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allast assez aysiément par dessus le doz d'icelle, qui estoit couverte d'herbes et chardons... on se povoit tourner à dextre par dessus une aultre voulte respondant dedans le dict pourprins des dictes arènes jouxte ledit jardin aux romarins à main senestre... Et l'autre bout d'icelles voultes qui estoit hors du dict pourprins. issoit plus hault. et avoit une grande bée ou ouverture sans aucune cloison; et dit que les dicts murs fesant le pourprins d'icelles arènes à l'endroit des dictes voultes et mesmement de la dicte tierce voulte. avoient grans ouvertures en façon de bées... et il qui parle. combien qu'il réputast le dict hostel des Arènes être sien. comme véritablement estoit et l'avoit achepté d'un bourgeois de Montpellier, nommé Bernard Lorrador, auquel ledit Jacquemin Gouraud avoit vendu, respondit au dict Pyonneau que sur luy ne voloit rien entreprendre... Il tient et croit, il qui parle en sa conscience, que posé que le dict hostel des dictes Arènes appartaigne à Henry Blandin, ce que non, comme aysiément sera montré en tems et lieu, si n'avoit-il rien en ce qui passe les dictes voultes oultre le pourprins des dits murs, et que le dict Pyonneau a droit et doit être réputé être en possession et saisine de la partie de la dicte voulte où il qui parle fit faire les dicts murs, et ainsi le réputa, il qui parle, tant qu'il demoura au dict hostel (1).

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Si l'on compare les principaux renseignements fournis par ce document, par les dessins anciens et par les plans de l'amphithéâtre dressés dans la première moitié du XIXe siècle, il résulte des rapprochements que :

1° La vue de 1699 avec le « Logis des Evreux »> représente l'extrémité orientale de l'ellipse de l'amphithéâtre. On y voit un mur de séparation qui est vraisemblablement celui dont il est question dans le document antérieur d'un

(1) Ce document était conservé dans les Archives de l'ancienne abbaye de Nouaillé.

siècle et demi. Si l'on ne distingue pas les degrés sur l'aquarelle de 1699, on aperçoit du moins l'extrémité de la grande voûte, qui était une des entrées du monument. Cette voûte existait encore dans un état analogue en 1843 (1), et l'on distinguait alors l'escalier grossièrement pratiqué dans le massif de maçonnerie. Les jardins subsistaient aussi.

2° Que les deuxième et troisième aquarelles représentent des voûtes ouvertes sur le pourtour extérieur de l'amphithéâtre, du même côté que la vue précédente. Il ne semble pas toutefois que ces voûtes soient identiques à celles qui ont été signalées, particulièrement dans la première moitié du XIXe siècle (2).

Mais il est possible que la troisième vue corresponde à la première partie d'une description donnée dans un procèsverbal de visite, fait le 6 février 1624, et que voici, d'après une copie de dom Fonteneau (3).

<< Sommes entrés dans une vieille ruine ayant son entrée sur ladite grande cour à main dextre. laquelle ruine est voutée de voûtes à l'antique et fort anciennes et contient l'espace d'icelle 10 toises de long et 3 de large, la place de laquelle est fort penchante et mal égale; laquelle voûte est

(1) Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, 1843, p. 165. C'est une partie voisine de l'amphithéâtre qui fut restaurée en 1840 (Bull. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, 1840, p. 104-106; Cf. Mangon de la Lande, dans les Mémoires de la même Société, t. III, 1837, p. 135, pl. v; voûte de 22 mètres de longueur et 6m 20 de largeur intérieure).

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(2) Cependant je dois rappeler les termes qu'Arcisse de Caumont em ploya pour décrire une grande arcade placée à une extrémité de l'ellipse: ...une corniche en pierres de grand appareil, incrustée à la naissance de la voûte, et suivait, comme elle, le mouvement du pavé (Cours d'antiq. monumentales, 3 partie, 1838, p. 484 et 485). Il semble que ces termes puissent s'appliquer à la voûte reproduite sur la deuxième aquarelle de Gaignières.

On peut examiner aussi le plan général où sont marqués les restes du monument subsistant avant 1843. Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, 1843, pl. 1.

(3) Cf. Mém. de la Soc des Antiq. de l'Ouest, 1843, p. 171.

élevée d'environ 20 pieds de haut et icelle voùte fort dégarnie, ledit espace ouvert du tout par un bout, et par l'autre étant bouché d'une muraille commune (1). Lesquelles ruines contiennent en longueur 45 toises à prendre près ladite place de Beauvoir, tirant vers le logis et carroir de la Lycorne..... >>

Disons maintenant ce qu'était le logis dont l'auteur des aquarelles s'est occupé spécialement. Il appartenait à l'abbaye de Nouaillé. Nous savons que cette abbaye de Bénédictins, du diocèse de Poitiers, fut rebâtie en 1473, par Raoul du Fou, qui en devint abbé (2). Ce personnage. évêque d'Angoulême, puis d'Évreux (1479-1510), fit l'acquisition de l'amphithéâtre antique de Poitiers et y habita souvent la maison qu'on y avait fait construire 3) et qui, depuis cette époque, porta le nom d' « hôtel » ou « Logis d'Evreux », et par corruption. « des Vreux ».

Un peu plus tard, Bernard de Poitiers fit réparer cet édifice, ainsi que d'autres appartenant à l'abbaye de Nouaillé. Le 16 avril 1757, les religieux de l'abbaye de Nouaillé donnèrent à bail emphyteotique l'Hôtel d'Evreux et quelques dépendances, qui, par suite d'un échange, devinrent la propriété des hospices de Poitiers.

Tout cela a disparu. Aussi faut-il tenir pour d'autant plus précieuses les trois aquarelles de la collection Gaignières, car elles nous représentent assez fidèlement sans doute l'imposant monument qui fut, pour les uns le « Palais

(1) A l'époque de dom Fonteneau, il ne restait rien d'important du podium et des précinctions; il n'y avait, semble-t-il, que des ruines de diverses galeries; mais une grande partie du monument était couverte de maisons.

(2) Sur l'abbaye de Nouaillé, voy. Bull, de la Soc. des Antiq, de l'Ouest, 1840, p. 73 à 82, et en particulier p. 79; cf. Gallia christ.. nova, 1720, 1. II. p. 1237-44.

(3) On a dit que l'« Hôtel d'Évreux » aurait été édifié en 1479 (Mém. Soc. Antiq. de l'Ouest, 1843, p. 175). Il était probablement antérieur.

Gallien », pour d'autres « la demeure ou l'œuvre de la fée Mélusine» (1), pour de bons bourgeois du XVIe siècle, le « Parlouoire » auquel Rabelais a sans doute fait allusion (2).

(1) J.-G. Schweighæuser fils, dans le Magasin encyclopédique, 9 année, 1803, t. III. p. 534; cet auteur dit que c'est une appellation populaire.

(2) Pantagruel, 1. IV, ch. xI.

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