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du luminaire, aux honoraires du chapelain et des prêtres.

Le nombre des frères servants était fixé de 12 à 30, suivant les localités. Ceux dont la conduite était irrégulière ou scandaleuse étaient renvoyés.

La confrérie avait un chef ou échevin, un prévôt, un sous-prévôt, un receveur qui rendait compte tous les ans de sa gestion, et un clerc. Les fonctions de ce dernier consistaient à répondre en surplis les messes de la charité, à assister quelquefois le receveur, à avertir au son d'une cloche, à chaque carrefour et bout de rue, de la mort d'un des confrères ou bienfaiteurs, en recommandant son âme aux prières du peuple. Il portait, aux processions, la croix d'argent ou de cuivre de la confrérie. Dans plusieurs villes il était d'usage que le clerc allât, à certains jours de la semaine, crier la nuit dans les rues avec des clochettes : « Réveillezvous, gens qui dormez; priez Dieu pour les trépassés. » Cela se pratiquait à Douai, à Ypres et dans d'autres villes. On dit que saint François-Xavier institua cette. coutume dans les Indes.

Dans certaines villes, telles que Lyon, Tours et ailleurs, les confrères portaient au côté une médaille d'argent ou de cuivre sur laquelle étaient inscrits ces mots: In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum, avec l'image de la Vierge ou du patron de l'église et de celui de la charité. Aux processions, les confrères portaient des chaperons de velours, de soie ou de laine avec l'image du patron, remplaçant ainsi la médaille qui se trouvait cachée par leurs manteaux.

Dans l'église de St-Nicolas de Bruxelles, la charité faisait sonner sa cloche pendant l'exécution d'un condamné à mort, afin que le peuple priât pour

lui.

La charité donnait aussi des secours aux prisonniers. Avant de parler de quelques charités du diocèse de Lisieux, nous croyons devoir mentionner ici les dates des fondations de celles de la ville de Caen, dont le souvenir est probablement perdu depuis longtemps.

CHARITÉS DE CAEN. La confrérie de la charité de StEustache fut fondée en l'église Notre-Dame, et ses statuts approuvés, le 20 mai 1443, par l'official de l'évêque de Bayeux au siége de Caen.

Celle de St-Michel de Vaucelles fut approuvée et autorisée par le même official, le 16 juillet 1446.

Celle de Notre-Dame de Vaucelles le fut le 12 août 1448. Celle de l'église de Notre-Dame-du-Carmel fut approuvée le 21 avril 1449, et celle de St-Étienne le pénultième jour de juillet de la même année.

Tout cela se passait sous la domination anglaise en Normandie, laquelle ne prit fin que le 22 août 1450. L'official de l'abbaye de St-Étienne de Caen approuva, le 12 juin 1452, les statuts de la charité de St-Nicolas.

Le même official approuva la charité de St-Sauveur le 27 avril 1480. Mr. de Houttefort, seigneur de Hamars, chambellan du roi et bailli de Caen, avait été un de ses fondateurs.

La charité de St-Martin fut approuvée le dernier jour de mai 1486.

Les statuts de celle de St-Gilles, dont le puissant seigneur Alain de Goyon, bailli de Caen, était alors le premier échevin, furent approuvés par l'official de l'abbaye royale de St-Trinité de Caen, le vendredi après la Pentecôte 1488, et par l'official de Bayeux au siége de Caen, le 8 juillet de la même année.

Le même official de l'abbaye de St-Étienne approuva, vers le même temps, les statuts de la charité de St-Ouen.

Ceux de la charité du St-Sépulcre furent approuvés, le 21 juin 1495, par messire Charles de Neufchâtel, archevêque de Besançon, prince du St-Empire et administrateur de l'évêché de Bayeux.

La confrérie de la charité de St-Jean fut, dit-on, fondée sous l'échevinat de l'évêque de Bayeux, Philippe de Sémilly, en 1449, et en partie par Me Isabelle de Bourbon, depuis abbesse de Caen, de 1505 à 1531. Ses statuts étaient perdus dès l'année 1631.

L'approbation fut donnée, en 1600, par le pape Clément VIII, à la confrérie de St-Sébastien, fondée dans l'église St-Pierre.

