Siègent au bureau: MM. le comte de Limur, Fontès, Mazard et de Baillencourt. Après la lecture des procès-verbaux des deux séances de vendredi, M. le comte de Limur présente quelques observations sur l'or de Pénestin, qu'il dit être semblable à celui qu'on a parfois rencontré dans les monuments mégalithiques du Morbihan. La parole est ensuite donnée à M. l'abbé Le Mené, pour rendre compte de la visite faite, vendredi, à la cathédrale de Vannes par les membres du Congrès. Dans sa description, rendue plus facile à suivre par des figures tracées au fur et à mesure sur le tableau noir, il montre l'édifice actuel composé de parties qui remontent à différentes époques. A la fin de cette communication, M. Palustre critique le défaut d'unité dans les restaurations modernes. M. Le Mené dit en avoir fait l'observation à l'architecte, qui lui a répondu : «Les architectes ne s'occupent par d'archéologie ! » Dans une lecture sur l'excursion qui, hier, a conduit à Carnac la plupart des membres du Congrès, M. du Châtellier fils accorde une mention très honorable et parfaitement méritée aux explorations archéologiques et au musée de M. James Miln, que tout le monde avait vivement regretté de ne pas trouver là au milieu de ses œuvres si importantes et dont la mort est venue prématurément le séparer. En quelques mots, M. de Laurière a fait des comparaisons fort intéressantes entre le tumulus de Kercado, visité hier sur le territoire de Carnac, et celui d'Antequerra, en Espagne, dont un dessin se trouve exposé dans la salle des séances. M. Fontès, président de la Société polymathique, lit un mémoire sur la fouille exécutée au mois de mai par cette compagnie dans un petit tertre situé dans les bois du Laz, auprès de la Trinité-sur-Mer. Il y avait là une chambre rectangulaire, composée de supports encore debout et bloquée extérieurement par de grosses pierres qui donnent au monument les apparences d'une ruche renversée. La table de recouvrement avait déjà disparu. Pendant cette lecture, nous avions sous les yeux un plan du monument et une planche des objets trouvés dans cette fouille. Au nom de M. Revelière, membre de la Société polymathique, M. l'abbé Luco lit un travail fort intéressant sur la découverte, dans le Morbihan, de deux trésors considérables de monnaies romaines. Faite en 1877 sur la limite entre les communes de Marzan et du Guerno, la première trouvaille se composait de 2,200 pièces environ, toutes du plus petit module, et dont M. Rivelière a pu étudier 1666, qui lui ont permis de former une série de plus de 400 variétés, allant de Caracalla à Tétricus. Plusieurs de ces pièces, dont une liste est dressée, sont inédites ou du moins ne figurent pas dans l'ouvrage de Cohen. Le second trésor, découvert en 1879 dans la propriété du château d'Erech, en Questembert, pesait 26 kilos et comprenait environ 10,000 pièces petit module aussi, et toutes en argent ou en cuivre saucé. Avec les 1,200 que M. Revelière a examinées, il a formé une série de 191 types divers s'étendant d'Héliogabale à Gallien, et parmi lesquels plusieurs sont également inédits. A ce propos, M. Micault ajoute que, dans la commune de Plourhan (Côtes-du-Nord), il vient d'être découvert, au mois d'avril dernier, environ 51 kilos de monnaies romaines à 15 effigies différentes, depuis Valérien jusqu'à Probus, et formant une série de 339 types divers. << Il est, dit-il, à remarquer que c'est presque toujours au règne de Probus ou aux environs de cette époque que s'arrêtent les monnaies des trésors trouvés dans le même département. » Vient ensuite la lecture par M. Prulhière d'un mémoire sur l'exploration, qui se poursuit encore, d'un établissement gallo-romain, situé dans la commune de Plouay, sur les confins du Morbihan. M. Cartailhac fait un résumé d'un travail envoyé par M. Fourdrignier, qui n'a pu se rendre au Congrès. M. de Laurière lit un mémoire de M. Delort et M. Le Gall de Kerlinou, un autre sur deux sceaux bretons. Le même fait une communication sur un cabinet de travail, par M. le comte Regis de l'Estourbeillon. Dans une causerie pleine du plus vif intérêt, M. Rosenzweig rend compte de la visite faite, il y a quelques heures seulement, aux vieux murs de clôture de la ville de Vannes. Enfin, après avoir annoncé que le temps ne permet pas de lire un travail de M. Revelière sur le château de Blain, M. Palustre jette un rapide coup d'œil sur l'en semble des travaux du Congrès et se déclare heureux de proclamer que la session de Vannes est, par l'importance et la variété des questions traitées, une des plus riches qu'il ait eu à présider. Avant de clore cette séance et le Congrès, sont proclamés membres de la Société française d'archéologie: MM. l'abbé Luco et le comte Régis de l'Estourbeillon. Enfin lecture est donnée de la pièce suivante : << Par décision de son conseil administratif en séance du 3 juillet, la Société française d'archéologie a décerné: << 1° Une grande médaille de vermeil à la mémoire de James Miln, pour ses fouilles, ses publications archéologiques et le musée fondé par lui à Carnac. <<< Cette médaille est destinée à rester au Musée-Miln de Carnac. << 2° Une grande médaille de vermeil à M. Paul du Châtellier, pour ses fouilles et publications archéologiques. << Ces deux médailles sont offertes au nom de Mme de Caumont. « 3° Une grande médaille de vermeil à M. Louis Rosenzweig, pour ses publications archéologiques sur le Morbihan. << 4o Une grande médaille de vermeil à M. A. de Rochas d'Aiglun, pour ses publications sur l'architecture militaire au moyen âge. << 5° Une médaille d'argent, petit module, à M. Edmond Bassac, pour ses cartes archéologiques du Morbihan. << 6o Une médaille semblable à M. Félix Gaillard, pour ses plans des alignements de Carnac, Erdeven et Plouharnel. << 7o Une médaille semblable à M. Jabouin, sculpteur à Bordeaux, pour ses sculptures religieuses. << 8° Une médaille de bronze à M. Louis Coppée, de Carnac, pour services archéologiques rendus au regretté James Miln. << 9o Une médaille semblable à M. Louis Taupin, pour services archéologiques. >>> Le Congrès de 1882 se tiendra à Avignon. |