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tres in descensu... tres in ascensu... septimus vero, qui et quartus, stabilimentum pedum. Les fonts de St.Vigor devaient être enfoncés à fleur de terre, puisque l'extérieur en est à peine dégrossi. Au milieu est pratiquée une ouverture par où s'écoulaient, dans une piscine qui devait être au-dessous, les eaux qui avaient servi au baptême.

Nous ne pouvons admettre que ces fonts fussent pour tout le diocèse. Il semble qu'il aurait été difficile d'y apporter les enfants de Caen, du Bocage et d'ailleurs. Après que tout le diocèse de Bayeux fut devenu chrétien, un seul lieu n'aurait pu suffire au grand nombre de ceux qui auraient dû y être présentés.

Nous n'admettons pas non plus que le baptistère de St.-Vigor ait été le seul où le baptême fût administré solennellement. Le dix-neuvième canon du Concile de Rouen, en 1050, marque, en effet, que les baptisés devaient, pendant huit jours, paraître, vêtus de blanc et un cierge à la main, dans l'église où ils avaient reçu ce sacrement et dont ils étaient paroissiens: Baptizati in eadem ecclesia in qua regenerationis gratiam acceperunt et in qua parochiani existunt, per octavos dies in albis repræsententur cum cereis ardentibus. Par où l'on voit que, dans le XIa. siècle, on administrait encore solennellement le baptême dans les différentes paroisses de la Normandie.

Un dernier mot sur la chaire de marbre dans laquelle, suivant un ancien cérémonial, les évêques de Bayeux venaient autrefois s'asseoir, à St.-Vigor, le jour de leur installation. Les uns font remonter ce monument à Odon de Conteville, les autres à saint Vigor. Notre auteur penche pour cette dernière opinion. A voir, en effet, l'extrême simplicité de ce siége épis

copal, il semblerait peu digne de la magnificence du frère de Guillaume-le-Conquérant, s'il ne l'avait regardé comme une précieuse relique de l'un de ses saints prédécesseurs.

Rien n'empêche même d'attribuer à la chaire de St.Vigor une origine antérieure à l'épiscopat du saint pontife. Elle rappelle une autre chaire, connue sous le nom de chaire de saint Hippolyte, évêque d'Ostie, et mentionnée par Blanchini dans ses Notes sur les Vies d'Anastase-le-Bibliothécaire (Patrol., Migne, t. CXXVII, col. 1289 et suiv.). Celle-ci fut trouvée à Rome, en 1551; elle porte pour date la première année du règne de l'empereur Alexandre-Sévère. Le haut du dossier et les appuie-bras sont ornés de volutes, et le devant du siége porte des têtes et des pieds de lion. Celle de St.Vigor, au contraire, ne présente aucune sculpture; pour tout le reste, elle ressemble tout-à-fait à celle de saint Hippolyte. Serait-elle une grossière imitation, faite par un Gallo-Romain, des chaires dont se servaient les évêques des premiers siècles de l'Église, suivant le témoignage de Sidoine Apollinaire? Rien n'empêche de le penser. L'abbé Do.

IV.

NOTES ET COMMUNICATIONS,

Chapelle de St.-Gorgon, à Gatteville.

sur le blason ancien de Cherbourg.

Un mot

On lit, encastrée dans un mur neuf de la vieille ferme du Bro, à Gatteville, une inscription en lettres gothiques,

sur pierre de Caen, qui provient d'une chapelle domestique démolie récemment. Le propriétaire actuel de la ferme, dont cette chapelle faisait partie, a conservé avec soin et mis en lieu convenable une petite statue de saint Gorgon, patron de la chapelle, et l'inscription en question, dont voici le texte :

LE 25o. JOUR D'AOUST,

L'AN 1519, EN HAULT

MONTA DESSUS CESTE CHAPELLE
MONSEIGNEUR LEVESQUE QUI SE APELLE
DECASTOIRE (1), ET Y A MYS

LA BENEDICTION; PERMIS

PAR M'г. LEVESQUE DE CONSTANces (2),
CARDINAL; ACORE AUX INSTANCES
MOYEN, POURCHAS (AIS Y COME
IL A PLEU A DIEU) DE NOBLE HOE
NICOLAS DEHENOT (3), seigneuR
DE COQUEVILLE; EN LHONNEUR
DE DIEU ET S. GORGON AUCI
FONDA CESTE CHAPELLE ICI;

FONDE PERPETUELLEMENT

MESSE PERPETUELLEMENT

TOUTS MERCREDIS ET VENDEY

SON AME JOUIT EN PARADIS.

