami, et grâce à Dieu, il reste un ami, et pour longtemps encore nous l'espérons.

Excusez-moi, Mesdames et Messieurs, de vous avoir si longtemps entretenu de ma personnalité ou d'y avoir rattaché tout le sujet de mes paroles. Mais j'avais été mis sur la sellette par notre Président c'est de lui tout d'abord dont j'aurais voulu vous parler en vous rappelant un événement récent autrement honorable pour notre Société que le fait de ma nomination.

Vous savez tous qu'à l'occasion du dernier Congrès des Sociétés savantes, M. E. Lefèvre-Pontalis a été nommé chevalier de la Légion d'honneur, et vous vous êtes tous réjouis à l'annonce de cette distinction. Je veux insister devant l'Assemblée générale, et vous apprendre, si vous ne l'avez pas lu dans le Journal Officiel, que c'est au titre spécial de Directeur de la Société française d'Archéologie, de Président de nos Congrès et de Directeur du Bulletin Monumental, que cette récompense, toute spontanée, lui a été accordée par M. le Ministre de l'Instruction publique.

Vous, mes chers Confrères, qui êtes les collaborateurs zélés de nos Congrès, les lecteurs attentifs du Bulletin Monumental, cette revue qui fait autorité dans le monde savant, et qui a pris place au premier rang parmi les publications scientifiques, vous savez combien cette nomination est méritée, vous appréciez l'honneur qui a rejailli sur notre Société et vous la considérez comme le juste prix d'un dévouement et d'une science dont vous êtes les premiers à bénéficier.

Je demande à l'Assemblée générale d'être son interprète pour apporter à notre Directeur nos plus sincères, nos plus affectueuses félicitations.

M. Banchereau, trésorier de la Société, donne ensuite lecture des comptes pour l'exercice 1911; ils sont approuvés à l'unanimité.

M. Michel-Dansac, membre du Conseil de la Société, lit le nouveau règlement intérieur de la Société, qui est approuvé à l'unanimité sans aucune objection.

Personne ne demandant la parole, la séance est levée à 10 heures 1/2.

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