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Augustin Blouet fut, comme son père, conseiller du roi au Parlement de Normandie (1). Nous ne trouvons pas de traces de son mariage; il mourut le 13 juillet 1713.

Jean-Jacques Blouet, s' de Cainet et d'Yquelon, fut lieutenant dans le régiment du roi et décéda sans postérité.

François Blouet parvint aux premières dignités de P'Église. Il fut abbé commendataire et comte de StPierre-sur-Dive, de l'ordre de saint Benoit (lettres du 4 novembre 1690); de Notre-Dame de Val-Richer,

ces rentes, il y en avait une dite des Perruquiers de Bayeux et ane sur le clergé. L'origine de ces deux dernières pourrait être curieuse à rechercher.

Il résulte de quittances données à M. Augustin de Camilly, le premier du nom, que, dans la dernière moitié du XVIIe siècle, l'intérêt de l'argent se payait sans difficulté ni scrupule aucuns. Il est dit de M. de Camilly, qu'il payait cet intérêt, vollontairement et de son bon gré et sans qu'il soit obligé de n'en payer aucun, ladite somme estant seullement en despost en ses mains en attendant le rempla

cement.

Puisque nous parcourons ici les curiosités du temps, nous dirons que, en 1732, le boisseau de froment était estimé 30 sols et le chapon 1 livre; en 1748, la nourriture d'un domestique de bonne maison, à Paris, coûtait 1 fr. par jour; en 1750, la livre de café valait 50 sols 6 deniers.

Enfin, dans des titres de 1556, nous avons vu qu'il était fait mention de Fontaine-le-Henri, ce qui achève de battre en brèche cette croyance, que ce surnom de Henri aurait eu pour cause le séjour ou le passage de Henri IV dans le château de ce nom. Il convient donc de se ranger à l'opinion de M. l'abbé De La Rue, confirmée par M. de Caumont dans sa Statistique moumentale du Calvados, t. 1o, p. 354.

(1) Sa charge fut payée 49,500 livres à M. de Colleville Le Sueur.

ordre de Citeaux; grand-vicaire de Strasbourg; de là, promu à l'évêché de Toul par lettres-patentes du 11 mai 1704, puis à l'archevêché de Tours, par lettres-patentes du 11 janvier 1721. Ces lettres, qui mentionnent son titre antérieur d'évêque de Toul, ne sont suivies d'exécution que plus de deux ans après (4 mai 1723), par suite de difficultés avec son prédécesseur, démissionnaire (1). Il résulte de quittances à lui délivrées en 1700 et 1717, que les revenus des bénéfices pendant la vacance du titulaire étaient consacrés à la subsistance des nouveaux convertis.

Nous nous réservons d'entrer dans de plus grands détails sur les circonstances qui ont pu laisser des souvenirs dans l'existence honorable et pieuse de Mgr de Camilly.

Pierre Blouet, chevalier de Camilly, fut reçu à 18 ans, le 15 novembre 1684, au rang de frère de justice dans l'ordre de St-Jean de Jérusalem (2). II avait déjà renoncé au service actif dans cet ordre, en 1708, et portait, dès cette époque, le titre de major général de la marine au département de Toulon. Cependant, pour des services rendus antérieurement, il reçoit, le 22 juin 1715, des provisions pour porter la croix d'or de l'ordre de Malte, fondées sur ce motif que, ayant dès lors l'intention de changer d'état (statum mutare decernens), il avait de lui-même, sur l'avis qu'il avait reçu des préparatifs que Tunis faisait contre Malte, offert ses services pour combattre ces ennemis du nom chrétien. En 1721, ayant rang de

(1) Mgr de Castries.

(2) Les droits d'entrée et de passage s'élevèrent à 1,425 livres, les frais d'équipement à 3,000 livres.

capitaine entretenu de la marine royale, il est chargé de reconduire à Constantinople Méhémet Effendi, ambassadeur extraordinaire du Sultan. Le 29 octobre 1722, il reçoit les pleins pouvoirs d'Antoine Manoel de Villena, pour traiter des affaires de l'ordre de Malte, au Congrès de Cambrai; en 1725, le roi le nomme ambassadeur en Danemarck, avec des pouvoirs trèsétendus, pour régler les affaires de France avec les États du Nord de l'Allemagne. Chef d'escadre, le 10 mars 1734 par ancienneté de service, il est appelé en 1741 au commandement du port de Brest, est nommé chevalier de St-Louis en 1750, vice-amiral en 1751, et grand'croix de l'ordre militaire de St-Louis le 13 mars 1753. Il est mort le 22 juillet de la même année (1).

