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Ces chandeliers se placent aussi sur la marche inférieure ou près de cette marche. «< Item duo magna candelabra super gradum. » (Inv. de Nuremberg, 1334.) – << Pro duobus candelabris super gradum. » (Ibid., 1433.) En 1472, Raoul Gilabrande donna à l'abbaye de Saint-Alban «< duo prominentia ante altare majus candelabra, consimilis polituræ et de æquali substantia, non sine magnarum effusione expensarum suis contributibus ». (Monastic. Anglican., t. II, p. 222.)

En Poitou, selon le rit particulier au diocèse, nous avons encore vu, il n'y a pas bien longtemps, deux chandeliers d'acolytes posés aux deux extrémités de la basse marche, tant pour l'office capitulaire, quand il ne comportait que deux cierges, que pour les messes basses. Selon le rite romain, aux vêpres, les acolytes mettent, au contraire, leurs chandeliers sur la plus haute marche.

Une miniature du xv° siècle, que j'ai relevée à la Bibliothèque nationale, montre, à une exposition du Saint-Sacrement, deux chandeliers sur l'autel et un troisième en avant, sur le sol (1)..

M. Luc de la Vigne, dans son Voyage circulaire en Espagne, dit, en parlant de la cathédrale de Burgos: « Le grand autel, très élevé, avec les marches nombreuses qui y donnent accès, son retable de pierre et de métal sculpté, et ses grands chandeliers d'argent étagés sur les marches de chaque côté, fait un grand effet. >>

A la cathédrale de Cracovie, dans la chapelle où repose la reine Anne Jagellon, on voit, en avant de l'autel, à

(1) Le pape a conservé cet usage. Dans sa chapelle privée, il n'y a pas de lampe devant le Saint-Sacrement, mais un cierge de cire blanche et le chandelier qui le supporte se met sur le sol, en face du tabernacle.

quelque distance de la marche, deux grands candelabres de bronze, portant chacun un cierge élancé (1). (Magasin pittoresque, t. XXXV, p. 13.

A Rome, dans la plupart des églises, on remarque deux grands chandeliers placés à l'entrée du chœur. Ils sont en bois ou en métal et on les allume pour les offices solennels ou encore, comme à Sainte-Marie in via lata, au Sanctus de la messe capitulaire. Nous avons leur équivalent dans les textes des inventaires, qui signalent leur matière plus vulgaire, fer, étain, argent blanc, et leur forme élancée.

<«< Item, candelabra magna ferrea III. » (Inv. de la cath. de Toulon, 1333, no 18.) Ce nombre trois pourrait étonner, car ces chandeliers vont par paires, mais le troisième était, comme je l'ai constaté plus haut, celui du Sanctus, suivant la pratique romaine, actuellement tombée en désuétude. - - «Duo candelabra ferrea stancia

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(1) A Jérusalem, dans l'église du Saint-Sépulcre, sous la grande coupole, se dresse un monument rectangulaire, qui abrite un double souvenir dans le premier sanctuaire, on conserve la pierre sur laquelle l'ange était assis quand il parla aux Maries et, dans le second, on voit le tombeau même du Sauveur. Or, en avant de ce Sancla sanctorum ou tabernacle, sont posés des chandeliers, de chaque côté de l'entrée. Deux indiquent cette même entrée ils sont appuyés sur la balustrade. A l'extérieur de la balustrade il y a quatre grands chandeliers et quatre plus petits à l'intérieur, ce qui fait cinq par côté ou dix en tout. (Voir l'Illustration, 1880, no 1972.)

A la Grande-Chartreuse (diocèse de Grenoble), outre les chandeliers de l'autel, il y a quatre grands chandeliers posés à droite et à gauche de l'autel, sur la première marche qui conduit au sanctuaire comme celui-ci n'est pas clos par une balustrade, ils sont directement sur le sol. (Voir la gravure que donne le Pèlerin, ann. 1881, p. 430.)

coram summo altari. » (Inv. du prieuré de Coldingham, 1371.)

<< Pro duobus candelabris stanneis. » (Inv. de Nuremberg, 1377.)

<«< Deux haulx chandeliers pour chapelle d'argent, vérez: pesant huit marcs cinq onces. » (Inv. de Charles V, 1379, n°1572.) - «<ltem, deux grands vieilz chandeliers tors, d'argent blanc, néellez par le pié, et les acheta monseigneur d'Estampes pour donner au Roy à Vézellay; non pesez, pour ce qu'il y a grant foison de cuivre et de bois. » (no 1580).« Item, une paire de haulx chandeliers pour chappelle d'argent blanc véré, et est le pommel à six esmaulx croisié, et esmaillé de France; pésans quinze marcs quatre onces quinze estellins. » (N° 1587.)-« Item, deux petits chandeliers bassez, à broche, pour chappelle; pesans troys marcs et demy. >> (N°1589.) — « Item, deux haulx chandeliers de chappelle d'argent, néellez tout du long, pesans six marcs quatre onces quinze estellins. » (no 1591.) << Item, duo candelabra magna ferrea. » (Test. du cardinal Bessarion, 1464.) << Item, deux grands chandeliers d'église, d'argent blanc.» (Inv. de Saint-Florent de Saumur, 1538.)

