Pour bien mettre en lumière ces tombeaux circulaires, encore peu connus, M. l'abbé Luco annonce, en terminant, son intention de lire au Congrès deux autres mémoires inédits de M. Miln sur des monuments analogues. La séance est levée à cinq heures moins un quart. 1rC SÉANCE DU VENDREDI 1er JUILLET. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE DE DION. Siègent au bureau: MM. Palustre, Micault, de Limur et Francart. Après avoir remercié M. le directeur de la Société française d'Archéologie, président du Congrès, de lui avoir fait l'honneur de l'appeler à présider cette séance, M. de Dion fait lire le procès-verbal de la dernière réunion, dépose sur le bureau différents ouvrages offerts au Congrès et donne la parole à M. Micault, pour un rapport sur la visite du riche musée de M. de Limur. M. Micault remercie en quelques mots M. le comte de Limur de son excellent accueil; il mentionne, en passant, et la belle pendule de salon qui à elle seule est, en fait de minéralogie, une collection d'échantillons de luxe, et la chambre si complète et si finement sculptée, qu'elle mériterait bien une description spéciale; il arrive ensuite aux collections proprement dites, et propose de les diviser en trois classes: 1o Minéralogie et Géologie; — 2o Archéologie; 3o Ethnographie. 1o Minéralogie et Géologie. Faute de temps, d'une part, et de plus parce que le Congrès s'occupe d'archéologie et non de sciences naturelles, le rapport ne peut donner une description suffisante de cette splendide série. L'archéologue trouve cependant un réel intérêt dans cette visite; l'examen des collections régionales indique le lieu d'origine des matières premières dont on s'est servi aux époques historiques. On y voit de curieuses séries de jadéites, de fibrolites et de callaïs, démontrant qu'il n'est pas besoin d'aller chercher ces matériaux à l'étranger. 2o Archéologie. - M. Micault cite de nombreuses séries des types de Saint-Acheul et du Moustier, provenant notamment des vallées de la Somme, de la Seine, de l'Oise, de la Sarthe, des grottes du Moustier et de Chez-Pouré, etc. L'époque de la Magdeleine est représentée par de nombreux silex taillés et surtout par de beaux ossements ou bois de renne sculptés ou travaillés; on peut citer spécialement des harpons, des aiguilles et, par-dessus tout, deux ossements gravés qui représentent grossièrement deux animaux de l'espèce bœuf ou cerf. Beaucoup de haches polies et de nombreux instruments de Robenhausen représentent l'époque néolithique. 3o Ethnographie. - L'ethnographie trouve, chez M. de Limur, un certain nombre d'objets d'un haut intérêt, notamment une hache taillée d'Australie, un collier et des haches polies en jade de diverses formes provenant de l'Océanie, de rares flèches à pointe de pierre encore montées, l'une provenant du pays des Esquimaux, et les autres de la Terre-de-Feu.minib ol M. Micault aurait de nombreuses comparaisons à faire; mais le temps lui manque et il cède la parole, qui est ensuite donnée à M. Cartailhac, pour rendre compte de l'excursion accomplie à Gavr'inis et à Loc mariaker. M. Cartailhac rappelle l'histoire de l'invention de l'allée couverte de Gavr'inis et de la crypte enfouie sous le tumulus dit Manné-er-Roeck. Il fait remarquer tout l'intérêt des sculptures, exécutées avec des marteaux ou ciseaux en pierres sur les dalles de Gavrinis, du dolmen dit la Table-des-Marchands, sur le panneau du Manné-er-Roeck. Parmi tous ces dessins, encore et peut-être toujours inexpliqués, on voit des haches emmanchées parfaitement figurées, on ignore pourquoi. Un fait pareil se rencontre dans les grottes funéraires artificielles de la Marne, qui sont de la même époque que les monuments mégalithiques de la Bretagne, c'est-à-dire de la pierre polie. M. E. Cartailhac dit qu'on a émis le vœu de voir relever le menhir de Locmariaker, le plus grand du monde, et il constate en passant qu'on a vu, près du tombeau dit le Manné-er-Roeck, deux menhirs renversés. Mais rien ne permet d'affirmer que ce sont les constructeurs de la tombe qui ont dressé ces menhirs. 