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On accédait de l'intérieur de l'église à la galerie haute par un escalier creusé dans le rocher, dont la porte se trouve dans le bas-côté à cinq mètres de l'angle sud-ouest.

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La porte, pourvue d'une profonde feuillure, donne dans une sorte de vestibule arrondi, d'où part la première volée de l'escalier qui longe la paroi du rocher, passe à l'aide de paliers derrière la paroi sud, revient dans la face ouest et débouche dans le sol de la galerie supérieure au-dessus du

vestibule d'entrée, en face de la treizième ouverture de cette galerie. Les marches sont taillées dans le rocher et éclairées, ainsi que les divers paliers, par des ouvertures en plein cintre qui donnent à cette partie du monument l'aspect le plus pittoresque. La décomposition d'une partie du rocher dans les rampes de l'escalier ne permet pas aujourd'hui de s'en servir sans danger, et la galerie supérieure n'a d'autre accès que l'extrémité de la galerie nord, ouverte dans le flanc du cotean.

Il existait une troisième entrée, aujourd'hui encombrée de pierres, à l'intersection des deux galeries, dans l'angle nordouest. Elle débouchait, par des couloirs très étroits et en pente très raide, au sommet de la colline, dans l'enceinte même du château. On a prétendu que ce couloir avait été creusé pour permettre aux seigneurs d'Aubeterre de communiquer directement avec l'église qui leur aurait servi de chapelle seigneuriale, puis de chapelle funéraire et d'assister aux offices, dans la galerie qui leur était réservée. Cependant la galerie était publique, car elle est en communication avec le rez-de-chaussée par un escalier. D'ailleurs, la chapelle seigneuriale existe encore dans l'enceinte du château et l'église Saint-Jean n'était pas une chapelle funéraire, car elle est restée paroissiale jusqu'à la Révolution. Que la communication entre le plateau et la galerie haute de l'église monolithe existe et que l'on ait pu en user, cela est certain. mais que de puissants seigneurs aient fait percer pour leur usage particulier un boyau d'un accès aussi difficile, on me permettra d'en douter et d'y voir plutôt les ramifications de souterrains de toute autre nature.

En effet, peu avant de déboucher sur la galerie, l'étroit couloir bifurque à gauche et s'élève par une rampe rapide jusqu'au sommet de la colline, tandis qu'à droite il descend à une chambre taillée dans le rocher et pleine d'eau. Est-ce une citerne ou un bassin creusé pour capter une source, comme celui auquel on accède par un couloir qui s'ouvre dans la

galerie ouest? Avait-on creusé ces bassins pour les besoins de la forteresse ou pour rassembler les eaux d'infiltration dont les chéneaux devaient conduire au dehors le trop plein? En hiver, ce passage, dans lequel auraient circulé les seigneurs d'Aubeterre, sert de lit à un ruisseau qui tombe en cascade dans l'église et a emporté une partie de la galerie, avec sa cloison monolithe et ses fenêtres. Il me semble que ces souterrains doivent leur origine plutôt à l'utilisation de quelque source et à la nécessité de la détourner du chemin qu'elle a repris aujourd'hui.

L'entrée de l'église monolithe se trouvait à l'extrémité d'une galerie qui débouche dans la face est de la nef, à son point de jonction avec la face nord, par un arceau de 4 mètres d'ouverture. Cette galerie, fermée extérieurement par une porte sans caractère, a 17 mètres de longueur, mais elle devait primitivement se prolonger au delà de la porte actuelle, car on remarque dans le rocher, au nord, des excavations qui conservent des restes de peintures murales. Les deux côtés de la galerie, que recouvre un plafond plat, sont formés par le rocher. mais la paroi sud. qui est mitoyenne avec les chapelles ruinées dont il a été question au début de ce travail et qui a dû, comme elles, souffrir de l'effritement de la roche, est entièrement revêtue d'un doublage en quartelage. La paroi nord, au contraire, est intacte. On y a pratiqué plusieurs excavations; trois, de forme rectangulaire, devaient abriter des tombeaux: cependant, on a cru voir dans l'une d'elles, plus profonde, la trace d'un autel. A côté de la porte, une sorte de couloir renferme T'entrée, aujourd'hui obstruée, d'un escalier creusé dans le rocher. Cet escalier conduisait à un clocher en pierre construit au-dessus de l'entrée de la galerie sur une plate-forme de l'escarpement, dont les seuls témoins sont les trous percés dans la voûte pour le passage des cordes des cloches.

