Page images
PDF
EPUB

« l'ont demandé avec grande instance et amitié, me « faisant la grâce de me regarder comme leur fon

datrice avec feue M de Langrie, et je désire que « mon cors soit innumé dans l'église des prestres missionnaires de la Congrégation du Cœur adorable « de Jésus et Marie... dautant que les dits prestres << missionnaires nous ont tousiours regardés, feu « M. de Camilly, mon très-cher mari et moy, comme << leurs fondateurs, après feu M. de Than, mon neveu, « prestre de la dite Congrégation. » Elle exprime le désir que son mari et quelques-uns de ses enfants soient enterrés dans cette église, puis elle ajoute: « Mais quoy que s'en soit, je désire y avoir ma sépulture. J'ay cru qu'il étoit bon que quelqu'un des nôtres prenne possession de ce droit que le bon Dieu nous a donné. Enfin s'est issi ma dernière volonté à laquelle je prie mes enfants de ne apporter point d'enpeschement, mais de l'exsécuter fidellement et « sans nulle cérémonie. Fet à Caen, etc.

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]

(1) Cette famille Le Haguais était considérable. Nous trouvons dans une de nos notes qu'en 1566, le roi Charles IX autorise Adrien Le Haguais, pour ses nobles services, à ajouter à ses armes un chef d'azur chargé d'un croissant, tiré de la devise du roi Henri. Les armes de cette famille sont, en effet de gueulles au chef d'azur chargé d'un croissant d'argent et de deux fleurs de lis d'or, accompagné d'un bras d'argent sortant d'une nue, tenant un dart d'argent en main. En 1614, un Thomas Le Haguais est député par la noblesse aux États-Généraux de Sens. La maison qui, en 1589, était occupée par le bureau des finances, appartenait à M. Le Haguais; elle existe encore, traversée par le Passage-Bellivet. A l'époque du percement de ce passage, cet hôtel conservait de curieuses tapisseries.

Dans une salle à laquelle on accède par un magasin de jouets d'enfant existe encore une belle cheminée.

Les annales de la Communauté de Notre-Dame de la Charité, fondée à Caen par le Père Eudes, témoignent, en effet, que Me de Camilly contribua puissamment à l'établissement de cette recommandable et si utile institution. Dans les dernières années de sa vie, elle y eut un appartement, et son cœur est déposé dans le mur de la chapelle intérieure des religieuses, entre la grande grille et celle de la Communion. Cette dame mourut le 16 novembre 1680 (1).

Mais reprenons notre étude généalogique.

Une réclamation adressée au roi par Jacques Blouet, en 1653, nous fait connaître que l'un de ses fils était alors au service dans le régiment de M. de Bougy. Ce fils, né sans doute d'un premier mariage avec Anne Le Petit, s'est distingué comme volontaire à la bataille de Rethel, ainsi que l'atteste un certificat très-honorable de M. le maréchal Duplessis-Praslin; la même pièce nous apprend également que la qualité de bourgeois de Caen et l'office de contrôleur entraînaient de droit l'exemption des tailles.

Du mariage de Jacques Blouet avec Anne Le Haguais, naquirent:

Augustin Blouet, seigneur de Camilly, du Fresne, de Cainet et d'Yquelon,, conseiller au Parlement de Rouen, mort le 4 décembre 1688;

Jean-Jacques Blouet, archidiacre de Coutances;

(1) Des recherches faites aux archives de l'état civil de Caen, il résulte que Mme de Camilly, née Anne Le Haguais, fut essectivement enterrée dans l'église des Eudistes, devenue depuis la salle des concerts de l'Hôtel-de-Ville. Mais nous n'avons pu trouver aucune trace de son exhumation en 1810, bien que l'exhumation des restes du Père Eudes et des autres Supérieurs ait eu lieu à cette époque.

Et Pierre-François Blouet, docteur en Sorbonne théologal et archidiacre de Bayeux; Plus deux filles religieuses.

Jacques Blouet et Anne Le Haguais partagent entre leurs trois fils, pour l'affection et amityé qu'ils leur portent,» la totalité des biens de leur succession sous réserve d'usufruit. Cet acte est du 5 décembre 1657. Dès 1644, cette donation par avance d'hoirie était accomplie, leurs deux derniers fils étant encore mineurs. Le domaine de Camilly et les droits honorifiques y attachés durent revenir à Augustin, qui prit plus tard les titres de seigneur de Camilly, du Fresne, de Cainet et d'Yquelon. Cette dernière terre, d'une assez grande importance, ne lui était pas échue héréditairement, mais par voie d'acquisition. En décembre 1657, il avait épousé Catherine Grossin. L'Information citée plus haut nous apprend que cette dame « très-charitable » était fille de Jean Grossin, seigneur de Trouville et de Blacarville, conseiller et procureur du roi au bailliage et vicomté de Pont-Audemer, et de noble dame Marie. Thirel de Jouenne.

