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MÉMOIRES

I

MOUVEMENT DES ÉTUDES ARCHÉOLOGIQUES

DANS LE FINISTÈRE

Depuis longtemps les travaux archéologiques sont en honneur dans la vieille province de Bretagne; je voudrais en retracer particulièrement la marche dans le département du Finistère.

Quoique nous soyons aux confins de la terre, et, pour ainsi dire, à l'extrémité du monde, nous pouvons nous glorifier de n'être pas en retard sur les autres provinces pour cette science qui intéresse à un si haut point l'histoire du pays et l'amour-propre national.

Très peu de temps après que le regretté et vénéré M. de Caumont eût fondé la Société française d'archéologie, il parvint à inaugurer une société départementale dans les Côtes-du-Nord, puis, grâce à son zèle et à celui de dévoués collaborateurs, les quatre autres départements bretons furent dotés d'associations analogues. Dans le Finistère, M. de Caumont avait, pour le seconder, des esprits d'élite, que leur science, leurs aptitudes et leur goût personnel portaient déjà vers cette branche Je ne ferai que nommer ici M. du Châtellier, notre honoré doyen, qui nous fait l'honneur de présider cette séance, et dont chacun peut admirer la verte vieillesse.

d'études.

Ses travaux historiques sont bien connus et il fut l'un des membres les plus infatigables de cette Société archéologique du Finistère, depuis les jours de sa création jusqu'au moment de sa chute, lorsque nos gouvernants d'alors, y voyant comme une association dangereuse, en prononcèrent la dissolution.

Parmi ses plus illustres collègues, M. du Châtellier comptait M. A. de Blois, le zélé chercheur, l'ami passionné de l'histoire des villes et des familles bretonnes. M. de Kerdanet annota la Vie des saints de Bretagne, étudia le Folgoët et fit une monographie de cette admirable église. En même temps il s'attachait à rechercher le tracé des voies romaines qui sillonnent le pays, et explorait quelques établissements importants, croyant y découvrir les vieilles villes de Tolente et d'Occismor.

Quelques autres savants s'occupaient de travaux particuliers: M. le Jean faisait l'histoire de la ville de Morlaix; M. le Vot écrivait celle de la ville de Brest et faisait les plus belles recherches sur les deux anciennes abbayes de Landévennec et de Saint-Matthieu de la Fin-des-Terres. M. le docteur Halléguen s'occupait du château du comte Nin, à Châteaulin, des voies romaines et des anciens camps de cette région, de l'existence plus que probable de l'ancienne ville d'Is, à Douarnenez, et de sa submersion partielle dans la baie qui baigne cette ville. Il ne faut pas oublier M. Pol de Courcy, qui, dans ses deux itinéraires, a si bien décrit les monuments religieux et civils de notre pays.

Puis l'année 1873 vit renaître la Société archéologique du Finistère, et l'on se remit au travail avec une nouvelle ardeur. M. de Blois en était le président et animait tous les ouvrages. Je ne puis que citer les principaux travaux de M. le Men: sa Monographie de la cathédrale de Quimper, ses études sur les oppidum du Finistère, sur les voies romaines, sur les camps et établissements romains, les fouilles de quelques tumulı en collaboration de M. de Montifault, et l'organisation du musée archéologique de Quimper.

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M. Audran, de Quimperlé, s'est particulièrement distingué par ses recherches sur l'histoire de cette dernière ville, par ses communications sur les abbayes de SainteCroix et de Saint-Maurice et le couvent des Dominicains. 7

A son nom je dois associer celui de M. de la Villemarqué, si connu par ses travaux de linguistique; l'archéologie doit lui être reconnaissante de son précieux concours. Je serais injuste si je ne prononçais pas au moins le nom de M. le docteur Le Hir, de Morlaix, et celui de M. l'abbé du Marhallac'h, vicaire général de Quimper; c'est à lui que nous devons l'exploration de la villa romaine du Pérennou. novo sve mitm

Et maintenant je dois un hommage tout spécial à M. P. du Châtellier. Continuant les travaux de son père, il est devenu un explorateur infatigable. Toute une région de notre département lui a déjà passé sous la main, et par ses mémoires si instructifs, par ses communications si intéressantes, surtout par la visite de sa magnifique collection, on peut connaître les richesses archéologiques qu'il a trouvées dans ces fouilles, au fond des tumuli, au pied des menhirs, sous les dolmens, dont il est désormais le familier, et qui n'ont plus de secrets pour lui.

Je ne puis pas terminer sans dire un mot de l'enseignement archéologique dans le Finistère. Depuis huit ans je me suis chargé du cours d'archéologie dans notre petit séminaire de Pont-Croix. Dans mes conférences à mes jeunes élèves j'insiste spécialement sur nos monuments religieux, qui sont si beaux et si nombreux. Le moyen âge et la Renaissance ont semé chez nous des merveilles; mais je suis loin d'oublier les édifices civils et militaires, et ces vieux monuments mégalithiques que les races passées ont répandus en si grande abondance sur notre sol. Je puis donc dire que, chaque année, une moyenne de vingt-cinq à trente jeunes gens sortent de chez nous, non pas avec une connaissance approfondie de la science archéologique, mais avec des notions suffisantes pour apprécier un monument, en fixer approximativement la date, en empêcher la destruction, en faire connaître l'importance et la valeur; avec des notions suffisantes au besoin pour s'adonner plus complètement à ces études, et rendre, à l'occasion, les plus précieux services à la science.

Je dirai un mot seulement sur les travaux de restauration. Nous avons deux cathédrales, Quimper et SaintPol-de-Léon, qui sont, il est vrai des monuments secondaires pour la grandeur, mais qui, pour l'ensemble et les détails, sont d'une admirable beauté.

On est heureux de pouvoir dire que les restaurations qui y ont été entreprises ont été faites avec science et goût, et laissent peu de prise à la critique.

La vieille église romane de Loc-Maria de Quimper a été restaurée et en partie reconstruite sur les plans anciens, sous la direction de deux savants architectes, M. Bigot et le R. P. Tournesac.

Dans nos campagnes même, les restaurations et réparations se font en général avec beaucoup d'entente,

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