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jamais vus. Il est si bien fait pour sa destination acoustique, qu'il n'a certainement pu servir à autre chose.

Le second vase que nous pouvons citer provient de l'abbaye de Montivilliers. Il se trouve à présent dans la Bibliothèque de cette ville. Il a été tiré de la reconstruction faite en 1648 par les Dames de l'Hôpital, abbesses de cette célèbre maison. Une douzaine de trous acoustiques se remarquent encore aux quatre angles du clocher, dont la voûte a été surbaissée au XVII. siècle. Nous reproduisons ici cette jarre en grès, de couleur gris de cendre. Sa hauteur est de 34 centimètres; son embouchure est munie d'un collet. Sa base se termine en pointe. Nous croyons cette pièce de 1648, comme la voûte elle-même.

Le troisième vase que nous avons recueilli, et dont nous produisons le dessin, est une cruche en grès, du

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VASE DE FRY.

XVI. siècle, provenant du chœur de l'église de Fry (canton d'Argueil). Dans des réparations opérées en

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1858, on rencontra quatre de ces vases, dont deux étaient restés dans la sacristie. Ils nous ont paru des vases culinaires que l'on a employés à un usage monumental. La hauteur de celui que nous reproduisons est de 32 centimètres.

Le quatrième vase que nous avons recueilli s'est montré, cette année même, dans l'église de Sottevillelès-Rouen. Au mois d'avril dernier, lors de la démolition de l'ancien chœur, on a trouvé, dans le pignon, deux vases acoustiques en grès, paraissant n'avoir jamais eu d'autre destination. Un de ces vases vous a été offert par M. le curé. Nous le croyons du XVIe. siècle, comme l'église qui vient de disparaître. Sa hauteur est de 65 cent., sur un diamètre de 22 cent.

A deux reprises différentes, nous avons encore eu l'occasion de remarquer dans la Seine-Inférieure la présence de poteries acoustiques, soit au choeur, soit à la nef des églises. En 1852, dans l'église aujourd'hui démolie d'Alvimare, canton de Fauville, nous avons remarqué des trous circulaires pratiqués au milieu des prismes qui tapissaient les piliers du choeur et du clocher. Ces trous n'étaient autre chose que l'ouverture de vases de terre, placés dans les murs comme agents de répercussion (1).

Dans l'église du Mont-aux-Malades, près de Rouen, des vases remplissaient les fenestrelles rebouchées de la nef et du choeur. On les a retrouvés, en 1842, lorsque l'on fit revivre les cintres romans du XIIe. siècle; mais l'opération acoustique devait dater du XVIIe.

(1) Les églises de l'arrondissement d'Yvetot, 1re. édit., t. Ier., p. 274; 2o. édit., t. Ier., p. 269. Annales archéologiques, t. XXI.

Enfin, j'ai encore observé des vases acoustiques dans l'église de Contremoulins, près Fécamp, et dans les ruines du chœur de Péruel, près Périers-sur-Andelle (arrondissement des Andelys).

A présent que l'attention est appelée sur cette matière, nous ne doutons pas qu'une foule de faits analogues et concordants ne viennent corroborer ces données premières. L'Allemagne, l'Angleterre et la France ajouteront une masse de faits à cette petite moisson de la Normandie.

On va jusqu'à dire que les théâtres antiques ont connu ces procédés, et que Vitruve lui-même a parlé de vases acoustiques (1). L'avenir éclairera cette matière; mais, pour le présent, nous serons heureux d'avoir intéressé à cette question nos compatriotes et nos contemporains.

En terminant ce premier article sur une matière à peu près neuve, mais qui devra recevoir du temps un plus grand développement, qu'il nous soit permis de citer un fait curieux que nous devons à l'érudition, aussi bienveillante que profonde, d'un membre de l'Institut (M. Vincent).

Dans l'Apocalypse de Méliton, diatribe du XVII. siècle écrite contre les couvents et attribuée alors à l'abbé de St.-Léger, on lit ce passage étrange qui revient parfaitement à notre sujet : « De cinquante choristes que «<le public entretient dedans telle maison, quelquefois «< ils ne seront pas six à l'office; ces chœurs sont ac«< commodez avec des pots dans la voûte et dans les

(1) Voir dans Vitruve (liv. V, chap. v) les longs détails qu'il donne sur la musique grecque, pour arriver à expliquer la théorie des vases résonnants (xos) que l'on plaçait dans les théâtres.

murailles, en sorte que six voix y feront autant de bruit que quarante ailleurs (1). »

L'abbé COCHET.

V.

NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES, FAITS DIVERS.

Sujets de prix proposés aux Sociétés savantes des dé. partements, par M. le Ministre secrétaire d'État au département de l'Instruction publique.

Concours de 1864.-Un prix de 1,500 fr. sera décerné, en 1865, à la Société qui aura présenté le meilleur travail ayant pour but, soit de rectifier ou de compléter un ou plusieurs des catalogues historiques relatifs à la France, contenus dans l'Art de vérifier les dates, soit d'établir la chronologie des grands feudataires français dont il n'est pas question dans cet ouvrage.- Un autre prix de 1,500 fr. sera decerné, en 1865, à la Société qui aura présenté le meilleur travail soit manuscrit, soit imprimé, sur un sujet quelconque d'archéologie nationale. Les mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés au Ministère de l'Instruction publique avant le 31 décembre 1864. Sont exclus du concours les travaux publiés antérieurement au 1er. juillet 1863.

L'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, décernera, en 1864, un prix de 2,000 fr. (legs Bouctot) à l'auteur du meilleur mémoire sur

(4) L'Apocalypse de Meliton, p. 34, édit. de 1665.

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l'HISTOIRE DU COMMERCE MARITIME DE ROUEN, DEPUIS LE COMMENCEMENT DU XVI. SIÈCLE JUSQU'AU COMMENCEMENT DU XIX*., et un autre de 750 fr. (legs Gossier) à l'auteur du meilleur mémoire sur le sujet suivant: HISTOIRE DU BARREAU DE ROUEN AU XVIII. SIÈCLE ET APPRÉCIATION DU RÔLE QU'IL A JOUÉ PENDANT LA RÉVOLUTION DE 1789.

Les ouvrages envoyés devront être adressés, avant le 1er. mai 1864, soit à M. A. Lévy, soit à M. A. Decorde, secrétaires de l'Académie.

Dans le programme des prix que la Société de Statistique, Sciences et Arts des Deux-Sèvres, décernera, dans une séance publique, vers le 1er. décembre 1864, nous remarquons cette question que la Compagnie met au

concours :

TRAVAIL HISTORIQUE OU ARCHÉOLOGIQUE SE RAPPORTANT AUX PROVINCES OU A UNE PARTIE DES PROVINCES DU POITOU, DE LA SAINTONGE ET DE L'AUNIS.

Le premier prix consiste en une médaille d'or, frappée au nom du lauréat, et un objet d'art ou une somme d'argent au choix, d'une valeur totale de 400 fr. Une médaille d'argent sera décernée pour le second prix. Les manuscrits ne seront reçus que jusqu'au 1er. octobre 1864, terme de rigueur; ils devront être adressés au secrétariat de la Société, rue St.-Nicolas, à Niort.

Concours de

SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE. 1864. Deux médailles d'or de 500 fr. (fondations Le Prince et Ledieu) seront décernées : la première, à l'auteur du meilleur Ouvrage imprimé sur un sujet relatif à l'histoire de la Picardie, publié dans les années 1862, 1863 et 1864; la deuxième, à l'auteur du meilleur Mémoire manuscrit sur un sujet relatif à l'archéologie de la

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