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DISCOURS

DC611 P581 564

V. 13°

SUR

L'IMPORTANCE DES ÉTUDES HAGIOLOGIQUES,

PRONONCÉ PAR M. A. BREUIL, PRÉSIDENT,

Dans la Séance publique du 12 Juillet 1857.

MESSIEURS,

Il n'est pas rare de voir dans les livres et les journaux l'Incrédulité tourner en dérision la vie des saints et afficher le plus profond dédain pour l'Hagiographie. Cette sorte de critique railleuse et superficielle n'est pas la plus redoutable. Il en existe une autre qui offre bien plus de dangers. C'est la critique de ces écrivains, prétendus sérieux, qui, substituant les faibles lumières de la raison humaine aux enseignements de la Foi, ne veulent voir dans les faits évangéliques que des allégories et dans les légendes des saints que des romans plus ou moins mal construits sur le modèle de la vie de Jésus. Mais, en compensation du mal produit par l'exégèse rationaliste, il

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s'est manifesté depuis plusieurs années dans la presse orthodoxe un retour consolant vers les études hagiographiques. Au nombre des publications les plus remarquables on doit citer la Vie de saint Dominique et celle de sainte Élisabeth de Hongrie, dues aux plumes les plus éloquentes de notre siècle, la Vie de saint Léger par dom Pitra, celle de sainte Cécile par dom Guéranger; l'Année liturgique de ce dernier, où le Propre des saints tient une place si considérable; le savant livre de l'abbé Faillon, intitulé Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette contrée. Qualités de style, discussion nerveuse et approfondie, rien ne manque à ces divers ouvrages. Les écrivains détracteurs des saints fussent-ils en plus grand nombre que leurs apologistes, il est incontestable que la supériorité du talent et de la science resterait à ceux-ci. Des livres venus de l'étranger ont aussi favorisé le mouvement auquel nous applaudissons. L'allemand Gœrres, dans son vaste ouvrage intitulé la Mystique, traduit en français depuis quelques années, a examiné et résolu relativement aux saints des questions de physiologie dignes d'occuper l'attention des hommes versés dans cette partie de la science médicale. En Angleterre, une femme qui possède le double talent d'écrivain et de dessinateur, a étudié, en visitant tous les musées de l'Europe, les œuvres d'art inspirées par les légendes des saints. Quoique protestante, M. Jameson ne se laisse guider ni par l'esprit de secte, ni par ce rationalisme dénigrant auquel cèdent trop souvent ses coréligionnaires. Femme à la raison droite, au cœur religieux et sensible, elle reproduit

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les légendes avec une scrupuleuse fidélité. En voyant son respect, sa vive admiration pour les héros chrétiens dont elle raconte la vie, souvent le lecteur se prend à douter qu'elle n'appartienne pas à l'église orthodoxe.

Lorsqu'on parcourt son livre, si bien nommé par une Revue française la Légende dorée des artistes, et dans lequel tant d'aperçus variés concourent à l'éclaircissement des questions d'art, on est frappé de l'inépuisable richesse des matériaux qui s'offrent aux investigations hagiologiques. Si un archéologue, à la fois catholique sincère et habile écrivain, réunissait dans une suite de monographies consacrées aux principaux noms du calendrier tous les détails intéressant la liturgie, l'histoire, la littérature, les arts; si, en outre, il prenait soin d'y joindre les traditions et les coutumes populaires qui se rattachent au culte des saints, j'affirme qu'il produirait un ouvrage éminemment curieux et instructif. Je vais essayer, Messieurs, de vous faire partager ma conviction. Démontrer l'importance et l'intérêt des études hagiologiques, tel est le but que je me propose.

Pour ne pas m'égarer dans un champ si vaste, surtout lorsque je ne puis disposer que de courts instants, j'appellerai votre attention non pas sur quelques saints choisis dans l'ensemble du calendrier, mais sur une suite de saints appartenant à une phase spéciale de l'année. Je les prendrai dans la période même qui ouvre le cycle ecclésiastique, et qui, sous le nom d'Avent, sert de préparation à la fête de Noël.

Saint André commence quelquefois cette période, dans laquelle se distinguent saint François Xavier, saint Pierre

s'est manifesté depuis plusieurs années dans la presse orthodoxe un retour consolant vers les études hagiographiques. Au nombre des publications les plus remarquables on doit citer la Vie de saint Dominique et celle de sainte Elisabeth de Hongrie, dues aux plumes les plus éloquentes de notre siècle, la Vie de saint Léger par dom Pitra, celle de sainte Cécile par dom Guéranger; l'Année liturgique de ce dernier, où le Propre des saints tient une place si considérable; le savant livre de l'abbé Faillon, intitulé Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette contrée. Qualités de style, discussion nerveuse et approfondie, rien ne manque à ces divers ouvrages. Les écrivains détracteurs des saints fussent-ils en plus grand nombre que leurs apologistes, il est incontestable que la supériorité du talent et de la science resterait à ceux-ci. Des livres venus de l'étranger ont aussi favorisé le mouvement auquel nous applaudissons. L'allemand Goerres, dans son vaste ouvrage intitulé la Mystique, traduit en français depuis quelques années, a examiné et résolu relativement aux saints des questions de physiologie dignes d'occuper l'attention des hommes versés dans cette partie de la science médicale. En Angleterre, une femme qui possède le double talent d'écrivain et de dessinateur, a étudié, en visitant tous les musées de l'Europe, les œuvres d'art inspirées par les légendes des saints. Quoique protestante, M." Jameson ne se laisse guider ni par l'esprit de secte, ni par ce rationalisme dénigrant auquel cèdent trop souvent ses coréligionnaires. Femme à la raison droite, au cœur religieux et sensible, elle reproduit

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les légendes avec une scrupuleuse fidélité. En voyant son respect, sa vive admiration pour les héros chrétiens dont elle raconte la vie, souvent le lecteur se prend à douter qu'elle n'appartienne pas à l'église orthodoxe.

Lorsqu'on parcourt son livre, si bien nommé par une Revue française la Légende dorée des artistes, et dans lequel tant d'aperçus variés concourent à l'éclaircissement des questions d'art, on est frappé de l'inépuisable richesse des matériaux qui s'offrent aux investigations hagiologiques. Si un archéologue, à la fois catholique sincère et habile écrivain, réunissait dans une suite de monographies consacrées aux principaux noms du calendrier tous les détails intéressant la liturgie, l'histoire, la littérature, les arts; si, en outre, il prenait soin d'y joindre les traditions et les coutumes populaires qui se rattachent au culte des saints, j'affirme qu'il produirait un ouvrage éminemment curieux et instructif. Je vais essayer, Messieurs, de vous faire partager ma conviction. Démontrer l'importance et l'intérêt des études hagiologiques, tel est le but que je me propose.

Pour ne pas m'égarer dans un champ si vaste, surtout lorsque je ne puis disposer que de courts instants, j'appellerai votre attention non pas sur quelques saints choisis dans l'ensemble du calendrier, mais sur une suite de saints appartenant à une phase spéciale de l'année. Je les prendrai dans la période même qui ouvre le cycle ecclésiastique, et qui, sous le nom d'Avent, sert de préparation à la fête de Noël.

Saint André commence quelquefois cette période, dans laquelle se distinguent saint François Xavier, saint Pierre

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