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Depuis dix ans, il y a de l'amélioration dans l'architecture des constructions publiques et privées.

Le Secrétaire,

G. DESVAUX-SAVOURÉ,

De l'Institut des provinces.

CONFÉRENCE DU SAMEDI SOIR,

PAR M. MORIÈRE.

Engrais.

Les engrais sont la nourriture des plantes; c'est là une matière première tout aussi indispensable au cultivateur que le bois l'est au charron, que le fer l'est au maréchal. De même qu'il est impossible d'entretenir en bon état les bestiaux de la ferme sans leur donner à manger, de même aussi on ne peut maintenir la fertilité du sol qu'en lui rendant, au moyen des engrais, les matières qui sont enlevées tous les ans par les récoltes. Tous les soins du cultivateur doivent donc être de fabriquer la plus grande quantité possible de fumier de ferme, c'est-à-dire de fumier provenant du mélange des excréments solides et liquides des animaux avec les litières données à ces mêmes animaux. Les chevaux, les bœufs, les vaches, les moutons, les porcs, la volaille sont des fabricants d'engrais qui ne tromperont jamais le cultivateur, et dont il ne saurait trop multiplier le nombre. Il faut qu'il entretienne sur son exploitation au moins 1 tête de gros bétail ou 10 moutons ou 5 porcs par hectare. Il existe des fermes sur lesquelles

on parvient à nourrir 1 tête 1/2 ou même deux têtes de gros bétail par hectare.

Puisque les engrais servent de nourriture aux plantes et qu'ils incorporent dans le sol des matières que ne contient pas toujours la couche de terre arable, voyons quelles sont les substances dont les plantes se nourrissent, et sous quelle forme ces aliments doivent leur être présentés pour produire le maximum d'effet, pour être en un mot assimilés par les plantes qui les transforment, sous l'influence de la vie, en racines, en tiges, en feuilles, en fleurs, en fruits, en graines suivant leurs besoins.

Les plantes ont besoin de rencontrer dans la couche de terre arable: 1° de l'air; 2° de l'eau; 3° du terreau; 4o des matières minérales ou salines qui varient pour les diverses espèces de plantes, ou qu'elles ne puisent pas dans le sol en égale proportion.

1o Les plantes doivent trouver de l'air dans le sol. En effet, l'air agit soit en fournissant à la plante les éléments qui le constituent et qui agissent à la fois sur les parties vertes (les tiges et les feuilles) et sur les racines; soit en exerçant son action sur les engrais et les mettant en état de pouvoir être absorbés par les racines et transportés dans toute la plante. Une terre qui ne peut pas respirer, dans laquelle l'air ne peut pas pénétrer, est une terre malsaine: aussi le cultivateur ne saurait-il trop faciliter l'accès de l'air jusqu'aux racines, soit en agissant sur la terre au moyen d'instruments convenables tels que la charrue fouilleuse qui, tout en remuant la couche de terre profonde, met, comme nous le verrons bientôt, certaines matières minérales en contact avec la plante; soit en drainant les terres qui ont besoin de cette opération.

2o Les plantes réclament de l'eau dans la couche arable:

l'eau agit, soit en se décomposant et en fournissant à la plante les éléments qui la constituent; soit en dissolvant les engrais et les transformant de manière qu'ils puissent entrer dans la plante. Toutefois, l'eau peut faire beaucoup de bien ou beaucoup de mal. Elle fera beaucoup de bien si elle traverse lentement la couche de terre où sont placées les racines des plantes; elle fera beaucoup de mal si elle séjourne au pied des racines de manière à se putréfier, en entraînant la pourriture et souvent la mort des plantes. On fait disparaître les inconvénients de ces terres en les drainant; par cette opération, qui est bien connue de tous ceux qui me font l'honneur de m'entendre, non-seulement on enlève l'excès d'humidité du sol, mais encore: 1° on fait disparaître de mauvaises plantes telles que les Latches, les Roseaux, les Joncs, la Douve, etc., pour les remplacer par des plantes de bonne qualité; 2° on peut travailler la terre en tout temps, après une forte pluie comme après une sécheresse prolongée; 3o on facilite l'accès de l'air jusqu'aux racines; une terre drainée est une terre qui peut respirer: l'air et l'eau peuvent donc circuler facilement dans la couche de terre arable; 4° enfin, l'on obtient une plus grande précocité des plantes; c'est ainsi que des fruits sont arrivés à maturité dans des terres drainées où il était impossible de les faire mûrir auparavant ; des herbages ont gagné, dans le Bessin, quinze jours à trois semaines et quelquefois un mois sur le temps pendant lequel on pouvait y mettre le bétail qui paît de l'herbe de meilleure qualité.

