Page images
PDF
EPUB

phique. Ce serait, du reste, à l'auteur lui-même, à M. Ed. Frère, que ce travail reviendrait de droit; et, dans une seconde édition, il pourrait nous donner une œuvre pour ainsi dire parfaite. Malheureusement l'Athence Normannorum, qui est destiné à jeter le plus grand jour sur les lettres normandes, dans lequel déjà beaucoup d'érudits ont puisé de précieux renseignements, malheureusement, dis-je, ce manuscrit n'a pas été à sa portée. Espérons que pour lui, comme pour tant d'autres, le jour de la publicité viendra; et ce jour, nous le hâtons de tous nos voeux. Espérons que la Société des Antiquaires de Normandie voudra bien prendre cette œuvre de conservation et de propagation sous son patronage (1).

Qu'il me soit permis, en terminant cette étude, de rendre un hommage public de reconnaissance à M. G.-S. Trebutien, qui, avec tant de bienveillance et de bonté, m'a aidé de ses lumières et de son érudition pendant les

(1) Je crois devoir transcrire ici, in extenso, le passage de la lettre du P. Fr. Martin à Huet, à propos de l'affaire de Port-Royal (voir note 4, p. 87). « ..... L'afaire des religieuses de Port Roial des Champs a été plaidée pendant six audiences à l'Oficialité de Paris: elles avoient été condamnées par un arrest du Conseil, rendu sur simple requeste, à paier tous les ans une provision de six mil livres au monastère de Paris, et pour l'extinction du titre de leur abaie, et de la réunion au dit monastère de Paris, elles ont été renvoiées à Mr. le cardinal de Noailles. C'est sur ce second point, qui regarde l'Oficialité, que leur avocat a soutenu que ce tribunal était incompétent, atandu que la cause est majeure, a cause que les deux puissances ont concouru également a separer les deux monasteres, et aussi parce que leur abaie est presentement sans abesse, sede vacante, nihil innovetur. La sentence de l'Oficial les a déboutées, mais comme ce n'est pas non obstant appellation, elles en ont appelé le même jour a Lyon. M. le cardinal, qui avoit, par une ordonnance precedente, nommé un commissaire pour aller en leur abaie informer de cominodo et incommodo de la

longues recherches 'que j'ai dû faire, et qui même a bien voulu confier à mon inexpérience ce travail qu'il

supression, s'est contenté d'y envoier ce même commissaire qui est le sieur Vivant le jeune, pour y faire une visite.

SS. Monasterium Sacrarum Virginum a Portu Regali

dictarum.

Ode.

Vexalas odiis quas retines sinu
Illis cura fuit candida veritas ;.
O Portus sacer! ingens
Exemplum patriæ.

Doctis seu pavide jura tuentibus
Recto sine animo deficientibus

Inter magnanimæ stant

Hostes, non timidæ mori.

Quid sponsas thalamis immeritas libet
Struere? Insinuans se Deus altius

Almo pascit amore

Et lapsu tacito beat.

Nec falsa improperans livor atrox vocet
Damnis fama nitet splendidior suis

Quum sincera fides et

Virtus inclyta consecrat.

Eheu! quanta hodie destruitur domus;

Frustra nam manet hic tristius exules
Æternum stabilis, quæ

Cœlo non violabitur.

Terris si redeat pulsa nimis diu

Lex, et desita pax, veraque sanctitas,

Quali clare triumpho

Portus jam celebraberis.

A Caen, 20 août 1707.

espérait faire un jour lui-même! Que M. Charma, mon vénéré maître, veuille bien aussi recevoir l'expression de toute ma gratitude pour la sympathie et l'affection qu'il m'a toujours témoignées, pour les encouragements avec lesquels il m'a soutenu à mon entrée dans la carrière, et en particulier pour ce que lui doit la publication de cet écrit !

CH. FIERVILLE.

Sur des médailles romaines offertes à la Société par M. A. Charma.

Dans la séance du 7 mars dernier, M. Charma, notre honorable secrétaire, a offert à la Société quelques monnaies romaines que j'ai été chargé de déterminer.

Ces petits bronzes, au nombre de huit, ont été trouvés, il y a quelques années, dans le cimetière de l'église de Couvert, hameau qui fait partie aujourd'hui de la commune de Juaye-Mondaye, canton de Balleroy, arrondissement de Bayeux.

