Evreux; 1699. C'est évidemment encore une partie du pourtour extérieur du monument, dont l'emplacement exact ne peut être déterminé par l'examen de la première vue. On y remarque un arc dont la voûte est en partie détruite. A la base, il y a trois niches surmontées d'un arc en plein cintre: le petit appareil du fond de la niche centrale a été indiqué par l'artiste, qui a noté le même détail pour deux autres parties de la construction. Partout ailleurs, il semble que le blocage ait été seul conservé (1). De divers côtés, des arbustes (2) contribuent au pittoresque de la ruine qu'un bourgeois, un seigneur et sa femme examinent avec attention (Pl. II. fig. 2). On a remarqué que, dans les trois vues, il est question du Logis des Evreux. Aujourd'hui que les hommes, encore plus destructeurs que le temps, ont laissé si peu de la masse imposante élevée par les Romains, il faut chercher ailleurs que sur le terrain quelques commentaires pour éclairer les images que nous devons à Gaignières. Par une heureuse fortune, l'amphithéâtre de Poitiers fut cité avec d'utiles détails dans une procédure du XVe siècle. qui a déjà été publiée (3). Il n'est pas superflu de rappeler ici quelques passages du document qui débute ainsi : << Enqueste faicte à Paris, le 29 juillet 1442. par nous Estienne Lefebvre, avocat en la Court de parlement... Noble homme et saige monsieur messire Adam de Cambray, chevalier, conseiller du roy nostre seigneur et premier président en ladicte Court de parlement. aagié de 64 ans ou (1) En 1803, le parement de petit appareil était tombé presque partout. (2) Le document du XVe siècle que je citerai plus loin parle, à plusieurs reprises, de la végétation de ces ruines. On y voyait en particulier << grant quantité de romarins et autres herbes délicieuses ». (3) On trouvera le texte complet de l'enquête dans la monographie de Bourgnon de Layre dans le t. X, 1843, des Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, p. 163 à 170. environ, témoing produit. ... Diet et dépose, que dès l'an 1418, après que la Court de Parlement fust establye à Poictiers, il se transporta audict lieu de Poictiers, environ le mois de décembre ou janvier ensuivant, et demoura... en ung grant hostel... nommé hostel des Arènes, autrement le palais Galien (1), lequel hostel est assis entre les dictes arènes et la rue par où on va à la fontaine de Tizon, près du vieil marché derrière lequel hostel a ung petit jardin joignant aux dictes arènes, auquel jardin a ung mur fesant cloyson entre ledict jardin d'une part et certains aultres jardins... et avoit ung mur de pierres de taille du haut de quatre pieds ou environ, sur lequel on se appuyoit pour regarder au grant jardin des dictes arènes, et au long du diet mur à dextre, avoit certains dégrez par les quels on descendoit au dict grant jardin d'icelles arènes: et dit que jouxte les dicts dégrez respondoit le bout de certain grant voulte d'ouvraige sarrazin fait de briques (2), lequel bout estoit bas et tellement que sus icelle grant voulte, qui s'en alloit en montant, et estoit longue à son avis de trois lances et plus; et respondoit le bout d'en hault d'icelle voulte. oultre le mur fesant cloison en rond d'icelles arènes, par devers ledict hostel qui fut à Jacquemin Couraud et le jardin et hostel du prieuré de St Nicolas de Poictiers. On povoit monter sur icelle voulte, à l'ayde de certaines pierres cornues, ...car la dicte voulte n'estoit pas si droicte que on (1) Cette appellation a fait l'objet d'un travail de Francisque Michel : De la popularité du roman des quatre fils Aymon et de ses causes, dans Actes de l'Acad. de Bordeaux, t. IV, 1842, p. 58 et s. Le nom viendrait de celui de Galienne, princesse d'Espagne, et non de celui de l'empereur romain. (2) En réalité, il n'y avait pas de briques entières dans la construction, mais un blocage recouvert d'un parement de petit appareil. Comme ailleurs, le mortier contenait de menus fragments de brique qui augmentait la solidité (Cf. A. Blanchet : Les enceintes romaines de la Gaule, 1907, p. 252). |