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Il consacre cinq pages à décrire les tombes aux armes seigneuriales omises, comme tous les détails précédents, dans la Statistique, et avec un sens archéologique fort judicieux, par d'heureux rapprochements avec des armoiries trouvées à Urville, il rétablit les noms des chevaliers que recouvrent ces pierres rongées par le temps, et restitue à Charles de Le Longuy l'honneur d'avoir rebâti l'église, que la Statistique attribuait à son frère Adam. Il a su retrouver le cœur de ce seigneur, déposé dans l'église du Mesnil-Touffray, sous un mascaron dont le marbre commémoratif a disparu.

Je voudrais vous citer encore quelques pages qui montreraient une fois de plus qu'on fait toujours bien ce que l'on aime à faire; mais vous en savez maintenant assez, je pense, pour apprécier le mérite du Registre que j'ai l'honneur de vous remettre; je vous demande d'encourager de tels efforts et de récompenser de tels résultats en écrivant à l'auteur une lettre de remercîments et de félicitations, et en lui votant, à titre d'indemnité, pour les dépenses que ces recherches ont nécessitées, telle somme qu'il vous conviendra (1).

E. CHATEL.

(4) La Société, après avoir entendu ce rapport, a volé à M. Gautier, à titre d'indemnité et d'encouragement, une somme de 100 fr.

IV.

NOTES, COMMUNICATIONS.

Maison romaine découverte à Lillebonne en 1864.

La ville de Lillebonne a été, comme chacun sait, la capitale des Calètes pendant les cinq siècles que dura parmi nous la domination romaine. Personne n'ignore combien de monuments antiques sont sortis, depuis cinquante ans, de ce sol exceptionnellement fertile. Mais la source de ces découvertes est loin d'être tarie. Une dernière fouille, qui s'y pratique en ce moment, montre combien de renseignements historiques sont ensevelis sous ces terrains, dont chaque couche est une page d'histoire.

Lors de sa dernière visite au théâtre romain de Lillebonne, qu'il surveille comme la prunelle de ses yeux, M. l'abbé Cochet avait appris qu'un déblai opéré par M. Alfred Lemaître avait laissé voir les restes d'une construction importante. Le mur de clôture se trouvait précisément au bord du chemin de grande communication no 29 qui conduit de Lillebonne à la station d'Alvimare, à peu de distance d'un champ où déjà, en 1852, le même antiquaire avait reconnu le mur extérieur d'une grande maison romaine (1). Cette demeure, adossée à la pointe du coteau sur lequel s'éleva autrefois le

(4) La Normandie souterraine, 2o édit., p. 120. — L'Athenæum français du 30 juillet 1853. La Seine-Inf. hist. et archéol., p. 234-35.

castrum antique de Juliobona, est également voisine du grand aqueduc reconnu et décrit par M. Rever (1).

Ayant obtenu facilement l'autorisation du propriétaire et une allocation de M. le Préfet de la Seine-Inférieure, M. l'abbé Cochet s'empressa de commencer une fouille qui a été surveillée avec beaucoup de zèle et d'intelligence par M. Delarue, agent-voyer du canton de Lillebonne. L'exploration, suivie pendant plusieurs semaines, a mis à jour une série d'appartements de toute forme qui composèrent autrefois une importante habitation galloromaine.

Plusieurs murailles avaient 1 mètre d'épaisseur, mais quelques-unes mesuraient jusqu'à 1 mètre 50; la hauteur de quelques murs n'était pas moindre de 2 à 3 mètres. La majeure partie de l'appareil est en caillou du pays; mais les portions les plus soignées étaient parementées avec du tuf ou du moellon taillé en petit appareil. Ce moellon était parfois chaîné de briques rouges, comme dans toutes les belles constructions romaines. La partie la plus remarquable de l'édifice était un petit appartement de forme carrée, terminé en abside à chaque extrémité. Les murs de cette construction, qui semblent ajoutés postérieurement, ont été appareillés avec le plus gand soin.