Parallèlement à celle-ci, au sud des chapelles détruites.

une seconde galerie longe le pied de la nef. dont elle est séparée par une cloison monolithe, et se prolonge dans l'intérieur de la colline. Cette galerie est fermée par un mur dans lequel s'ouvre un portail surmonté d'un oculus et flanqué de deux fenêtres paraissant dater du XVIIe siècle. Des traces d'appropriation, visibles extérieurement à cette porte, sur le prolongement de la paroi sud, prouvent que la partie antérieure de la galerie a été détruite, entraînée aussi sans doute par l'effondrement des chapelles médianes. Cette galerie, qui a environ 31 mètres de longueur. peut se diviser en deux parties distinctes. La plus éloignée de l'entrée est très fruste et présente l'aspect d'une carrière abandonnée. Le plafond est plat avec une portée de 9 mètres; le sol, encombré de gros blocs, n'a pas été aplani et on ne découvre sur les parois aucun indice d'utilisation. Au contraire, la partie comprise entre la porte d'entrée et le prolongement du bas-côté de l'église a été soigneusement aménagée. Large de 750, elle est voûtée en berceau très surbaissé on a creusé le long de ses faces latérales des enfeux en plein cintre ou en tiers-point recouvrant des tombeaux. Une croix inscrite dans un cercle, semblable aux croix de consécration du XIIe siècle, surmonte une arcade.

Pendant la Révolution, un atelier pour la fabrication du salpêtre fut installé dans cette galerie: un des enfeux. agrandi et fermé par un mur, servait de fourneau. En face de cet enfeu on a pratiqué, dans la cloison massive qui sépare la galerie de l'église monolithe, une ouverture rectangulaire pourvue d'une feuillure et large de 235. La disposition habituelle des portes des églises en face de l'autel a fait croire que c'était l'entrée principale de l'église SaintJean et que la galerie qui la précède servait de vestibule. Je pense au contraire que cette ouverture, véritable porte charretière, est moderne et a été établie pendant le fonctionnement de l'atelier de salpêtre pour se débarrasser des terres épuisées. Quand, plus tard, l'église est devenue un

cimetière, on a pu utiliser cette porte, qui par l'usage est devenue la principale entrée, mais les ouvriers primitifs ne l'auraient pas tracéc, sans motif, en dehors de l'axe de la nef et à l'est du centre de l'abside.

En outre, le seuil de cette porte ne correspond au niveau ni du sol de la galerie ni du sol de la nef. En effet, il résulte de sondages effectués dans les terres de remblai que le sol se trouve, dans l'intérieur de la galerie, à 2m 25 au-dessous du niveau actuel du remplissage, dans les enfeux à 2 mètres et dans le tableau de la porte à 155 seulement. D'autre part, le sol, dans la nef, est à 3m 20. Ces mesures établissent que le niveau du sol de la galerie était à 1 mètre au-dessus de celui de la nef et n'aurait pu communiquer avec elle que par un escalier dont il n'y a pas trace. Le seuil de la porte de communication se trouvant à 0o1 70 audessus du sol de la galerie et à 1m 65 au-dessus de celui de la nef, il n'a pu être arrêté à ce niveau que lorsque déjà la galerie et la nef étaient en partie remblayées, car on n'aurait pas pu l'utiliser auparavant.

La hauteur du remplissage dont le seuil donne le niveau s'est successivement élevée par l'apport des terres qui transformèrent l'église et les galeries en cimetière. La galerie communique avec le bas-côté de l'église par une seconde ouverture placée sous l'escalier qui conduit aux galeries supérieures. Cette baie n'a aucune forme régulière, c'est une faille du rocher, probablement élargie pour le transport des

terres.

Il n'existait donc primitivement aucune communication entre cette galerie et l'église monolithe. Comme à SaintEmilion, elle a pu servir d'ossuaire, et de même qu'à SaintÉmilion et à Gurat l'entrée de l'église se faisait latéralement, par la galerie nord. Il existait pourtant dans la grande muraille, à l'est de la nef, près de l'angle sud-est, une porte, aujourd'hui cachée sous le quartelage qui double le rocher, et qui donnait dans un passage compris entre la

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