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appel à l'assistance et les premiers à en donner l'exemple; les femmes enfin, ces anges de la charité, mettant au service des malheureux leurs ingénieux moyens et leur irrésistible éloquence.

Ce qui se voit encore de nos jours, ce sont ces travaux publics ouverts aux hommes qui manquent d'ouvrage; ces prêts à l'artisan laborieux qui a besoin d'outils pour s'en procurer; ces souscriptions se renouvelant avec les calamités et étendant, à l'heure qu'il est, leur réseau sur la France entière, en dehors, dans le principe, de l'action du pouvoir qui a compris leur signification morale et qui, par ses propres actes, s'y est hautement associé ; c'est, en temps ordinaire, le bien-être pénétrant dans les masses par le travail qui moralise et qui élève, et que, par tous les moyens et aux dépens des plus grands sacrifices, la société se plaît à encourager; c'est partout, enfin, le respect pour des hommes qui sont nos frères, nous ne l'avons pas oublié, et les faits plus encore que les paroles chaque jour en déposent.

Une chose cependant, qui se voyait autrefois, a été supprimée, c'est la mendicité comme profession, et en cela nous avons suivi les derniers errements de nos pères; ce que nous avons encore supprimé, c'est la dégradation à laquelle seraient de nouveau arrivés les pauvres, si l'on n'eût distingué ceux que le malheur ou les infirmités réduisent à l'indigence de ceux que la paresse et les excès de toute nature n'y condamnent que trop justement.

Après ce désaccord sur un point où nous serions heureux de rallier à nous l'honorable auteur de la Notice, préoccupé sans doute d'une autre pensée lorsqu'il a écrit les lignes que nous avons soulignées, nous né pouvons que rendre hommage au long et laborieux

travail sorti de ses mains habiles; nous le considérons comme une œuvre éminemment utile et lui donnant droit à la reconnaissance des amis de l'humanité.

Je m'arrête ici, Messieurs; le nombre croissant des ouvrages déposés sur cette table au nom de leurs auteurs et les rapports qui se pressent à la suite m'en font un devoir. Puissé-je, par l'analyse qui précède, reflet bien faible sans doute des premiers articles du dernier volume de la Société Éduenne, avoir fait naître en vous le désir de le lire. Le même volume, je le dirai dans la même intention, comprend d'autres savantes. études, d'autres articles fort remarquables dus à MM. le général Creuly, notre directeur actuel; Charles Maron, bibliothécaire d'Autun; J. Roidot, procureur impérial, et à M. I.-G. Bulliot, l'honorable président de la Société Éduenne.

Un mémoire en forme de lettre sur les antiquités d'Autun, par l'abbé Germain, théologal de la cathédrale de cette ville, décédé en 1751, mémoire qui était resté inédit jusqu'à ce jour, et un jugement porté sur ses-historiens par le même auteur, terminent ce volume dont ils n'affaiblissent point l'intérêt. La Société Éduenne a recueilli ces souvenirs avec un légitime orgueil.

Ce qui distingue cette savante Compagnie et la rapproche de la vôtre, Messieurs, permettez-moi de le dire en finissant, ce sont les hommes éminents qu'elle compte dans son sein; ce sont les travaux historiques. qui lui ont acquis de la part du Ministère de l'Instruction. publique les mêmes encouragements qu'à vous; c'est sa participation à la rédaction du Dictionnaire géographique de la France et de ce Répertoire d'archéologie qui ont valu, pour leur concours à ces œuvres, à plusieurs de nos membres de flatteuses distinctions; c'est

enfin l'acte de gratitude par lequel elle s'est signalée à l'égard d'un de nos plus illustres compatriotes, M. de Caumont, membre et secrétaire honoraire de votre Société, en concevant, le 26 mai 1861, la noble pensée de lui décerner une médaille d'honneur. De tels travaux, un tel hommage de sa part ont bien droit à nos sympathies.

Amédée POUBELLE.

IV.

NOTES, COMMUNICATIONS.

Notice sur deux demi-testons de Charles IX, frappés à Caen, au millésime de 1562.

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IX, tourné à gauche; au-dessous, une petite croix; différent de la monnaie de Caen, entre deux annelets. La tête du jeune roi est laurée.

R.... SIT. NO................ BENEDIC. MD.LXII.-Écusson de France, surmonté de la couronne royale, accompagné de deux C tournés à droite.

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Demi-teston d'argent un peu rogné et dont le flaon

a tréflé, c'est-à-dire a varié sous le coin.

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Poids :

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CARLVS VID D G FRANCO RE.

Buste tourné à gauche, avec tête ignoble, ceinte d'un bandeau (1); au-dessous du buste, petite croix de la monnaie de Caen; à droite de la croix, un annelet.

Écusson de

R. SIT NOMEN DNI BENEDIC M. DI: XII. France, surmonté de la couronne royale, accosté de deux C couronnés, tournés à gauche.

Demi-teston d'argent, de fabrication barbare. Poids: 5 grammes 15. Ma collection.

Voici deux petits monuments numismatiques appartenant au même règne, à la même année, au même atelier monétaire, à la même espèce de monnaie, et pourtant bien différents l'un de l'autre.

Le premier se distingue par l'élégance de la tête du jeune roi, par le fini des détails et la correction des légendes ; et, sans l'accident du tréflage qui a produit la répétition de quelques lettres et de quelques traits, il

(1) La vignette ne rend pas toute la laideur de l'original. Le graveur a malencontreusement voulu embellir,

serait un des plus jolis spécimens du monnayage au marteau de Charles IX.

Le second, loin de se recommander par la beauté de son type et le fini de l'exécution, doit au contraire à sa laideur son principal mérite. La barbarie de la figure, qu'on prendrait plutôt pour la tête d'un négrillon que pour l'effigie d'un roi de France; la simplicité primitive du bandeau qui remplace la couronne de laurier dont la tête de Charles IX est ceinte sur ses autres testons, l'incorrection des légendes où notamment le graveur a tronqué le nombre VIIII à la suite du nom de Carlus, nom toujours écrit Carolus sur les monnaies de Charles IX: tout dénote le produit d'un monnayage exceptionnel et d'un fabrication d'urgence; tout trahit le faire d'un artiste improvisé, ayant gravé son coin avec l'hésitation d'un débutant et peut-être aussi avec la malice d'un ennemi politique. Ce n'est point une pièce fausse; son titre et son poids, supérieur même au poids légal, le disent assez. C'est donc une monnaie historique frappée à Caen en dehors de l'action des officiers royaux de l'atelier monétaire, dans des circonstances qui avaient dû suspendre en cette ville la fabrication régulière des espèces. Ces circonstances, l'Histoire de Caen va nous les offrir dans cette année 1562 (V. S.) dont notre demi-teston porte le millésime, c'est-à-dire entre Pâques (29 mars) 1562 et Pâques (11 avril) 1563.

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En 1562, la Monnaie de Caen était encore de création récente et n'avait que fort peu fonctionné. Le principal promoteur de son érection avait été le sieur De Bras, Charles de Bourgueville, qui n'a pas manqué de nous en faire connaître tout au long les circonstances et les causes, et de publier in extenso les lettres-royaux par lui obtenus, qui, le 5 juin 1550, avaient ordonné la

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