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des Annales d'agriculture. Cette lettre renferme contre la culture du trèfle de Roussillon, des objections auxquelles répond M. Aubry de la Borde, à la fin de son rapport:

« Me permettrez-vous, Messieurs, dans l'intérêt de l'agriculture de cette partie de la France, de vous présenter quelques observations sur un article inséré dans le n.o des Annales du mois de janvier, intitulé: Lettre sur l'Agriculture du Poitou, par M. D. L. F. D. V. ?

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» La différence du sol et du climat influe tellement sur la réussite de telles ou telles cultures, que je me serais bien gardé de réclamer contre les grands avantages que l'auteur de la lettre attribue à la culture du trèfle de Roussillon, avantages qui existent sans doute dans les départemens dont il parle, mais qui, publiés dans un journal agricole, devenu pour toute la France la loi et les prophètes, pourraient avoir de graves inconvéniens pour les départemens du sud-ouest, si on croyait devoir adopter en grand cette culture.

» L'expérience nous a prouvé depuis long-tems que le trèfle de Roussillon ne pouvait entrer dans notre systême de culture que comme fourrage précoce et comme dépaissance utile pour les troupeaux; qu'il présente d'ailleurs des inconvéniens qu'il peut être utile de signaler.

» Tout ce que dit l'auteur estimable de la lettre sur la belle végétation de ce fourrage est d'une grande exactitude: comme nourriture en vert, il fournit une ressource précieuse et précoce; son produit en graine est considérable, Le trèfle de Roussillon a l'avantage de pouvoir être cultivé sur des terres sablonneuses, où le grand trèfle de Hollande ne réussit pas. Il procure pendant l'hiver une dépaissance utile pour les cochons; semé au mois de septembre sur le maïs, il fournit au printems une ressource précieuse pour les troupeaux. Voilà les avantages; voici les inconvéniens.

>> Si on fait sécher le trèfle de Roussillon, comme foin à conserver, il ne donne qu'un fourrage médiocre; la tige en est dure, contenant peu de sucs nourriciers.

» Le séjour de cette plante sur le sol, loin de l'amender, comme le trèfle de Hollande et la luzerne, effrite la terre

et ocasionne souvent aux blés la maladie que l'on appèle dans des départemens Granzet, c'est-à-dire que quand le blé est au moment de monter en épi, s'il survient un vent chaud, le sol n'ayant plus la vigueur nécessaire, le blé meurt en partie.

» La culture du trèfle de Roussillon exige des engrais quand on veut semer du blé après, tandis que les autres fourrages artificiels, tels que la luzerne ou le sainfoin, amendent le sol par leur séjour et les débris des feuilles.

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Enfin, avec la sécheresse de nos climats, il est trèsdifficile de bien préparer la terre qui a produit du farouch, et cela influe beaucoup sur la récolte du blé.

» J'ose croire, Messieurs, que les inconvéniens que je viens de signaler, et qui sont fondés sur une longue expérience, peuvent prévenir les abus d'une culture trop en grand de ce fourrage; je les soumets à vos lumières, et si vous les croyez justes, à vous seuls appartient de prononcer, et de leur donner de l'importance. »

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En 1770, la Société royale d'agriculture de Paris proposa un prix qui devait être décerné, l'année suivante, à l'auteur du meilleur mémoire sur l'art de perfectionner les constructions rurales; prorogé en 1780, il fut adjugé en 1781.

Dans cet intervalle et depuis, le bureau d'agriculture de Londres rassembla une collection de mémoires, qui furent traduits et imprimés sous le titre de Traité des constructions rurales; un autre Traité des bâtimens propres à loger les animaux, fut également publié à Leipsick.

Les Principes raisonnés d'Agriculture, ouvrage de Thaer que M. Crud a traduit en français, offrent encore diverses manières de bâtir dans les campagnes.

Les ouvrages de MM. Tessier, Yoart, Huzard, Bosc, Morel de Vindé, Fromage, sont de même remplis de réflexions sages sur les dispositions qui conviennent le mieux aux bâtimens ruraux.

Au midi de la France, M. de Mauremont, et dans le Maine MM. Menjot d'Elbene, ont heureusement essayé d'appliquer leurs connaissances en architecture et en agriculture aux usages des campagnes.

Le mémoire de M. Penchaud, architecte à Poitiers, qui en 1781 obtint un accessit, et celui de M. Garnier-Deschesnes sur les constructions rurales (1), méritent aussi d'être consultés.