1.1 En terminant, M. Cartailhac exprime son regret de ne pouvoir pas répondre à un grand nombre de questions soulevées par l'étude de ces monuments; il faut éviter de se laisser trop entraîner par l'imagination; il faut fouiller encore, étudier toujours. A l'occasion de ce compte rendu, M. Lallemand réalise la promesse faite par lui sur les lieux de donner les dimensions et le poids du grand menhir de Locmariaker. Pour le faire, il cite le passage suivant de Cayot Delandre: << Ce menhir, le plus colossal des menhirs connus, est un géant, de 21 mètres de hauteur et de 4 mètres de largeur, renversé par la foudre ou par quelque ébranlement terrestre; il est aujourd'hui gisant sur le sol, brisé en quatre parties, séparées les unes des autres avec tant de netteté, qu'on les dirait séparées ou touchées par une lame métallique, si la chose avait été possible. Le poids de ce colossal obélisque est estimé plus de 250,000 kilogrammes, et si la chute est difficile à comprendre, les moyens qu'on a dû employer pour son érection le sont bien davantage. >>> Il ajoute que l'obélisque du Vatican ne l'emporte que de 15 pieds sur celui de Locmariaker. Les débris de ce menhir, s'ils étaient relevés, atteindraient le tiers de la hauteur des tours de Notre-Dame. (René Galles, Découverte de Manné-er-Roeck.) L'obélisque de Loucqsor n'a que 9 pieds de plus que le menhir de Locmariaker, et a absolument le même poids, 250,000 kilogrammes. Revenant aussi sur le même compte rendu, M. de Limur affirme que les sculptures dont M. Cartailhac vient de nous entretenir ont été produites avec des instruments en pierre, ce qui résulte pour lui de ce fait: c'est que, dans ces sculptures, soit en creux, soit en relief, les grains de la pierre se trouvent écrasés et non tranchés, comme l'auraient fait des instruments métalliques, et, quant à la provenance de ces énormes masses, il ajoute que, en majeure partie, sinon en totalité, tous ces mégalithes sont des blocs erratiques, ordinairement apportés d'une certaine distance. M. Rosenzweig fait remarquer que M. Louis Galles, l'un de nos regrettés collègues de la Société polymathique du Morbihan, a été des premiers, sinon le premier même, à soutenir, dans une polémique assez vive, l'opinion que les sculptures des dolmens avaient été faites à l'aide de la pierre, et que l'adoption de cette opinion par M. Cartailhac, qui a une si grande autorité en pareille matière, ne peut que réjouir les anciens collègues et amis de M. Louis Galles. M. l'abbé Luco ajoute que tel était aussi le sentiment du très regretté M. Miln, qui, dans sa récente publication sur les alignements de Kermario, a fait graver un moulage de la grande pierre de Montézuma, au Mexique, historiquement sculptée avec des instruments en pierre. La parole est ensuite donnée à M. le comte Régis de l'Estourbeillon, pour la lecture d'une communication sur le groupement des populations de l'Armorique, d'après la terminaison des noms de lieux. Si l'on jette les yeux sur une carte de Bretagne, dit M. de l'Estourbeillon, l'on y remarque ce fait que les différentes localités affectent presque toujours quatre ou cinq terminaisons particulières, et présentent ce singulier caractère de nous offrir ces terminaisons presque toujours groupées à part dans un même pays. Or, s'il est indubitable que ces différentes terminaisons sont équivalentes, et que l'on peut considérer les suffixes ec, euc, oc, ac, comme ayant tous au fond la même valeur, de même qu'en France les suffixes si variables de nos noms de localités, tels que é, ay, as, ère, court, ville, ne pourrait-on pas regarder cette application à rechercher des formes identiques dans la dénomination de leurs localités comme indiquant, pour chacune de ces régions, des populations distinctes, sinon d'origine au moins de caractère. Telle est la |