La première de ces pièces est une monnaie votive de Constantin-le-Grand. Tête laurée de Constantinus. Aug. Au revers: Deux femmes captives, assises au bas de la haste qui sert de hampe au Labarum. Sur cet étendard sont tracées les lettres voT. XX. (VOTA VICENNALIA). La légende: VIRTVS EXERCITVS. Cette pièce est fort belle.

Là deuxième est aussi de Constantin, même tête et même légende. Au revers: Le Soleil debout tenant un globe avec cette légende: SOLI INVICTO COMITI. Cette pièce n'a de rare que sa parfaite conservation.

Les troisième, quatrième et cinquième sont de Constance II. Tête diadémée à droite. Légende: CONSTANTIVS II. D. N. (DOMINVS NOSTER). Au revers: FEL. TEMP.

(FELICITAS TEMPORVM). L'Empereur perçant de sa haste un ennemi dont le cheval est abattu sous lui. A l'exergue: A. Q. S. (AQVILEE ).

La sixième est une pièce de Claude II. Tête radiée. MARCVS AVRELIVS CLAVDIVS, surnommé le Gothique pour les victoires qu'il remporta sur les Goths. Claude II mourut de la peste importée par les Goths, en 270. Au revers: Jupiter debout, tenant un sceptre et un foudre, avec la légende: JOVI VICTORI. Cette pièce est

commune.

La septième est une pièce de Valens, VALERIVS D. N. (DOMINVS NOSTER) portant au revers: SECVRITAS REIPUBLICÆ. La Victoire passant. Cette pièce, assez grossièrement gravée, et qui ne ressemble en rien aux coins du Bas-Empire, paraît l'œuvre d'un fantaisiste. Une partie de la légende a été mutilée à dessein. Du reste, les monnaies à l'effigie de cet empereur sont fort rares.

Les auteurs ne sont pas positivement d'accord sur l'avènement de Valens au pouvoir; la date de sa naissance est inconnue, celle de sa mort est au moins incertaine. Officier dans les troupes de Licinius, Valens fut créé césar par ce prince, en 314, lors de la guerre de ce dernier contre Constantin, puis tué par lui après la paix. Ses monnaies sont suspectes (1), dit l'un d'entr'eux.

Proclamé empereur en Archaïe, l'an 261, Valens fut tué peu de semaines après. Les pièces de Valens sont fausses (2), nous dit un autre.

Valens, étant proconsul sous Gallien, se revêtit de la pourpre pour échapper aux poursuites de Macrien; it

(1) Barthélemy, Numismatique ancienne, à la note 2, p. 350. (2) Hennin, Manuel de Numismatique ancienne, t. II, p. 438.

+

fut tué par ses propres soldats peu de temps après la mort de Pison, en 260 (1).

La huitième, enfin, est un petit-bronze ou plutôt un quinaire de Constance II. Tête laurée de Constantius nob., C. FL. IVL. Au revers: Deux figures militaires, debout, tenant la haste et appuyées sur leurs boucliers. Entre ces deux guerriers, on remarque une enseigne militaire supportant le Labarum sur lequel est brodé le monogramme du Christ; légende : GLORIA EXERCITVS. A l'exergue: P.CONST. (PERCVSSA CONSTANTINOPOLI). On ne connaît que sept pièces portant ce signe de la nouvelle religion.

D'après les nombreuses dissertations publiées sur les pièces portant le monogramme du Christ (2), et le soin extraordinaire que les musées et les amateurs ont mis à rechercher ces médailles, nous croyons que celles dont nous allons donner la description ne peuvent manquer d'intéresser les antiquaires. On remarquera que non-seulement elles constatent un événement d'une haute importance, celui de la fondation d'une religion nouvelle, mais encore un autre fait non moins considérable au point de vue historique, celui du premier partage du grand Empire romain entre les trois fils de Constantin, partage, du reste, très-malheureux, puisqu'il amena en peu d'années et son démembrement et sa ruine.

Ces curieuses monnaies offrent sept variétés parfaitement distinctes, et paraissent toutes avoir été frappées

(1) Cohen, Médailles impériales, t. II, p. 438. Il est à remarquer que Cohen, dont le travail est l'un des plus complets que l'on connaisse, ne donne aucune description des monnaies de ce prince.

(2) Feuardent, Revue numismatique, nouvelle série, t. Ier., 1856.

« PreviousContinue »