Augustin s'attacha à réunir au domaine de Camilly les acquisitions, plus ou moins récentes, qui pouvaient en former un tout. Il fit valider cette réunion, et des lettres-patentes du roi, en date du 20 août 1686, érigent cette terre en plein-fief de haubert. Il en rend aveu au roi, en 1687; mais l'arrêt de pleine et entière main-levée ne paraît avoir été rendu que plus tard, comme l'indique la réunion de cet arrêt à l'aveu renouvelé par son fils, en 1697. Ces aveux mentionnent les droits de cour, pleds et gages-pléges, le patronage honoraire des paroisses du Fresne et de Than.

M. el M de Camilly demeuraient rue de Lan

gannerie, maison d'Éterville. La famille Blouet possédait plusieurs maisons à Caen. Si nous croyons des documents dont nous n'avons pas vérifié l'exactitude, leur tombeau existait dans l'église St-Pierre, chapelle Notre-Dame. La première inscription est celle de Catherine Grossin, et porte le millésime du 14 septembre 1677.

Leurs armes se trouvaient dans l'église St-Pierre, au tableau du maître-autel et aux pieds d'un grand Crucifix séparant la nef du chœur; sur la face du corpsde-logis leur appartenant, rue St-Jean, et sur un tableau de la chapelle qui, sans doute, faisait partie de cet hôtel.

Augustin eut quatre fils:

Augustin Blouet, seigneur de Camilly; Jean-Jacques, seigneur de Cainet et d'Yquelon; François, qui suivit la carrière ecclésiastique, et Pierre qui choisit celle de la marine.

Il eut, en outre, plusieurs filles dont l'une, Anne Blouet, devait transmettre toute la fortune de sa famille à celle de Bernières, une deuxième fille mariée, et trois religieuses, l'une aux Ursulines, l'autre à la Charité de Caen, et la troisième à l'abbaye de Montivilliers.

On voit à quel point la famille Blouet de Camilly était traditionnellement attachée aux idées religieuses. En parcourant les papiers qui la concernent, on est généralement frappé de l'accord qui règne entre tous ses membres, et du désintéressement que chacun apporte dans les arrangements de fortune. Ainsi, dans un accord fait en 1690, entre les trois frères, Augustin, François et Pierre (Jean-Jacques étant déjà décédé), il est dit que, «pour éviter tous les différends qui auroient pu naistre entr'eux touchant les partages des biens

D

de la succession paternelle et maternelle », Augustin, l'aîné, gardant « le noble fief, terre et seigneurie de Camilly par lui choisi « par préciput en la succession paternelle, renonce aux fief, terre et seigneurie d'Yquelon qu'il aurait également pu prendre par préciput comme héritier de leur frère Jean-Jacques, décédé depuis leur père, et se borne à réclamer « le fief, terre et seigneurie du Fresne, qui valait beaucoup moins. » Tout le reste est arrangé ex æquo et bono, en présence de Jean-Jacques Blouet, archidiacre de Coutances, leur oncle.

[ocr errors]

L'on voit encore François et Pierre héritiers de leur frère Augustin, en 1714, convenir que « sans qu'il y ait aucun acte en forme qui les y oblige,» ils exécuteront de leur propre mouvement » le désir de leur frère, en s'obligeant à payer la somme de 10,000 à Mile de Gavrus, leur nièce, « lorsqu'il se trouverra un party convenable.» Par le même accord, 500 livres devaient être payées aux pauvres du Fresne.

Une série d'actes nous présente les fils choisissant toujours par rang d'âge. Ils sont chargés, sur la succession, de subvenir aux dots de leurs sœurs, lesquelles n'héritent que faute d'hoirs mâles. Telles étaient les prescriptions de la Coutume de Normandie, aux termes de laquelle « l'aîné est le tuteur naturel et légitime de ses frères et sœurs. » Voir au titre des Successions, art. 237-248. (1)

(1) Dans le courant des deux derniers siècles, le nombre des rentes, qui, de nos jours, décroit avec raison de plus en plus, était extrêmement multiplié. Ainsi la fortune de M. Pierre-François Blouet de Camilly, theologal et archidiacre de Bayeux, comprenait deux maisons sises à Caen et 14 rentes formant ensemble 2,482 livres 19 s. 10 d. Parmi

« PreviousContinue »