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subi l'action du feu, étaient disposés le long de la tranchée, presque sans interruption, à une profondeur moyenne de 1 mètre 60 c. à 1 mètre 80 c.

La tranchée B offrait une tout autre physionomie. Les ossements humains, sans mélange appréciable d'ossements étrangers, apparaissaient à une profondeur n'excédant pas 80 centimètres ou 1 mètre au plus. Ils garnissaient, d'ailleurs, cette excavation d'une façon à peu près continue dans toute l'étendue de son parcours.

La tranchée C, par son contenu, se rapprochait beaucoup plus de la tranchée A que de la tranchée B. Les ossements humains qui la remplissaient étaient, en effet, mêlés à une énorme agglomération d'ossements d'animaux de toute espèce; mais tous ces débris gisaient dans la fosse sans aucun ordre et dans un état de confusion extraordinaire.

Les fragments métalliques extraits de cette partie de la ballastière ont été peu nombreux; nous n'avons guère à signaler qu'une tige de fer, une fibule brisée et une boucle en bronze assez élégante (planche III, no 3, et planche II, no 2). En revanche, les débris de poterie ont été assez abondants; tous sont d'une pâte grossière, quelques-uns sont revêtus de guillochures, un seul vase a pu être reconstitué. Il affecte la forme d'une calebasse et est orné au-dessous de son rebord extérieur d'une ligne de cercles un peu allongés, tracés à la pointe (planche I, no 1) (1).

On n'a trouvé dans les terres remuées qui com

(1) La planche no 1 a été dessinée par M. Lavalley-Duperroux, nous devons les dessins des autres planches à l'obligeance de M. Georges Bouet.

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blaient la quatrième tranchée D, ni ossements, ni céramiques, ni silex, ni objets de métal.

Mais c'est entre les deux premières tranchées A et B, aux abords de la voie ferrée, qu'ont eu lieu les découvertes les plus intéressantes.

Le 10 mars, les ouvriers rencontraient, en effet, dans cet espace circonscrit, un groupe véritable de sépultures consistant en fosses isolées, d'une longueur uniforme de 1 mètre 80 c. sur 0,45 c. de large, arrondies aux deux extrémités et garnies au fond d'une couche de terre noire épaisse de 3 à 4 centimètres. Cette circonstance, remarquée dans toutes les fosses, est de nature à faire supposer que les corps avaient été étendus non sur la terre nue, mais bien sur un lit de paille, de feuillages ou de gazon. Cette habitude de garnir les fosses au moment de l'inhumation paraît avoir persisté longtemps, et l'un de nos meilleurs observateurs, M. l'abbé Cochet, a signalé cette particularité dans un grand nombre de sépultures franques en Normandie (1). Comme dans les tranchées, les cadavres étaient orientés la tête au sud-ouest, regardant le nord-est.

Le squelette de la première fosse n'était accompagné d'aucun ornement.

La seconde fosse, qui fut attaquée le 11 mars, renfermait un squelette mal conservé, mais portant à la hauteur de la poitrine un demi-cercle ou plutôt une sorte de croissant percé d'un trou à ses deux extrémités, et mesurant 14 centimètres d'ouverture (planche II, no 1).

(1) Normandie souterraine, p. 210.

La troisième fosse, établie dans des conditions identiques, a laissé voir un squelette ayant au cou un anneau de 17 centimètres de diamètre.

L'habitant de la quatrième fosse avait été revêtu d'un plus grand nombre d'ornements. Il avait au bras gauche deux bracelets : l'un oblong et ouvert, placé au poignet mesurait 7 centimètres sur 6 (planche III, no 6); l'autre rond, sans solution de continuité, et beaucoup plus mince, entourait le haut du bras. Il avait 10 centimètres de diamètre.

Un anneau du même genre, mais plus grand, était placé au bas de la jambe droite; il n'avait pas moins de 17 centimètres de diamètre.

Les ossements qui ont été recueillis appartenaient à un individu d'une taille au-dessus de la moyenne. L'exploration de la cinquième fosse nous a fourni deux annelets de 2 centimètres, offrant dans l'épaisseur du métal un trou longitudinal pouvant remplir le rôle de la bélière qui forme l'appendice de quelques objets de ce genre (planche III, no 2).

Le squelette avait, en outre, le radius et le cubitus engagés dans un anneau oblong, absolument semblable à celui de la fosse n° 4 (7 centimètres sur 6); il portait aussi au cou un anneau rond, fermé, de 18 centimètres de diamètre.

Mais c'est la fosse suivante, no 6, qui nous réservait les plus curieuses révélations.

Le squelette avait au cou un torque d'un diamètre de 15 centimètres. Il était formé d'une tige de bronze, carrée et non ronde comme toutes celles que nous avons vues jusqu'ici; ses deux extrémités sensiblement amincies se rejoignaient, mais n'avaient pas été

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