Quand les anciens textes déclarent les chandeliers hauts et grands, il faut l'entendre évidemment des chandeliers de chœur et non d'autel, ces derniers étant, dans plusieurs inventaires, qualifiés bas et petits. Toutefois, aux deux derniers siècles, les chandeliers du maîtreautel atteignaient déjà de grandes proportions.

Ainsi, lorsqu'en 1794 l'église d'Ambert en Livradois, au diocèse de Clermont, dut livrer à la Convention nationale toute son argenterie, il s'y trouva «< les six énormes chandeliers du maître-autel ».

A la suite du ravage fait par les protestants en 1562

dans la cathédrale d'Angoulême, une enquête eut lieu pour apprécier les dégâts. J'y relève une mention tout à fait insolite en France: « Plus vingt-quatre chandeliers de cuivre, estant devant le cœur et devant le grand autel et dessoubz le crucifix, paisant deux cens livres. » (Bulletin de la Soc. archéol, de la Charente, 4° série, t. VI. p. 517.) Ces mots dessoubz le crucifix (1) précisent l'endroit où étaient ces chandeliers, c'est-à-dire à l'entrée du chœur, sous le jubé.

« La chapelle de mad. Dame. Deux grans chandeliers d'argent à mectre flambeaux, pesant v vj°. — Item deux aultres petiz chandeliers à mectre sierges, qui sont d'argent doré.» (Inv. de Marie de Bretagne, abbesse de Fontevrault, 1477.) Cette distinction entre les chandeliers à flambeaux et à cierges est très significative. Les grands chandeliers posaient sur le sol et les autres se mettaient sur l'autel.

M. de Farcy écrit dans la Revue de l'art chrétien, t. XXX, p. 187: « Jusqu'au XVIIIe siècle, il n'y eut point

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(1)« Le dernier jour de décembre (1480), le suppliant avec les bacheliers de la parroisse de la petite Boissière (en bas Poitou) et ung ménestrier fut par les villaiges de ladite parroisse........... pour prandre et recevoir les aumosnes des bonnes gens qu'ilz ont accoustumé donner pour l'entretenement d'une lampe et de 16 lamperons, ainsi que de coustume est de faire de tout temps la vigille de l'an neuf, et s'appellent lesd. dons aguillanneuf. Lesquelles lampes et lamperons sont pendans en l'église dud. lieu de la petite Boissière devant l'image du crucifix et ont accoustumé estre alumées, c'est assavoir lad. lampe seule ès jours des dimenches et les festes annuelles, durant que on fait le divin service; et lesd. lamperons et lampe ensemble és festes annuelles... estoient lesd. dons rilles et oreilles de pourceaux et autres pièces de char.... vendues publiquement après vespres au plus offrant et dernier enchérisseur. »

de chandeliers proprement dits sur l'autel (à la cathédrale d'Angers). Il y avait seulement sur le mur servant de retable et auquel était appuyée la table d'argent de Normand de Doué, dix pointes de fer scellées, sur lesquelles on mettait autant de grands cierges. Cette disposition du luminaire n'a jamais été modifiée entre le milieu du XVe siècle, époque de la construction de l'autel, et 1699, date de sa démolition. Il ne s'agit donc pas ici de chandeliers d'autel, mais de chandeliers d'acolyte et autres. Il y avait deux chandeliers d'acolyte en argent blanc, pesant 14 marcs et donnés comme neufs dans l'inventaire de 1286, et deux autres très grands laissés à l'église par Louis II, comte d'Anjou, qui mourut le 29 avril 1417. Ils sont qualifiés de notabilia (1421), dorés par endroits, et pesaient 26 marcs et demi. On les trouve dans l'inventaire de 1646 ainsi désignés : « Deux grands chan«<deliers d'argent, dorés au bout et à la pommette du << milieu, à chacun desquels y a huit ymages en bosse « d'argent doré, supportés de trois lions par dessoubs la << patte et se démontent à virolles. >>

Le poids, les proportions et l'ornementation de ces chandeliers m'empêchent d'y voir des chandeliers d'acolyte ce sont plutôt des chandeliers destinés à poser immédiatement sur le sol, comme en témoignent les lions sur lesquels ils sont montés. Or ces lions ne se rencontrent jamais aux chandeliers d'acolytes, dont le pied, en France, était et est encore plat.

Le Coutumier de l'abbaye de Sainte-Croix, à Poitiers, racontant, au XIIIe siècle, ce qui devait se faire pour la fête du titulaire, contient cette rubrique : « Abbatissa offerat unum cereum de septem libris..... et post incipiat abbatissa vesperas..... In medio choro accendatur cereus quem abbatissa dedit et duo alii et ad altare duo

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