toutes, je le répète, j'ai pu voir de nom

monnaies gauloises et des pièces romaines de toutes les époques, depuis le Haut-Empire jusqu'au temps de Constantin, et même quelques féodales. Parmi les gauloises, j'ai remarqué jusqu'au Q. DOCI des Séquanais, dont, certes, le lieu d'émission était assez éloigné. Il est vrai qu'à côté de ces pièces, découvertes dans la contrée, breux représentants de la numismatique de Syracuse, de la Thrace (Lysimaque), de la Macédoine, de la Perse; plus une grande quantité de gauloises autonomes de Marseille, des Volks-Tectosages et d'autres monnaies des Haut et Bas-Empires. Parmi ces dernières, je dois au moins vous citer des aureus de Domitien (au revers anépigraphe de l'empereur à cheval, à gauche); de Valentinien (Restitutor reipublica); de Valens (même type); d'Honorius et d'Anastase (Victoria avggg.); de Gratien (Victoria avgg.); plus, beaucoup de pièces en argent ou en bronze de toutes les époques, et un certain nombre de monnaies féodales. Quelles bonnes soirées d'hiver M. P. du Châtellier se prépare pour l'époque ой ù il pourra se livrer au u classement de toutes ces pièces!... Quelle source de jouissances, quand la nature endormie ne vous en offre pas d'autres, quand la neige couvre la terre, quand le vent siffle à travers les branches des chênes dépouillées de leurs feuilles; quand surtout, au milieu de la nuit, le terrible karriguel an ancou traverse à grand fracas la clairière déserte, et que les esprits des tombeaux rêvent quelque mauvais tour à jouer au mécréant fouilleur des allées couvertes et des dolmens!... Comme je quitterais volontiers mon Dauphiné, où l'on ne croit plus à rien, pour aller, malgré les colères des courriquets, me chauffer aux grands âtres du vieux château de Kernuz qui les abritent!...

Peut-être y ferais-je quelques belles découvertes !... Mais je vous parle de découvertes, et j'oublie que M. P. du Châtellier m'en a signalé deux dans ses cartons, deux perles à ajouter à la numismatique, si riche déjà, mais encore si peu connue, de l'Armorique. J'en ai pris de bonnes empreintes, mon cher directeur, et je vous envoie les dessins que j'en ai faits et qui les reproduisent aussi fidèlement que leur état de conservation m'a permis de le faire. Ce seront deux précieuses monnaies d'or à ajouter à la publication que M. le ministre de l'instruction publique a confiée aux soins d'une commission et dont s'occupent activement MM. Chabouillet et Muret.

Voici la description de ces pièces, peut-être avec quelque hérésie de rédaction...; mais il y a tant d'incertitude encore dans la connaissance des types de ces curieuses monnaies, que mes erreurs ne peuvent m'être imputées à crime.

1.

1o Anépigraphe. Tête d'Apollon - Bélénus; devant, deux boucliers et deux bâtons de commandement en sautoir (?).

. Anepigraphe. Cheval androcéphale à droite, avec une tête symbolique au-dessus, ou plutôt une dégénérescence de l'auriga.

Cette pièce a été trouvée dans le cimetière gaulois

de Kerviltre en Saint-Jean-Trolimon (Finistère). Elle pèse 6 gr. 50 cent.

2.

2° Anépigraphe. Tête d'Ogmios (?); au-dessus, un sanglier.

. Anépigraphe. Cheval androcéphale (?) à droite et cavalier. Sous le cheval, un sanglier dans un grénetis.