3o Le sol, ou plutôt la couche de terre arable, doit aussi contenir du terreau. Tous les ans, les feuilles qui tombent des arbres, les débris de récoltes ramassés en quantité assez considérable et dont on favorise la décom

position; les matières animales ou végétales que l'on réunit en tas, se transforment au bout de quelques mois en une matière brune, quelquefois noirâtre, qui en brûlant répand l'odeur de la corne; c'est là du terreau. Les jardiniers savent très-bien qu'en augmentant la quantité de terreau, ils augmentent par cela même la fertilité de la couche de terre aussi recueillent-ils avec grand soin tout ce qui peut-être converti en terreau. Le cultivateur devrait agir de la même manière: au lieu de brûler les débris des récoltes, ce qui ne lui laisse que les matières minérales, il devrait convertir ces débris en terreau, ce qui lui donnerait non-seulement les matières minérales, mais encore d'autres matières qui jouent un grand rôle dans la nourriture des plantes. Un sol, pour être fertile, doit contenir 8 à 10 % de terreau.

Voulez-vous avoir une idée des bons effets que l'on peut obtenir au moyen du terreau? Prenez de bon terreau de jardin, épuisez-le avec de l'eau, c'est-à-dire lavez-le jusqu'à ce qu'il ne soit plus coloré, alors semez des graines dans ce terreau ; elles ne lèveront pas ; ou, si elles germent, elles donneront naissance à des plantes qui ne tarderont pas à mourir. Si, au contraire, vous placez ces mêmes graines dans du sable ou une autre matière inerte où il leur serait impossible de vivre si on n'y ajoutait pas autre chose, et que vous les arrosiez avec la lessive du terreau, elles prospèreront parfaitement. Vous voyez donc de quelle importance est la présence du terreau dans une couche de terre arable.

4° Enfin, les plantes ont besoin de rencontrer dans le sol certaines matières minérales qui ne jouent pas un rôle moins important que les aliments précédents. Lorsqu'on vient à brûler du bois, des céréales, des fourrages, des plantes in

dustrielles, etc., on obtient pour résidu des cendres. Ces cendres contiennent précisément l'ensemble des matières minérales ou salines prises au sol, ou que les plantes ont besoin d'y rencontrer pour se développer complètement; si ces matières n'existent pas naturellement dans la couche de terre arable, il faut tâcher de les y incorporer sous la forme qui est le plus facilement assimilable par les plantes.

Nous avons dit que toutes les plantes ne prennent pas dans le sol les mêmes matières minérales. Ainsi, les plantes qui croissent au bord de la mer contiennent une proportion assez grande de sel, analogue à celui qui sert à saler nos mets, qui pourrait être préjudiciable à d'autres plantes; la betterave, le maïs, le topinambour renferment dans leurs cendres et ont besoin de trouver dans le sol de la potasse, c'est-à-dire une matière qui joue un très-grand rôle dans les lessives; les céréales, comme le blé, le seigle, l'orge, l'avoine, la graine de colza, etc., doivent rencontrer dans la terre une substance saline qui existe dans nos os et qui se trouve aussi dans les os de tous les animaux, qui existe encore dans certaines couches du globe; cette substance est ce que l'on nomme du phosphate de chaux. Les Anglais, qui sont encore nos maîtres en agriculture, et surtout en culture intensive se sont procuré du phosphate de chaux partout où il a pu s'en rencontrer : ils ont parcouru à cet effet tous les champs de bataille de l'Europe, et ont aussi chargé leurs navires de phosphate de chaux trouvé dans certaines parties du globe, afin de l'appliquer à rendre la fertilité aux terres où ils ont cultivé les céréales, ou aux terres où ils voulaient les faire venir de nouveau. Enfin vous connaissez tous les bons effets du plâtre, répandu en poudre sur les plantes fourragères telles que la luzerne, le trèfle, le sainfoin, etc.

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