Les portraits de ces deux derniers représentants de la famille Blouet de Camilly se remarquent dans la Bibliothèque de Caen, parmi les illustrations de la cité.

Le chevalier de Camilly a laissé des documents intéressants, relatifs aux diverses positions qu'il a remplies. Nous avons pu consulter de nombreux mémoires et une volumineuse correspondance, concernant entr'autres sa triple mission dans le Levant, à Cambrai et en Danemarck. Tous ces détails touchent à l'histoire ré

(1) En avril 1752, M. le chevalier de Camilly occupait à Paris, rue du Temple, un appartement loué 3,000 fr., à M. de Calonne, marquis de Courtebonne; auparavant il demeurait rue des Saints-Pères. Des comptes faits par ses héritiers établissent que, indépendamment de ses biens fonds, il laissait, tant en portefeuille qu'en argent comptant, plus de 565,000 fr. L'état de ses dépenses prouve qu'il vivait grandement. Il connaissait beaucoup le chevalier de Broglie et son frère le marquis, et M. et Me d'Auriac qui avaient acheté la maison du comte d'Évreux, à St-Ouen, en 1749.

trospective; à ce titre, ils peuvent entrer dans le domaine de la Société des Antiquaires de Normandie, qui s'est donné, non sans éclat, la mission de chercher, dans l'étude du passé, de riches et curieux éléments pour notre science contemporaine. Nous sommes, dans la mesure de nos forces, disposé à répondre à son appel.

Comte L. D'OSSEVILLE.

De l'S barré de Henri IV.

Une singularité paléographique, connue sous le titre qui précède, a été déjà traitée par plusieurs écrivains dont le nom fait autorité, et en dernier lieu par M. A. de Longpérier. Si je me permets aujourd'hui de revenir sur une question si savamment étudiée, c'est que la découverte d'éléments que n'avaient pu connaître nos honorables devanciers, m'a paru jeter sur le problème une lumière nouvelle. Les lecteurs en jugeront.

Ces documents ignorés jusqu'ici, je les puise dans la Table ou sont escripts les noms des ouvriers du mestier d'orfavrerie à Rouen qui ont contresings et aussi y sont frappez les contresings des dis ouvriers. entre le nom et le sournom diceulx, laquelle Table fu faicte et commencée la vegille de Nouel lan de grâce mil quatre cens et huit Jehan Tavel estant garde du merc des marcs de Rouen et de ceste Table à cause du dit mestier et Jehan Poitevin lesne Jehan Courtoys et Jehan Potart gardes dicellui mestier; » Table que j'ai cédée au musée de Cluny où elle figure dignement au nombre de nos plus précieuses antiquités nationales.

L'articulation sifflante s est représentée sur cette Table de deux manières différentes, L'f long, aujourd'hui tombé en désuétude, y est employé comme initiale et comme médiale. L's dit romain, au contraire, exclusivement réservé pour la fin des mots, y figure vingt-quatre fois dans cette position, et toujours fermé par un trait diagonal, signe parlant alors, hiéroglyphe obscur aujourd'hui. Quant à l'S majuscule, initiale isolée de quatre prénoms, il y présente une série d'essais que nous analyserons plus tard; bornons-nous à dire ici que cette série se termine par l'adoption de la barre, uniquement appliquée jusque-là à l's minuscule.

Du rapprochement de ces faits découlent trois conséquences principales qui dirigeront nos recherches. La première, c'est que ce caractère énigmatique n'était pas de création récente au commencement du XV siècle, puisque l'inscription préliminaire, gravée le 24 décembre 1408, en offre quinze exemples, et que, sur le tableau des noms, œuvre collective (car chaque orfévre y a gravé le sien), on le retrouve identiquement figuré par neuf mains différentes, et constamment dans la même position. La seconde conséquence, résultant de cette position exclusive, c'est que l's barré impliquait alors une idée finale; et la troisième enfin, c'est que, successivement employé par neuf ou dix personnes sur la même planche, cet s barré ne pouvait ètre l'expression d'un attribut individuel.

Reportons-nous donc au siècle précédent, et peutètre y découvrirons-nous quelqu'indice révélateur de ce mystère. Depuis la fatale journée de Poitiers, en 1356, la France entière et la Normandie particulièrement avaient été désolées par une effroyable suite de calamités de toutes natures. Guerres civiles, invasions

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