Page images
PDF
EPUB

Dans ces deux curieux exemples de coupoles nervées, les nervures intéressent la seule calotte sphérique; les pendentifs restent indépendants de la coupole proprement dite. Dans le premier cas, à Aulnay-de-Saintonge, ces nervures sont une superfétation: à Saint-Amant-de-Boixe, elles jouent. au contraire, un rôle réel. mais. disposées sans méthode. leur présence est plus regrettable qu'avantageuse.

La curieuse coupole nervée de Nieul-les-Saintes est disposée tout autrement. Les larges et puissantes nervures de la voûte exercent une fonction justifiée par le soin apporté à leur donner un appui solide et à contrebuter leurs poussées par les piliers de la croisée du transept. Pendentifs et calotte ne forment qu'un tout. Cette coupole est une unité; fort irrégulière, elle est plutôt octogonale que sphérique. C'est cette dernière forme qui a été recherchée et imparfaitement obtenue. Coupole et nervures sont construites en pierre de taille de grand appareil. Les nervures sont réduites au nombre de quatre et se croisent tout comme les ogives de la voûte gothique: elles se rejoignent en une énorme clef.

Certes, la construction est maladroite et grossière, c'est cependant un premier pas vers la voûte en coupole nervée. qui a trouvé sa plus magistrale expression à Saint-Aubin d'Angers.

Ce mode hybride de structure semble avoir été accueilli avec peu de faveur dans le sud-ouest de la France. On pourrait cependant comparer la voûte de Nieul-les-Saintes à celle de l'église de Sallertaine, en Vendée, étudiée par notre confrère M. l'abbé Grélier (1). Mais. ici, le parti est moins franc, il semble que l'on soit en présence d'un remaniement d'une coupole construite en lieu et place d'une

(1) Cf. Grelier (l'abbé): Les influences angevines en Vendée, dans le Congrès archéologique d'Angers, 1910.

voûte d'ogives partiellement écroulée, mais cette hypothèse est toute gratuite, puisque nous n'avons pu voir sur place cette curieuse voûte.

[graphic][merged small][merged small]

Cette mode de la coupole, dont la vogue dans le midi de la France fut si grande, alla en Anjou transformer la voûte gothique elle-même. Elle reçut, dans cette région, une

forme spéciale très bombée connue sous le nom de voûte dòmicale, dont le plus bel exemple, à la cathédrale SaintMaurice d'Angers. a été magistralement étudié par notre savant confrère M. John Bilson (1).

Nous n'insisterons pas sur les modifications que dut subir la voûte ogivale pour se plier à la forme de la coupole, nous renverrons simplement le lecteur au très intéressant article de notre confrère.

Ainsi transformée, la coupole, devenue voûte dòmicale, retourne vers son pays d'origine. Nous ne parlerons pas des voûtes de la cathédrale de Poitiers, ce serait revenir inutilement sur le travail de l'éminent architecte anglais. Les voûtes de la cathédrale de Poitiers, ainsi que celles de l'église Sainte-Radegonde, dans la même ville, sont les sœurs des magnifiques voùtes de Saint-Maurice d'Angers, mais, dans la sacristie de cette même église Sainte-Radegonde se trouve une voûte en forme de dôme que nous ne saurions passer sous silence.

Le plan de cette salle est un carré parfait. Les architectes gothiques établirent, dans chacun des angles, un voutain triangulaire. remplissant le même office que des trompes, qui leur a permis de tracer la base de leur voûte sur un plan octogonal régulier. Les huit culs-de-lampe portent les huit nervures de la voûte qui se réunissent à une clef sculptée. Les voûtains servant de trompes sont singulièrement constitués. Sur un cul-de-lampe qui occupe l'angle de rencontre des murs de la sacristie part une nervure dont la courbe vient buter contre la clef de l'arc qui réunit les retombées des nervures de la grande voûte sur les faces du carré. Le remplissage des compartiments de la voûte est assez bombé, et les joints sont perpendiculaires au plan horizontal. Disposition étrange, chaque secteur se

(1) John Bilson: Les voûtes de la cathédrale d'Angers, dans le Congrès archéologique d'Angers, 1910, t. II, p. 203.

comportant comme une section de voûte en demi-berceau. C'est, d'ailleurs, une disposition caractéristique de la voûte angevine. Disons, pour la clarté de notre description. que

Ch. Besnard, del.

Cathédrale de Poitiers.

Voute de la nef.

les compartiments de cette voûte agissent beaucoup plus par les poussées normales aux murs de fond que sur les nervures, dont on eût fort bien pu se passer. La hauteur est considerable et l ensemble de la voûte peut s'inscrire dans

un sphéroïde. En réalité, sa structure est précisément l'inverse de celle d'une calotte sphérique. Les murs qui la maintiennent sont nécessairement très épais, puisque les poussées sont insuffisamment localisées. Le profil des nervures est un tore unique, suivant le profil angevin. Cette

[graphic][graphic][merged small][merged small]

voûte, si gracieuse d'aspect, si pittoresque, est, en effet, une voûte angevine fort spirituellement conçue. Elle est en tous points semblable à celle de l'église de Fontaine-enSologne décrite par notre confrère M. le docteur Lesueur dans le Congrès d'Angers (1).

(1) Voir Les influences angevines sur les églises gothiques du Blesois et du Vendômois, dans le Congrès archéologique d'Angers. 1910, t. II, p. 260.

« PreviousContinue »