Celle-ci provient du village de Kerouël-en-Penmarc'h (même département), et son poids est de 7 gr. 25 cent. Pour la première de ces pièces, vous me permettrez d'établir un rapprochement entre elle et le n° 80 de M. Hucher (1), avec lequel il me semble découvrir quelques points d'analogie. Ce dernier statère présente, en effet, devant la face, une croix (?) pommetée; et l'on y voit, en plus, un grand annelet (?), ou plutôt un bouclier chargé de deux bossages et placé sous cette croix. L'auteur donne cette pièce aux Osismiens; mais, revenant ailleurs sur le même sujet, il l'attribue à des peuples placés entre cette tribu et celle des Redons. Sans prendre parti pour une attribution assez problématique encore, vous me permettrez de vous faire remarquer les points de contact qui existent entre cette pièce et celle dont je vous offre l'image: un bouclier, dans ma pensée aventureuse peut-être, et un bâton de commandement ou une arme, posé en sautoir avec ce

(1) L'Art gaulois, 2é partie, p. 58.

bouclier, et rappelant singulièrement, par ses extrémités pommetées, la moitié de la croix de M. Hucher, croix qui pourrait bien être formée par deux de ces armes ou bâtons en sautoir. Je n'ignore pourtant point que cette croix, ou plutôt le signe X, se trouve sur quelques autres médailles gauloises, et je pousserai la sincérité jusqu'à faire remarquer que l'extrémité supérieure de mes petits bâtons est légèrement recourbée.

Quant au revers, il nous offre un type analogue sur les deux pièces, mais représenté à droite sur la nôtre, à gauche sur celle que je lui ai opposée.

Pour le deuxième des statères de M. du Châtellier, je n'ai qu'à vous faire remarquer aussi les analogies qui le rapprochent de celui que l'Art gaulois a reproduit dans sa première partie, sur les planches VI (no 2), IX (n° 1), XXXVII (n° 2), XLII (n° 1), ce dernier porte également le sanglier sous le cheval du revers, - LXV (no 2), et LXXXIX (n° 2); ainsi que dans sa deuxième partie, no 3, 22, 47, 83, 154 et 219.

On a voulu voir, dans ces diverses pièces, des représentants de la numismatique des Aulerces Génomans et Pictons, des Redons ou des Namnètes, des Baiocasses et des Osismiens... Ces noms font bien dans le paysage... pour le moment; mais le dernier mot n'est pas encore dit, et m'est avis qu'il ne faut pas se montrer trop pressé et que l'on doit encore patienter. Ce n'est pas tout de s'inscrire le premier... Il vaut mieux tâcher de ne pas s'exposer à une chute trop lourde. En l'état de la science, on en est encore aux conjectures; et, pour mon humble personne, j'avoue sans fausse honte qu'elle n'est nullement autorisée à les remplacer par des réalités.

T

Voilà, mon cher confrère et ami, tout ce que je puis

vous dire en réponse à votre si bienveillante confiance en mes lumières au sujet des collections de Vannes et de M. Paul du Châtellier.

Agréez, etc.

Grenoble, 10 août 1881.

G. VALLIER.

P.-S.

Les post-scriptum sont parfois fort commodes, en cela qu'ils vous évitent la peine de refondre, quand il y a lieu, une partie de ce que vous avez écrit précédemment. Permettez-moi donc, mon cher confrère, d'user de cette faculté, si j'arrive encore à temps pour en invoquer le bénéfice.

હૈ

Je reçois une lettre de M. du Châtellier. Cet honorable correspondant m'apprend qu'il possède dix mon+ naies gauloises inédites, provenant des fouilles de Tronoën en Saint-Jean-Trolimon, et m'envoie les empreintes de quatre de ces pièces, parmi lesquelles j'en choisis deux pour les joindre à celles que j'ai précédemment décrites dans ma lettre. J'ai pensé également vous être agréable, tout en faisant ainsi connaître ces nouvelles pièces. Il paraît que l'oppidum de Tronoën est une véritable carrière numismatique, et je félicite notre aimable confrère du Finistère de la bonne fortune qui lui incombe.

1. Anépigraphe. Tête d'Ogmios (?) à droite.

R. Anépigraphe. Cheval à crinière perlée, galopant