Les statuts de celle de St-Julien furent approuvés, paraît-il, par frère Pierre de Caen, chevalier de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem, le 9 novembre 1617.

Il y avait autrefois (elle ne subsistait plus en 1727) une charité dans l'église des Frères Prêcheurs de Caen, sous le nom de St-Jacques et de St-Christophe. Elle avait été érigée en 1450. Une charte du 21 juin 1451, donnée par les chanoines du Chapitre de la cathédrale de Compostelle, associait cette confrérie à ses prières. Un réglement, en date du 29 novembre 1536, avait été rédigé pour cette confrérie, au sujet de la rétribution à payer pour ses services par l'official de l'évêque de Bayeux.

Une dernière charité, également autorisée, était établie dans l'église des Frères Cordeliers de Caen, sous le titre de St-Ildevert; une inscription, placée près de l'autel de la Vierge dans cette église, portait la date de 1611. Cette charité n'existait plus en 1727.

Les statuts de toutes ces charités se référaient à d'an

ciennes confréries préexistant de temps immémorial. Leurs titres furent probablement dispersés par Édouard VI, roi d'Angleterre, en 1346; par Henri VI, roi d'Angleterre, en 1417, et par les religionnaires, en 1562, lors du saccagement qu'ils firent des églises de Normandie. Les statuts des charités ne donnaient aucune prééminence aux unes sur les autres: elles allaient confusément, lorsqu'elles assistaient à l'inhumation de l'un de leurs membres des paroisses de la ville de Caen et des faubourgs, qui leur accordaient le droit de sépulture avec le son des cloches, en reconnaissance de leurs services.

Dans un arrêt du Parlement de Rouen, du 19 mars 1727, on trouve ce qui suit:

Copie collationnée des ordonnances et statuts de la confrérie de St-Lubin, instituée et ordonnée par les maîtres du métier de corroyeurs et préparations des cuirs de la ville de Caen, et autres frères et sœurs d'icelle confrérie en l'année 1022, dans l'église des frères de Ste-Croix de Caen. »

Les statuts commencent ainsi :

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Universis has præsentes litteras inspecturis, etc., etc., frater Simon humilis prior conventus fratrum de Cruce Sanctorum de Cadomo salutem. Notum facimus quod dicti fratres salutem animarum suarum procurare cupientes et dominicum servitium augmentare, recognoverunt constituisse in dicto conventu et ecclesia ipsam confratriam. >>

Le notaire apostolique certifie ensuite cette convention en présence de deux témoins (1).

(4) Un examen critique démontre que la date de cette pièce doit se rapporter à l'an 1432 ou environ.

STATUTS ET RÉGLEMENTS DES CHARITÉS.

Surville.-Nous avons dit que les évêques de Lisieux présidaient à l'établissement des charités dans leur diocèse, autorisaient des réglements pour leur administration et en surveillaient attentivement l'exécution.

Nous citerons d'abord celles de nos contrées voisines dont il nous a été possible de découvrir les statuts. Elles datent, pour la plupart, du XVe siècle.

Les statuts de la charité de Surville, près Pontl'Évêque, ancien diocèse de Lisieux, actuellement dans le département du Calvados, nous ont paru les plus remarquables (1).

Nous y trouvons des généralités pouvant s'appliquer à beaucoup d'autres confréries.

Elle fut fondée, en 1453, en la paroisse de Surville, par messire Gabriel Chief, abbé, prêtre, curé dudit lieu, et doyen de Touques; Jehan Lecomte, escuyer, seigneur temporel dudit lieu, et autres notables personnes de cette paroisse et des environs; ses statuts furent approuvés par Thomas Bazin, évêque-comte de Lisieux, qui accorda 40 jours d'indulgence aux membres de la confrérie.

Elle s'étendait sur un grand nombre de paroisses des environs de Pont-l'Evêque, telles que Launay, Branville, Périez, Rabu, Le Coudray, Reux, Tourville, Bonneville, Daubœuf, St-Gratien, les Parcs-Fontaines.

A l'origine de cette fondation, il s'y joignait une multitude de gens d'église, de tabellions, d'avocats et d'autres gens de robe: on ne doit point être étonné de

(1) Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, t. XXV, p. 549,

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