La portion la mieux conservée de l'édifice était le foyer ou fourneau où se faisait le feu pour chauffer un appartement, au moyen d'un hypocauste qui n'a pas encore été retrouvé. L'entrée de ce four est faite avec des claveaux de pierre élégamment taillés, et encadrés dans des briques rouges, ce qui produit un fort bon effet.

(4) Rever, Mémoire sur les ruines de Lillebonne, p. 54-55. La Seine-Inf. hist. et archéol., p. 232.

Jusqu'à présent, on ne compte pas moins de 18 pièces mises au jour. Ce sont des couloirs, des galeries, des appartements, grands et petits. Pour le moment, il ne nous est guère permis de leur assigner une destination spéciale. Tous les pavages ont disparu, et il ne reste souvent que les fondations et les bases. Toutefois, on ne saurait douter que, quelques portions de l'édifice n'aient été riches et ornées. On rencontre dans les débris des crépis coloriés, des plaques de marbre, des moulures, des bases et des fûts de colonnes en pierre. Un fragment de sculpture sur pierre laisse voir un homme assis, ayant un chien couché à ses pieds. Un autre débris plus important montre une jambe humaine, dont le pied est détaché; cette jambe, longue de 27 c., est nue au-dessous du genou, et le pied est chaussé de sandales liées avec des courroies. La statue devait avoir plus d'un mètre de hauteur.

Les objets meubles ont été jusqu'ici assez peu nombreux. Comme toujours, ils ont consisté en débris de poterie de toute sorte, en tuiles à rebords, en clous et crampons de fer. Plusieurs coupes en terre rouge ont été reconnues. L'une d'elles, en terre de Samos, porte au fond le nom du potier Celsianus (CELSIANI F). N'oublions pas une fibule en bronze étamé ou argenté, absolument semblable à celle qui a été recueillie cette année, dans une sépulture romaine d'Orival, près Fécamp.

Mais une pièce relativement rare et qui est revenue assez souvent dans cette fouille, c'est la lampe en terre cuite. M. l'abbé Cochet, qui n'en avait encore jamais rencontré dans ses nombreuses fouilles romaines, n'en a pas compté moins de 4 à 5 dans les ruines de cette habitation. Elles sont en terre rougeâtre, recouvertes d'ụn vernis noir.

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Les fouilles contiuuent, car l'édifice est loin d'être découvert dans son entier. Espérons qu'elles ne cesseront d'amener des révélations utiles à l'histoire et à l'étude de nos anciens monuments. N'oublions pas de dire qu'un très-bon plan de cette ruine antique a été dressé par M. Delarue et envoyé par lui au chef du service vicinal, pour être communiqué à M. le SénateurPréfet. BRIANCHON.

Sur des vases de bronze, trouvés en Normandie, qui paraissent appartenir au moyen-âge.

Au printemps de 1864, des terrassiers travaillaient à élargir le lit de la Béthune, à l'endroit où elle passe sous l'ancienne église paroissiale de Tréforest, aujourd'hui devenue la chapelle du château (1). En entamant la berge, ils découvrirent, cachés sous terre, deux beaux vases de bronze qui paraissaient avoir été dorés. Surpris d'une découverte si inattendue, faite dans le voisinage d'un château, les ouvriers conclurent, de la magnificence même de ces vases, qu'ils avaient appartenu aux anciens seigneurs du lieu. Partant de cette donnée, qui fait plus d'honneur à leur probité qu'à leur science, ils s'empressèrent de les remettre à M. de Tréforest, bien digne, sous tous rapports, de recevoir un pareil dépôt.

M. de Tréforest, ayant bien voulu nous aviser de cette découverte, a poussé également la bienveillance jusqu'à nous procurer une épreuve photographique des deux vases. C'est sur ce dessin, dont la fidélité ne saurait être contestée, que nous avons fait exécuter la gravure ci-jointe, qui reproduit les objets au sixième de leur grandeur.

(4) Commune du Mesnil-Mauger, canton de Forges-les-Eaux.

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