Cette inscription est accostée d'un écusson (4) qui,

(1) Évêque in partibus qu'on retrouve dans beaucoup d'actes de eette époque.

(2) Le cardinal Adrien Gouffier.

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(3) Les Recherches de Chamillard placent, en effet, ce personnage à Gatteville, où il avait été anobli, en 1510.

(4) Armes de la famille de Dehonnet (V. Nobiliaire normand de Dubuisson, généalogiste et doreur du roi).

par ses pièces, rappelle les armoiries de Cherbourg, dont on a cherché à expliquer les besans et les étoiles par tant d'ingénieuses fictions (1).

Dire, en effet, que les bourgeois de Cherbourg ont été aux Croisades parce que leur blason présente les monnaies dites besans; ajouter que les trois étoiles qui l'ornent sont l'emblème de la Trinité et de la SainteVierge, nommée, dans les Psaumes, Étoile de la mer ; que le fasce d'argent désigne sa ceinture virginale; tout cela constitue une théorie pieuse et louable sans doute, mais dénuée de toute probabilité héraldique.

Les maîtres de cette science, si délaissée aujourd'hui, auraient dit, en leur temps, que le cartouche de Cherbourg, composé par des corporations industrielles, retrace, par les besans, le trafic important de cette ville au moyen-âge, et rappelle, par les étoiles, boussoles primitives de l'homme de mer, la navigation, source de la prospérité de son port (2).

Les corporations industrielles de Cherbourg ou la Commune devaient avoir, depuis long-temps, les besans et les étoiles dans leur sceau commercial ou communal, lorsque les édits spéciaux de Louis XIV parurent. Tout le monde sait que ce roi, par édit de novembre 1696, créa une grande-maîtrise des blasons du royaume, et que, par suite de cet édit, toutes les villes, les corporations des arts et métiers, les couvents et même certaines riches maisons de commerce furent mis en demeure de faire enregistrer, moyennant finance, les armoiries ou cachets qu'ils pouvaient avoir adoptés précédemment.

(1) Mémoires de la Société impériale académique de Cherbourg, 1864.

(2) C'est aussi l'opinion de M. A. Canel dans son Armorial des villes de Normandie, p. 25.

Un droit, qui variait de 20 à 50 livres, était imposé à chaque enregistrement (1). Suivant le même édit, un magistrat fut préposé, dans la généralité de Caen, pour recevoir lesdites armoiries et les transmettre, à Paris, aux Commissaires du roi, nommés par arrêts des 4 décembre 1696 et 29 janvier 1697, pour les faire peindre à l'Armorial général. L'enregistrement de ces blasons ne conférait pas la noblesse, et ne dispensait nullement du rôle des contributions.

Cette mesure, qui paraît bizarre aujourd'hui, eut l'avantage de créer des ressources dans des moments glorieux, mais difficiles.

L. DE PONTAUMONT.

Une étude sur les Commentaires de César : Que, suivant cet auteur, saint Regnobert, second évêque de Bayeux, a pu exister au commencement du IIo. siècle.

De toutes les difficultés élevées par la critique moderne contre l'existence de saint Regnobert sur le siége de Bayeux au commencement du II. siècle, il n'en est pas qui paraisse avoir fait plus d'impression sur l'esprit des savants que celle qu'on a tirée de la teutonicité de son nom.

« Il renferme deux racines vraiment teutoniques, « Rachn et Bercht », a dit l'abbé Lebeuf dans son Apologie de Baillet sur saint Regnobert; «< il ne faut pas « se persuader que ce mot soit à moitié latin, et croire « que la première partie soit formée du mot regnum.

(1) Recueil des anciennes lois françaises, par Isambert, Decrussy et Taillandier, t. XX, p. 280.

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