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angles, et au milieu de chaque côté; l'astragale est formé par une torsade. Le second présente une disposition inverse: les volutes, très finement côtelées, sont à la partie supérieure, et celles qui se rencontrent aux angles sont très habi

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lement détachées de la masse; la surface apparente de la corbeille est recouverte d'écailles; l'astragale est uni (1). Chacune des chapelles rayonnantes était éclairée par une fenêtre unique, étroite, ébrasée seulement vers l'intérieur;

(1) Ces deux chapiteaux ont une hauteur commune de 0m 45 et leur corbeille mesure à la partie supérieure 0 40 0 40.

deux petits contreforts très plats l'épaulaient au dehors, comme il y en avait aux chapelles rayonnantes de l'abbaye de Charroux, et comme on en voit encore à la chapelle du château de Montmoreau (Charente) (1).

Les fenêtres éclairant le déambulatoire entre les chapelles étaient du même plan que les précédentes; mais elles étaient encadrées à l'intérieur par un grand are de décharge qui retombait sur deux colonnettes logées dans un angle rentrant. C'est à l'une de ces colonnettes que semble avoir appartenu un chapiteau richement décoré de fruits d'arum. de palmettes et de volutes, qui mesure 0 45 de haut. 030 X 030 au sommet, destiné à un fùt de 020 de diamètre, et qui appartient aujourd'hui à M. Babaud-Lacroze.

Le transept, dont il reste la base des murs ouest et sud du croisillon méridional, ne devait renfermer qu'une travée dans chaque bras. Il n'y avait pas de chapelles orientées s'ouvrant dans les croisillons, suivant un plan adopté aussi à SaintPierre de Chauvigny. Une tourelle d'escalier, qui existe encore en partie dans l'angle sud-est du croisillon, conduisait à une étroite galerie ménagée dans l'épaisseur du mur pignon du croisillon, et qui s'ouvrait sur le transept par trois petites baies amorties en plein cintre, visibles encore aujourd'hui au-dessus du toit des maisons construites sur l'emplacement du transept. Cette galerie était couverte de dalles: au-dessus. le mur du transept avait moitié moins d'épaisseur, mais un quadruple ressaut rachetait la différence à Textérieur. Une porte, remaniée au XVe siècle, était percée au milieu du mur sud du transept, pour donner accès aux bâtiments monastiques. A l'extérieur du mur occidental du même croisillon se trouvent deux enfeus; ils sont formés de deux ares en plein cintre, sans aucune moulure, retombant sur un pilastre commun, et rappellent les dispositions ana

(1) Il subsiste encore un fragment de construction ayant appartenu à la première chapelle rayonnante au nord,

logues existant à Airvault (Deux-Sèvres), à Saint-Amantde-Boixe (Charente), à Montbron (Charente), ou à Conques (Aveyron) (1).

A la place correspondante dans le croisillon nord, dont rien ne subsiste aujourd'hui, la tradition locale place un portail qui s'ouvrait dans le transept, comme dans l'église abbatiale de Solignac (Haute-Vienne).

Il semble que le centre de l'édifice ait subi, au XIIIe siècle, dans les parties hautes, un remaniement important; c'est ce que fait croire une belle clef de voûte provenant de l'abbaye de Lesterps, et qui est conservée aujourd'hui à Saint-Junien, dans une propriété particulière (2). Mesurant 055 de diamètre, ornée d'une tête dont la bouche et les tempes laissent échapper des branches de lierre ou des pampres, elle porte les amorces de quatre nervures, dont le profil est formé d'un tore en amande entre deux baguettes et deux cavets; elle est en pierre granitique jaune, analogue à celle de la cathédrale de Limoges et du choeur de la collégiale d'Eymoutiers.

Les mêmes travaux affectèrent également les dernières travées de la nef vers le transept. Il en reste aujourd'hui un témoin du côté sud, consistant en deux travées de mur, cantonnées par trois colonnes engagées, dont j'ai déjà parlé. La colonne centrale, engagée directement dans le parement, se trouve en retrait sur les deux autres, engagées dans un dosseret. Ces colonnes, dont les chapiteaux feuillagés sont surmontés d'un tailloir carré profilé d'un listel et d'un tore, supportaient la retombée de trois doubleaux d'un bas-côté, dont l'are d'encadrement sur le transept se voit encore sur la gravure déjà mentionnée de Léo Drouyn, avec un tracé en tiers-point et sans aucune moulure. J'ai déjà décrit les

(1) Voir Lasteyrie (R. de), op. cit., p. 716-719.

(2) Elle appartient à M. Rigaud propriétaire à Saint-Junien, qui a bien voulu nous permettre de l'examiner.

deux fenêtres qui éclairaient ce bas-côté; leurs appuis. soulignés par un cordon formé de deux boudins de saillie décroissante, sont à des niveaux différents: le plus à l'est. plus élevé que l'autre, laissait sans doute passage à une porte donnant accès dans l'intérieur du monastère. Vers la nef, ce bas-côté était cantonné par des piles, dont le plan, d'après le relevé de M. l'abbé Bourdier, était cruciforme, et présentait, du côté du collatéral, un pilastre, et du côté de la nef. deux colonnettes accouplées (1).

Avant de quitter cette partie de l'église de Lesterps, il faut signaler trois morceaux de sculpture qui ont dù concourir à son ornementation, et se trouvent aujourd'hui appliqués sur le mur méridional de la nef. Ce sont trois médaillons de pierre calcaire, de 070 ou 0m80 de diamètre. à champ concave sur lequel se détachent des figures d'un faible relief. Sur l'un d'eux est représenté le Christ, portant un nimbe crucifère, assis sur un siège dont les pieds sont formés de colonnettes reliées par des arcs en plein cintre : il est vêtu d'une chape et sa main gauche tient un livre. tandis que sa main droite, démesurément grande, est levée pour bénir. Sur l'autre, on voit la Vierge, assise sur une sorte de bane à base pleine percée de trous rectan

(1) Le remaniement dont on vient de parler semble avoir profondément modifie la partie de la nef avoisinant le transept; car, tandis que la distance de la dernière pile de la nef actuelle à l'ancienne pile d'angle du transept égalait exactement deux travées de la nef, et que l'on aperçoit encore sur la gravure de Drouyn l'arrachement d'une arcade de la nef vers le transept, l'architecte du XIIIe siècle établit à cette place deux travées plus petites et une travée de raccordement. Cette nouvelle construction est complètement hors d'alignement avec les parties voisines de la nef, et le collatéral, au point où les deux constructions se soudent l'une à l'autre, subit un étranglement considérable. Cette différence d'alignement pourrait trouver son explication dans le fait que les trois premières travées de la nef, affectées au service paroissial, étaient complètement séparées du reste de l'édifice, exclusivement réservé aux religieux, et que l'on appelait « les grandes églises »

gulaires; de la main droite, elle tenait un objet, aujourd'hui brisé, ressemblant à un sceptre; de la main gauche, elle maintient sur ses genoux l'Enfant Jésus couronné, revêtu du pallium, tenant un livre et bénissant. La Vierge porte une ceinture à boucle; à droite et à gauche, deux anges, sortant à mi-corps des nuages, l'encensent d'une

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main, de l'autre tiennent une couronne au dessus de sa tête. Un troisième médaillon, de moindre dimension, représente un cavalier nimbé, la tête nue, dont la monture a les pieds posés sur deux montagnes; le cavalier a le visage tourné en arrière; il est vêtu d'une tunique courte. Le harnachement, traité avec soin, comprend une selle à tapis carré et sangle

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