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En l'an IX (1801), la société qui, lors de son rétablissement, avait remis le même sujet au concours, couronna le travail de feu M. de Perthuis fils, devenu depuis l'un de ses membres dans ce travail, l'auteur a déve¬ loppé de grandes connaissances comme ingénieur et comme agronome, et il a prévu presque tous les besoins de ceux qui font valoir des biens de campagne.

(1) Ce mémoire est imprimé dans le tome 1.er da Recueil do ceux de la Société.

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Mais c'est précisément parce que tant d'hommes ins truits ont agrandi le cercle, et que les principes se trouvent disséminés dans divers Traités, quelquefois incomplets, ou surchargés de plans que les propriétaires riches peuvent seuls adopter, qu'il est utile d'offrir aux simples habitans des campagnes et aux ouvriers un Manuel pratique propre à les guider dans leurs constructions rustiques; car les uns et les autres semblent ignorer qu'un grand nombre de maladies proviennent de l'insalubrité des demeures et de celle des lieux servant à resserrer les alimens ou les fourrages.

Un peu de réflexion suffirait cependant pour les en convaincre, puisqu'en entrant dans la plupart des habitations, des écuries, des étables et des dépôts, on est souvent oppressé par l'air humide et malsain que l'on y respire; le jour y pénètre à peine lorsque la porte s'ouvre, encore des lambeaux d'étoffes s'opposent-ils fréquemment au renouvèlement de l'air et retiennent-ils les miasmes putrides. Ce ne sont pas les seuls dangers auxquels le défaut d'instruction expose les habitans des campagnes.

Il est des contrées où l'unique pignon qui soutient la cheminée est en maçonnerie, de sorte qu'à l'aspect des matières desséchées dont le reste se compose, du chaume qui recouvre le tout et que le vent agite, on est effrayé par l'idée qu'une étincelle peut instantanément embraser ce triste asile, et incendier tout un village.

C'est pour prévenir de tels maux que la Société royale. et centrale provoque le zèle des amis de l'humanité, des agronomes et des artistes.

L'objet spécial du concours que la Société ouvre cette année est de déterminer la meilleure manière de construire dans les campagnes avec solidité, à bon marché, et en maintenant la salubrité, les bâtimens servant à l'habitation des hommes, à la retraite des animaux et à la conservation des récoltes : se bornant toutefois à ceux dont font usage les familles villageoises vivant de leur travail, soit en cultivant une petite étendue de terrain, soit en se livrant à une profession, comme celle de maréchal, de charron ou autre; soit en réunissant, suivant la saison et le besoin, divers genres d'industrie; soit enfin que ces familles n'aient de ressources que le salaire journalier des individus qui la composent,

Toutes ont besoin de santé et d'économie : or, une bonne construction et distribution des bâtimens ruraux, qui permet de réduire les dépenses domestiques et d'entretenir la propreté, contribue à l'une et à l'autre.

Ainsi, par exemple, on prévient les accidens du feu, en donnant plus de consistance aux corps des cheminées, et en les munissant d'une trappe à l'extrémité inférieure; puis à l'aide d'un foyer convenablement disposé, ou d'un fourneau bâti avec intelligence, on épargne les combustibles, dont il se fait une si énorme consommation, surtout à la campagne; d'ailleurs, chacun de ces moyens procure une température plus douce, accélère l'ébullition des liquides et la coction des viandes et légumes. La construction des fours n'exigera pas moins d'attention; Parmentier a démontré que leur forme et leurs dimensions n'étaient point indifférentes. Lorsqu'ils sont établis avec soin, les risques du feu sont moins à redouter, le pain y reçoit une meilleure cuisson, qui ajoute à sa qualité, et un grand nombre de substances peuvent être desséchées dans son intérieur ou au-dessus, en y pratiquant une petite étuve.

Enfin, si on élève davantage le pavé du rez-de-chaussée au-dessus du sol, si on donne un peu plus de hauteur aux planchers, si on perce à propos quelques croisées, ou que l'on pratique un ventilateur analogue à celui de M. Saint-Martin (1), l'air circule plus librement, et on assainit tous les lieux renfermés, quelle que soit leur destination.

Mais ce serait en vain que l'on remédierait aux vices intérieurs, si on ne faisait en même tems cesser les causes de corruption qui existent au dehors, telles que les émanations des fosses à fumier ou des eaux stagnantes; ces sortes de dépôts ont besoin d'être surveillés, même les réservoirs d'eaux vives, naturels ou artificiels, afin que rien n'en altère la pureté.

A la suite de ces notions, devront se trouver celles qui sont relatives à la main-d'oeuvre et au choix des matériaux. Quoiqu'il soit préférable d'employer ceux que l'on a sous la main, il n'est pas moins essentiel d'indiquer

(1) Il est consigné dans le Journal de physique de 1786,

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