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Giffard et d'autres barons, dont plusieurs, possédant de grands fiefs en Angleterre, pouvaient luí préparer les voies. Dans l'automne de l'an 1101, il se laissa conduire, avec une flotte peu considérable, au-delà du détroit de la Manche, et vint s'établir dans le pays de Winchester, au milieu de ses partisans; apprenant que la jeune reine était en mal d'enfant au château de Winchester, il dit qu'il fallait respecter son séjour, et se dirigea vers Londres.

Son débarquement engagea plusieurs barons à se déclarer pour lui, ou à mettre des conditions à leur fidélité envers le nouveau roi ; d'autres restèrent fidèles à Henri, qui avait d'ailleurs pour lui le haut clergé, les troupes mercenaires et le peuple anglais'. De bonnes gens, indécis entre le roi de fait et le roi qui avait un droit à la succession, prièrent le ciel de se prononcer pour l'un d'eux signe certain, tels

que

par quelque

la foudre ou la flamme. 2

2

I

« Episcopi, milites gregarii et Angli animo constanti cum illo perstitere, etc. » Flor. Wigorn., 1. c.

2

« Dicitur quod cum rogaretur ut per ignis missionem in vigilia Pascha ostenderet Deus quem sibi regem præficerent, et venisset super lanciam Roberti Curthose, respuit ille. » Chronica de Mail

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292

CHARTE DE HENRI.

Henri assembla dans Londres les vassaux normands et anglais, et les harangua pour les exciter à la résistance contre les prétentions de son frère. Il représenta Robert comme un prince brutal et orgueilleux, ne respirant que la guerre, méprisant du reste ceux sur lesquels il voulait régner, tandis que lui, Henri, ne demandait que la paix, ne désirait que la conservation des libertés et coutumes du pays, étant prêt à confirmer par une charte les lois du roi Édouard, et à écouter tous les conseils relatifs au bien du royaume.

Il promulgua en effet une charte qui aurait été une précieuse acquisition pour les habitans de l'Angleterre, si l'on avait déjà possédé quelque autre garantie contre le retour de l'arbitraire royal. Par cet acte, le roi abolissait les abus du pouvoir introduits par ses prédécesseurs; il promettait de ne rien prendre du domaine de l'Église, de ne pas vendre les biens des vassaux morts, de respecter les droits de leurs veuves, de ne pas cepter de l'argent pour faire grâce aux coupables; il assurait aux chevaliers qui défendaient leurs terres par le casque et l'épée la possession de leurs biens, sans exiger d'autres redevances que le service militaire. Il pardonnait aux meurtriers dont

ac

IL SE RÉCONCILIE AVEC SON FRÈRE. 293

le crime était antérieur à son couronnement; enfin il rétablissait expressément les lois et coutumes du roi Édouard, corrigées par son père Guillaume.'

Ses promesses ne restèrent pas sans effet. On s'arma pour la défense de son trône. Il marcha ensuite contre les Normands. Quand les deux partis furent en présence, les parens et amis se reconnurent mutuellement; il y eut de part et d'autre une grande répugnance à en venir aux mains. Les conseillers prudens de Henri en profitèrent pour l'engager à recourir aux négociations. Henri, connaissant le caractère vacillant de son frère, et sa pénurie constante, alla le trouver, et sut si bien s'emparer de sa volonté dans cet entretien que Robert promit de se retirer sans coup férir, et qu'il renonça à toutes ses prétentions sur le trône anglais, moyennant une pension annuelle de 3,000 marcs d'argent. Henri, de son côté, abandonna entièrement ses droits sur le Cotentin, et ne se réserva que la place de Domfront, qu'il avait

On trouve une traduction de cette charte et du discours de Henri dans le 6o essai, chap. 2, de Guizot, Essai sur l'Histoire de France.

294 PACTE ENTRE LES DEUX FRÈRES.

promis de ne jamais aliéner. Les deux frères s'engagèrent à rendre aux partisans de l'un et de l'autre, en Normandie et en Angleterre, les terres et les honneurs dont on les avait privés ; à reprendre les domaines de leur père, dont une grande partie avait été aliénée; à vivre désormais en paix et bonne intelligence, et à punir mutuellement ceux qui trameraient des complots contre l'un d'eux. '

Orderic Vital, lib. 10.

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CHAPITRE IV.

Henri saisit les fiefs de Robert de Bellême en Angleterre. Robert Courteheuse se rend en Angleterre pour réclamer la restitution des biens de ses barons. Il est forcé de renoncer à sa pension. Guerre féodale en Normandie au sujet de la succession de Guillaume de Breteuil. Le duc de Normandie fait la paix avec Robert de Bellême. - Henri, roi d'Angleterre, débarque en Normandie. - Robert Courteheuse se réconcilie avec lui. — Nouveau voyage de Henri sur le continent. ·Sermon politique prêché par l'évêque de Séez devant la cour du roi à Carentan. — Origine des querelles entre cet évêque et Robert de Bellême. La mode des longues chevelures scandalise le clergé. —Siége de Bayeux, duel entre deux Caen se rend au

-

chevaliers. Incendie et prise de la ville.

roi. Henri revient en Normandie en 1106.- Bataille de Tinchebrai, entre les armées de Henri et de Robert Courteheuse. - Celui-ci est fait prisonnier. Robert de Bellême fait sa paix avec le roi― Henri tient une cour plénière à Lisieux. Articles qui y sont délibérés et arrêtés.

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Ce traité, conclu sans la participation des barons, réjouit les Anglais, qui se virent tout à coup délivrés du danger de l'invasion; mais il indigna les barons normands, compromis, à l'égard de leurs fiefs en Angleterre, pour avoir embrassé la cause de l'aîné des deux frères. Ils se virent de nou

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