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animaux. « Funera sunt pro cultu Gallorum magnifica « et sumptuosa. Omniaque, quæ vivis cordi fuisse arbitrantur, in ignem inferunt etiam animalia. »> César, De Bello Gallico, lib. VI, cap. IX, II (1). ·

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L'aspect des poteries qui ont été recueillies n'est pas moins digne d'attention. Toutes sont façonnées à la main et cuites à l'air libre. La plupart sont unies; quelques-unes, en très-petit nombre, offrent des traces d'ornementation rudimentaire. Les deux vases, qui ont pu être reconstitués, affectent de plus la forme d'une calebasse à fond convexe. Des céramiques de ce genre ont été signalées dans les tumuli et les dolmens. Sans sortir de Normandie, il est impossible de ne pas être frappé de l'analogie absolue qui existe entre les vases de Mondeville et les curieux spécimens découverts en 1832, dans le tumulus de Fontenay-le-Marmion, et qui excitaient encore, en 1855, l'admiration de M. l'abbé Cochet (2).

Il est encore un autre objet que nous avons décrit précédemment d'une façon un peu minutieuse et qui nous paraît de nature à motiver quelques observations; nous voulons parler du bracelet en bois rencontré dans une des fosses isolées.

Par un heureux hasard, un bijou du même genre, provenant du cimetière gaulois de Longueville, figure aujourd'hui dans le musée de la Société des Antiquaires de Normandie.

Il mesure en hauteur 38 millimètres et forme une

(1) Recherches sur le camp de César Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, t. III, p. 69).

(1) La Normandie souterraine, p. 7.

ellipse de 75 millimètres sur 69; il porte, en outre, à l'extérieur les traces d'un rivet en fer. Nous le trouvons ainsi décrit dans le catalogue publié en 1865 par M. Charles Gervais :

« Bracelet en cercle assez large de tige, formé d'une espèce de lignite (Longueville).

« Il était muni d'un rivet en fer, dont les traces sont encore visibles; ce qui, joint au peu de valeur de la matière, permet de supposer que c'était moins un ornement qu'un signe d'esclavage.

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La découverte de Mondeville n'est pas de nature à confirmer cette manière de voir. Notre bracelet, bien qu'en bois, avait ses deux sections réunies par un élégant lacet de métal, et, de plus, l'individu au bras duquel il se trouvait, portait au cou un très-bel anneau de bronze. Ces simples constatations révèlent que le bracelet en bois, juxtaposé sur le même squelette à un collier de bronze, était un ornement au même titre que les autres bracelets, et n'avait point la signification symbolique qui lui avait été attribuée.

Quant aux anneaux ou bracelets en fer, ils devaient certainement être en assez grand nombre; toutefois, nous ne saurions rien affirmer; un seul fragment de collier en fer a pu, il est vrai, être recueilli, mais nous avons remarqué nous-même, sur la terre des tranchées, de longues traînées rougeâtres attestant la présence d'objets en fer, rongés par la rouille et d'une détermination impossible.

Quelle que soit la valeur de ces remarques que nous aurions pu multiplier, elles nous semblent au moins établir que, par son aspect extérieur, par la

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simplicité des bijoux qui s'y rencontrent, par les agglomérations d'ossements d'animaux mêlés aux ossements humains, par le caractère essentiellement primitif de ses céramiques, la nécropole de Mondeville, qui domine le cours irrégulier de l'Orne et les marais où devait plus tard s'élever la ville de Caen, doit être classée, sans conteste, parmi les cimetières gaulois de l'époque la plus reculée. Moins riche que tous les champs funéraires de Charvais, de Caranda, de Somme-Bionne et de tant d'autres fouillés dans la Marne et dans l'Aisne par MM. Morel et Frédéric Moreau, il nous paraît, en revanche, sensiblement plus ancien. A ce titre, il méritait d'être étudié avec soin, et cette considération nous fera peut-être pardonner les détails un peu minutieux dans lesquels nous avons cru devoir entrer.

En finissant ce trop long rapport, qu'il nous soit permis de remercier ici MM. Le Blanc, ingénieur en chef; Boreux, ingénieur ordinaire, et Besnard, conducteur des ponts et chaussées, du concours dévoué qu'ils ont bien voulu nous prêter. Grâce à leurs bons offices, non-seulement les travaux de la ballastière ont été soumis à une surveillance méthodique, mais encore un plan des excavations sépulcrales a été dressé; les objets exhumés du sol ont été recueillis avec soin et l'on nous a fourni, pour ainsi dire, au jour le jour, tous les éléments à l'aide desquels nous avons rédigé notre travail. Les constatations qui en font l'intérêt leur appartiennent pour la meilleure partie, et nous sommes très-heureux de leur en reporter l'honneur.

CIMETIÈRES MÉROVINGIENS

RÉCEMMENT DÉCOUVERTS

EN BASSE-NORMANDIE

par

M. E. DE BEAUREPAIRE

SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES

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