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sans compter les gens des Guildes et les servants. En tout quarante mille hommes.

Le duc Robert auquel, comme le Roi Henri le faisait systématiquement, il ne donne que le titre de Comte, n'avait que six mille hommes et sept cents chevaliers. Le combat aurait à peine duré une heure, Robert de Bellême ayant fui dès le commencement, et sa fuite ayant tout désorganisé. Le Roi perdit deux hommes, et il n'eut qu'un blessé, Robert de Bonnebos.

L'auteur de ce récit se donne comme l'ami de Robert d'Estouteville; il raconte tranquillement que son ami est prisonnier, et n'en écrit pas moins au commencement de sa lettre Je vous apporte une bonne nouvelle, Bonum apporto nuntium; et toute sa lettre exprime en effet la satisfaction, car le roi Henri l'a reçu à Caen, lui a fait bon accueil, et voilà la paix rendue à la terre!

Nous regrettons l'omission, dans notre texte, de la lettre de cet étrange ami de Robert d'Estouteville.

ÉTUDES PRÉLIMINAIRES

POUR SERVIR

A L'HISTOIRE DES NORMANDS

ET DE LEURS INVASIONS

par

JOHANNES STEENSTRUP

INTRODUCTION.

Depuis quelque temps un intérêt très - vif s'attache en Normandie aux travaux historiques et archéologiques publiés en Danemark. Des affinités nombreuses d'esprit, de mœurs, de caractères, les souvenirs non effacés d'une origine commune, peut-être aussi certaines analogies dans la destinée politique, viendraient au besoin expliquer ces relations étroites et sympathiques, qui tendent à s'établir entre les deux pays. Cet état de choses, que nous nous bornons en ce moment à constater, doit encore reconnaître une autre cause.

En 1852, M. Jens Jacob Worsaae visita la Normandie, il séjourna successivement dans la plupart des localités les plus importantes et il entretint des rapports intimes et suivis avec la plupart des érudits de la province, notamment avec MM. Auguste Le Prévost, de Caumont et Léopold Delisle. Ce voyage scientifique, poursuivi pendant plusieurs mois d'une façon méthodique, devait naturellement porter ses fruits et il a certainement imprimé, au courant d'idées que nous venons de signaler, un essor très-caractérisé.

A cette date, M. Worsaae n'était pas un inconnu en France; il avait déjà publié un mémoire sur les antiquités primitives du Danemark, Danemarks Oldtid oplyst ved Oldsager og Gravhöie, 1843, traduit en anglais sous le titre de The primeval antiquities of Denmark, London, 1849, et un grand ouvrage historique, d'une réelle originalité, relatif aux expéditions des Danois et des Norwégiens en Angleterre, en Écosse et en Irlande, Minder om de Danske og Nordmændene i England, Skotland og Irland, 1851, dont deux traductions, promptement épuisées, parurent simultanément en Angleterre et en Allemagne.

Depuis, devenu successivement conservateur des musées royaux de Copenhague, chambellan et un instant ministre de l'instruction publique, il a poursuivi avec un succès et une persévérance remarquables les recherches qui avaient honoré son nom, en donnant successivement au public la conquête de l'Angleterre et de la Normandie, Den Danske Erobring af England og Normandiet, 1863, les Antiquités de Sleswig ou Sonderjylland, Om Slesvigs eller Soenderjyllands Oldtidsminder, enfin, en 1873, son travail si curieux sur la civilisation danoise à l'époque des Vikings, De Danskes Kultur i Vikingetiden. Ce volume a été traduit en français pour la Société des Antiquaires du Nord, en 1878 et 1879.

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